L’Algérie et le Nigéria ont réitéré leurs engagements à réaliser plusieurs projets structurants à l’occasion de la tenue à Alger de la 3ème session des consultations politiques algéro-nigérianes.
Tenue le dimanche 5 décembre, la session a été co-présidée par Rachid Chakib Kaid, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger et son homologue du Nigéria, Gabriel Tanimu Aduda.
« Cette session de consultations politiques a permis aux deux secrétaires généraux de passer en revue les relations bilatérales dans les domaines politique et économique et de réitérer l’engagement des deux pays à concrétiser les actions communes inscrites dans la feuille de route, signée entre les deux ministres des Affaires étrangères, à Alger, en octobre 2018, à l’occasion de la tenue de la 4ème session de la Haute Commission Bilatérale de Coopération (HCBC) », précise le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
Les deux parties sont convenues de consolider la coopération bilatérale, notamment dans les domaines de la sécurité, de l’énergie, du commerce et de l’enseignement supérieur.
« Les deux parties ont réitéré leur ferme engagement à réaliser les projets structurants initiés, notamment : le Gazoduc Alger-Lagos, la route transsaharienne et la dorsale à fibre optique », est-il ajouté.
Le gaz nigérian vers l’Europe à travers l’Algérie
En septembre 2021, Timipre Sylva, ministre du pétrole du Nigeria, a annoncé le lancement de la construction du gazoduc transsaharien (TSGP) pour transporter le gaz nigérian vers l’Algérie, qui à son tour l’exporte vers l’Europe.
Selon lui, le Nigeria a pu, lors des opérations de prospection, explorer 256 milliards de mètres cubes de gaz.
Toufik Hakkar, PDG de Sonatrach, a, pour sa part, déclaré que l’étude de faisabilité du projet du gazoduc reliant le Nigeria à l’Europe à travers l’Algérie et le Niger, était terminée et soumise aux entreprises des deux pays africains concernés.
L’étude concerne notamment la demande sur le gaz et sur le prix. Il a précisé que le prix du gaz est passé de 10 dollars l’unité calorique il y a 10 ans à moins d’un dollar fin 2020.
30 milliards mètre cube de gaz naturel par an
« Nous accordons un intérêt particulier à la concrétisation rapide de cet important projet qui donnera un nouvel élan aux relations entre nos deux pays, en termes de coopération technique et de renforcement des capacités », a soutenu, de son côté, Mohamed Arkab, ministre de l’Energie et des Mines.
Alger souhaite que le Nigéria ratifie l’accord intergouvernemental relatif au projet TSGP signé à Abuja en 2009. Un projet inscrit au programme du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).
Selon Mohammed Mabdul, ambassadeur du Nigeria à Alger, le Nigeria pourrait fournir à travers ce gazoduc 30 milliards mètre cube de gaz naturel par an.
« C’est un projet important qui générerait beaucoup d’argent à la fois pour le Nigeria et les autres pays qui y participent », a-t-il déclaré dans un entretien à la presse en évoquant les capacités de l’Algérie en matière de transport et de liquéfaction du gaz naturel.
La Dorsale transsaharienne à fibre optique pour améliorer le connexion internet
Les réserves de gaz naturel du Nigéria sont estimées à plus de 5 300 milliards de mètres cubes, se situant au 7ème rang mondial et au premier rang en Afrique.
Autre projet d’importance : Le Projet multinational de la Dorsale Transsaharienne à fibre optique (DTS) qui vise à réaliser l’interconnexion entre le Niger, l’Algérie, le Nigéria et le Tchad à travers un linéaire à fibre optique.
Ce projet s’inscrit dans le prolongement de la Route Transsaharienne dans le but de connecter toutes les concentrations de populations, sur son trajet, par voies routières aux autres régions des pays traversés et, au-delà, au monde.
Il s’agit de renforcer la connectivité internet entre l’Afrique et l’Europe également. La dorsale en fibre optique Alger-Abuja est d’une longueur de 4.350 km, dont 2.650 km traversant l’Algérie. En 2019, l’Algérie a annoncé avoir achevé les travaux du projet de fibre optique reliant Alger aux frontières du sud avec le Niger.
90 % de la route transsaharienne achevés
Pour rappel, la route transsaharienne est longue d’environ 9900 km. Selon Mohamed Seghir Ayadi, secrétaire général du Comité de liaison de la route transsaharienne (CLRT), les travaux de ce projet ont été achevés à 90 %.
Il a précisé que les six pays membres (Algérie, Tunisie, Nigéria, Mali, Niger, Tchad) représentent 27% du PIB du continent et 25% de sa population. En mai 2021, Kamel Nasri, ministre des Travaux publics et des Transports, a annoncé que l’Algérie a consacré près de 2,6 milliards de dollars à ce projet. Les axes et branches de la Transsaharienne sont : Alger-Lagos, Tunis-Ghardaïa, Silet-Bamako, Gao-Niamey, Zinder-N’djamena.
Le réseau de la Transsaharienne est connecté directement à grands ports (Alger-Tunis-Lagos). Et, il sera avec deux autres ports en eaux profondes en Algérie (El-Hamdania) et en Tunisie (Gabès).
Sur le plan politique, Rachid Chakib Kaid et Gabriel Tanimu Aduda ont procédé à un échange sur les questions régionales et internationales d’intérêt commun, notamment la situation au Mali, au Sahel, en Libye, au Sahara Occidental, « ainsi que la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et l’immigration clandestine ».
« Les deux parties se sont félicitées de la convergence de vues sur l’ensemble des questions abordées », est-il souligné