Le prochain sommet arabe, prévu en mars 2022 à Alger, est la cible d’attaques pour le faire échouer, selon Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger.
« Il y a ceux qui travaillent à saper le prochain sommet arabe. S’ils échouent, ils rendront la représentation médiocre. Il n’y a plus de masques. Tout le monde est retourné dans son camp où il travaille. Mais nous allons œuvrer à rassembler les Arabes autour de dénominateurs communs sur lesquels nous sommes d’accord », a déclaré Ramtane Lamamra, lors d’une entrevue accordée au journal arabe Al Quds Al Arabi qui est basé à Londres.
L’Algérie, selon lui, a plus de crédibilité auprès des peuples arabes que les promoteurs de la théorie consistant à dire que chaque pays traite ses problèmes comme il l’entend, loin de toute concertation collective, « comme l’ont fait les pays ayant normalisé leurs relations avec Israël comme le Maroc, le Soudan et les Emirats Arabes Unis ». « C’est-à-dire qu’ils mettent leurs intérêts avant tout. L’Algérie est restée sur une position équilibrée pour la paix avec Israël. Nous pensons qu’une paix raisonnable, au moins, doit être basée sur l’Initiative de paix arabe, le principe de la terre contre la paix et la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale », a-t-il précisé.
Relance de l’Initiative de paix arabe de Beyrouth
Au sommet arabe d’Alger, l’Algérie entend relancer l’Initiative de paix arabe proposée lors du sommet de la Ligue arabe à Beyrouth en mars 2002 par le roi saoudien Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud(décédé en 2015).
Il s’agit d’exiger un retrait total des Territoires occupés par Israël y compris le Golan syrien et une partie du sud liban. Il est demandé à Tel Aviv l’acceptation de la création d’un État palestinien « indépendant et souverain sur les territoires palestiniens occupés depuis le 4 juin 1967 en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza, avec Jérusalem-Est pour capitale ».
Il est proposé dans cette initiative l’élaboration « d’une solution juste » au problème des réfugiés palestiniens conformément à la résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations Unies de décembre 1948.
Visite du président palestinien Mahmoud Abbas en Algérie
« L’Assemblée générale de l’ONU décide qu’il y’a lieu de permettre aux réfugiés (palestiniens) qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé… », est-il précisé dans cette résolution .
Les pays arabes se sont engagés, dans le cas où Israël accepte ces conditions, d’établir la paix avec Tel Aviv et considèrent le conflit arabo-israélien comme terminé.
Le chef de la diplomatie algérienne a annoncé la visite du président palestinien Mahmoud Abbas avant la fin de l’année 2021 en Algérie. « Une occasion de confirmer nos positions historiques en faveur de la cause palestinienne », a-t-il noté. La dernière visite de Mahmoud Abbas en Algérie remonte à 2014.
« Une guerre totale est menée contre nous »
« La relation du Maroc avec Israël, et son impact sur la question du Sahara et la relation d’Israël avec la cause palestinienne à la lumière de la normalisation arabe, façonneront le nouveau monde arabe. Et si l’Algérie est assiégée et que sa sécurité intérieure est déstabilisée, ceux qui normalisent et ceux qui attendent à la gare le train de la normalisation se feront un plaisir de lever l’obstacle Algérie, qui refuse par principe la normalisation (avec Israël) », a estimé Ramtane Lamamra.
Et d’ajouter : « Contrairement à ce qui s’est passé en 1975, qui visait le régime, ils visent maintenant l’Algérie en tant que nation, en tant qu’unité nationale, souveraineté, indépendance nationale et intégrité territoriale. Maintenant, les choses sont plus dangereuses. Nous sentons qu’une guerre totale est menée contre nous. Toutes les mesures que nous avons prises sont des mesures défensives pour maintenir la sécurité de notre patrie ».
« Nous permettrons à personne de nous utiliser pour ses intérêts »
Il existe, selon lui, une propagande qui essaie de porter atteinte à l’image de l’Algérie. « Bien que l’Algérie soit le plus grand pays d’Afrique et que ses potentiels soient énormes en termes de pétrole, de gaz et d’autres ressources, en plus de de 43 millions Algériens travaillant à la renaissance de leur pays, l’unité interne est plus forte que jamais, mais la propagande continue de déformer l’image de l’Algérie. Il y a même ceux qui ont des lobbies étrangers en France et en Amérique pour déformer l’image de l’Algérie et blanchir celle du Maroc, mais nous n’accordons pas de l’importance à cette propagande, car nous avons d’autres choses à faire ».
Ramtane Lamamra a souligné que l’Algérie était attachée à son indépendance. « Nous ne permettrons à personne de nous utiliser pour ses intérêts. Nous sommes un pays qui a des principes. Nous ne prenons pas de mesures réactives. La protection de notre sécurité nationale est une priorité. La rupture des relations diplomatiques avec le Maroc et l’arrêt du passage du gaz par ce pays vont dans ce sens. Ces positions ont le soutien global du peuple algérien car il sait que l’Algérie est visée », a-t-il dit.
Et de poursuivre : « L’ensemble du peuple algérien soutient les droits des peuples à l’autodétermination, en particulier les peuples palestinien et sahraoui ».