Julius Maada Bio, président de la République de Sierra Léone, a achevé, ce jeudi 4 janvier 2024, une visite officielle de trois jours en Algérie. Alger et Freetown entendent insuffler une « nouvelle dynamique » à leur coopération bilatérale.
« Les deux présidents ont passé en revue l’état des relations de coopération entre les deux pays frères dans les domaines politique, diplomatique, sécuritaire, militaire, économique, social et culturel, et examiné les voies et moyens à même de les renforcer davantage au mieux des intérêts des deux peuples frères. Ils ont aussi abordé les questions africaines et internationales d’actualité », est-il précisé dans le communiqué conjoint, publié, ce jeudi 4 janvier, et repris par l’agence APS.
« Nous nous sommes entendus à consolider la coopération et l’échange d’expériences dans plusieurs domaines dont l’énergie, le commerce, l’agriculture, l’industrie agro-alimentaire, l’enseignement supérieur, la formation professionnelle et la pêche halieutique. Il s’agit d’élever le niveau des échanges commerciaux avec la création d’un Conseil d’affaires mixte. C’est une étape concrète à même d’ouvrir les ponts de la coopération entre les opérateurs économiques », a déclaré, mercredi 3 janvier, le président Abdelmadjid Tebboune, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue sierra léonais.
Il a évoqué la nécessité d’élaborer « un partenariat constructif » servant les intérêts des deux pays.
Cette visite a coïncidé avec le début par les deux pays de leur mandat de membres non permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies pour la période 2024-2025.
« Nous avons discuté des voies pour coordonner les points de vue et les positions sur la question de la sécurité au niveau international et continental au niveau du Conseil de sécurité. Il s’agit aussi d’approfondir les concertations sur plusieurs questions africaines surtout la situation au Sahel, en Afrique de l’Ouest. Nous nous sommes entendus sur l’importance de l’action commune et de la coordination au sein de l’Union africaine pour contribuer à consolider la paix et la sécurité dans notre continent et régler nos conflits au niveau africain » a souligné le chef de l’Etat algérien.
« Lever l’injustice historique imposée à notre continent africain »
Et d’ajouter : » il s’agit aussi d’œuvrer à lever l’injustice historique imposée à notre continent africain en ouvrant à une représentation équitable de l’Afrique (au sein de l’ONU). Et là je salue le rôle joué par le président Julius Maada Bio au sein du comité des dix (C10, Comité des dix chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union africaine sur la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU) « .
Tebboune a indiqué que l’Algérie et la Sierra Léone « œuvreront de concert pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, dans le respect des principes de la charte des Nations unies et des règles du droit international ».
« Les deux pays continueront d’interpeller la communauté internationale, notamment le Conseil de sécurité, sur l’obligation d’assumer ses responsabilités historique, légale et morale vis-à-vis du peuple palestinien qui souffre de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’Humanité, notamment à Ghaza, au vu et au su d’un monde impuissant et incapable de mettre un terme à l’occupation sioniste. Nos deux pays poursuivront leurs actions dans le sens d’une solution juste et durable à la question sahraouie, conformément aux décisions du Conseil de sécurité et de la légalité internationale », a souligné le chef d’Etat.
Le président de Sierra-Léone a, pour sa part, relevé l’existence d’une convergence des positions entre les deux pays « sur les exactions que subit le peuple palestinien et sur le règlement de la question du Sahara occidental dans le cadre des chartes internationales ». Les deux présidents ont plaidé pour une réforme profonde de l’ONU et réaffirmé leur engagement vis-à-vis du Consensus d’Ezulwini et d’une participation plus dynamique et plus large des pays africains à la prise de décision au sein de cette organisation. Le Consensus d’Ezulwini évoque un Conseil de sécurité « plus représentatif et démocratique », au sein duquel l’Afrique, « comme toutes les autres régions du monde » (l’Amérique du Sud notamment), est représentée.
« Concernant la situation générale en Sierra Leone, le président Bio a évoqué l’évolution de la situation sociale, politique et sécuritaire dans le pays, marquée par la consolidation progressive de la sécurité et de la stabilité socio-économique, notamment grâce à la mise en œuvre du Plan national de développement à moyen terme ( 2019-2023). Il a exprimé sa profonde appréciation de la contribution de l’Algérie au rétablissement de la paix et à la consolidation de la réconciliation nationale en Sierra Leone, en coordination avec la présidence togolaise de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), suite à la grave crise interne qu’a connue le pays de mars 1991 à janvier 2002 », est-il noté dans le communiqué conjoint.
« Des solutions politiques africaines aux crises au Sahel »
Selon la même source, les deux présidents ont instruit leurs deux ministres des Affaires étrangères respectifs « à l’effet d’engager les préparatifs en prévision de l’ouverture, dans les plus brefs délais, de deux ambassades à Freetown et à Alger ».
Il est question aussi de réactivation des mécanismes de coopération bilatérale, notamment la commission mixte et les concertations politiques.
« Le président Bio a salué l’efficacité des mesures diplomatiques initiées et mises en œuvre par le président Tebboune en faveur de la paix, de la sécurité, de la stabilité et du développement, aux niveaux régional et continental. Il a salué, tout particulièrement, les efforts du Président Tebboune pour trouver des solutions politiques africaines aux crises au Sahel, ainsi que le rejet total des interventions étrangères et extraterritoriales, y compris militaires. Les deux présidents ont affirmé leur engagement à œuvrer de concert pour promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité dans la région du Sahel, le président Bio étant l’un des représentants de la CEDEAO, aux côtés du président de la République Togolaise, dans le cadre de ses démarches de négociations avec le Conseil national pour la sauvegarde de la Patrie (CNSP) au Niger », est-il encore mentionné dans le communiqué commun.
Les deux présidents ont, selon le même document, réitéré leur appel à une transition pacifique dans les pays africains connaissant des crises d’ordre constitutionnel. « Dans le même sillage, ils ont appelé l’ensemble des parties à prendre davantage de mesures coordonnées entre les Etats membres des différentes organisations régionales et africaines, l’objectif étant de rapprocher les actions afin d’obtenir des résultats positifs et constructifs pour les processus démocratiques en cours dans ces pays. A cet effet, le Président Tebboune a réaffirmé son engagement à œuvrer à l’instauration de la paix, de la sécurité et de la bonne gouvernance en Afrique durant son prochain mandat où il assurera la présidence tournante du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) relevant de l’Union africaine, à partir de février 2024 », est écrit dans le même communiqué.
« Ferme condamnation du terrorisme, sous toutes ses formes »
Les deux chefs d’Etat, d’après ce document, se sont félicités du progrès enregistré en matière de mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), « visant l’intégration des marchés africains et la contribution, de manière efficace, à la transition économique en Afrique ».
« Les deux présidents ont exprimé leur préoccupation quant à la persistance des foyers de tension dans certaines régions du continent, lesquels influent négativement sur le processus de développement et d’intégration économique, saluant le rôle de l’Union africaine dans le règlement des conflits en Afrique. Ils ont réaffirmé leur ferme condamnation du terrorisme, sous toutes ses formes et manifestations, et convenu de consentir davantage d’efforts dans leurs domaines d’appartenance communs, en vue d’éradiquer ce fléau et ses ramifications, y compris le radicalisme, l’extrémisme violent, le crime organisé transfrontalier, le trafic de drogue et les réseaux de traite d’êtres humains qui continuent à saper les efforts d’instauration de la stabilité et du développement dans les pays africains. Ils ont, également, souligné la nécessité d’établir une coopération étroite et régulière entre les pays concernés », est-il encore souligné.