L’Algérie a récupéré aujourd’hui 24 crânes de combattants algériens tués au 19e siècle lors de la colonisation française, a annoncé ce 02 juillet le chef de l’Etat lors de la cérémonie cérémonie de remise des grades militaires tenue ce matin au Palais du Peuple.
« D’ici quelques heures, des avions militaires algériens en provenance de France vont se poser à l’aéroport international Houari Boumediène avec les dépouilles de 24 chefs de la Résistance populaire et de leurs compagnons », a indiqué le chef de l’Etat en marge de la cérémonie militaire.
Il s’agit, indique M Tebboune, « des dépouilles de 24 chefs de la Résistance populaire qui ont été privés de leur droit naturel et humain d’être enterrés depuis plus de 170 ans ».
Les restes mortuaires, qui était au musée de l’Homme de Paris, étaient objet de tractation depuis 2016. L’Algérie avait alors introduit une demande auprès des autorités françaises pour leur restitution. Il s’agit de 36 crânes secs pour la plupart, appartennant, entre autres, à Mohamed Lamjad Ben Abdelmalek, dit Cherif « Boubaghla », Cheikh Bouziane, chef de la révolte des Zaâtchas (région de Biskra en 1849), Moussa El-Derkaoui et Si Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui. La tête momifiée d’Aïssa El-Hamadi, qui fut le lieutenant de Cherif Boubaghla, figure parmi ces restes mortuaires, de même que le moulage intégral de la tête de Mohamed Ben-Allel Ben Embarek, lieutenant de l’Emir Abdelkader.
Parmi les crânes restitués aujourd’hui, figure notamment celui de cheikh Bouziane, le chef de la révolte de Zaâtcha en 1849. Il avait été fusillé puis décapité par l’armée d’occupation. Sont également cités les noms de Bou Amar Ben Kedida et Si Mokhtar Ben Kouider Al Titraoui, tous s’étaient opposés militairement à l’occupant français.
Ces restes mortuaires étaient étaient conservés dans les collections du Muséum national d’histoire naturelle à Paris. Lors d’une visite à Alger le 6 décembre 2017, le président français Emmanuel Macron s’était engagé à restituer les restes humains algériens stockés au Musée de l’Homme, l’un des sites du Muséum.
Dans une interview à l’APS, en avril 2018, le chercheur algérien Ali Farid Belkadi, à l’origine de la découverte au Musée de l’Homme de Paris des crânes des résistants algériens, avait indiqué, rappelle-t-on, que parmi les 536 restes mortuaires d’Algériens recensés, il y a 70 crânes appartenant aux résistants de Zaâtcha (Biskra).
« Les 70 crânes de Biskra, sont bel et bien ceux de résistants de Zaâtcha, qui furent décapités à la fin du siège de l’oasis par les soldats du corps expéditionnaire français », avait précisé ce chercheur en histoire et anthropologie, soulignant que certains ossements concernent la préhistoire.
« La présence de ces crânes et de divers ossements en provenance d’Algérie est bel et bien établie et vérifiée dans la base de données du musée où figurent les « spécimens » informatisés et non l’intégralité des collections qui restent encore à repérer et à cataloguer », avait-il ajouté.
[…] « Nous avons récupéré 24 crânes de nos martyrs, mais il reste plus d’une centaine autres. On doit continuer. Il y a des archives à récupérer. Et, il y a des crimes qui doivent être reconnus », a-t-il rajouté, dimanche 20 septembre, lors d’un entretien avec les rédacteurs en chef d’El Khabar et du Soir d’Algérie, diffusé par l’ENTV et les chaînes de télévision privée. […]