A Ghaza, une “trêve” se déroule, dans ce qui n’est pas une guerre, mais un permis de génocide accordé par l’Occident pour préserver son hégémonie sur le monde. Un processus de fascisation est en marche, encouragé par l’Occident politique et qui, partout, suscite une résistance inhabituelle. Une résistance que des hommes, comme Mélenchon, assument avec courage malgré les lapidations quotidiennes auxquelles ils sont soumis. Ghaza, la résistante, la martyre, est un grand révélateur.
Les jeunes ne le savent peut-être pas, mais il fut un temps où la Suède a fait rêver dans le grand sud. Ce rêve avait un nom: Olof Palme. Outre l’Etat-providence que le néo-libéralisme s’acharne à démanteler, Olof a fait d’une Suède, faussement neutre, un pays qui s’engage pour la décolonisation, le désarmement, qui combat l’apartheid et la guerre au Vietnam et soutient les contestataires des dictatures en Amérique Latine. Il y a un jardin Olof Palme au Paradou, à Alger, qui nous rappelle qu’effectivement il y a eu, durant la période de l’ancien Premier ministre suédois, assassiné le 28 février 2000, une Suède qui désertait le “camp du bien” autoproclamé et se situait, concrètement, du côté de la justice, des droits de tous les hommes et des droits des peuples. 23 ans après, pour ceux qui ont vécu cette lointaine période, la Suède est méconnaissable. On y voit à l’œuvre, ce processus de fascisation qui parcourt un Occident dont la suprématie et l’hégémonie sont de plus en plus contestées et qui, à défaut d’accepter les nouvelles réalités et de renégocier l’ordre du monde, menace de tout casser.
Aujourd’hui, la Suède, où l’extrême-droite est en phase ascendante, est clairement dans le camp de ceux qui infligent la mort aux bébés et aux femmes de Ghaza. Israël a “le droit” de tuer. On y ajoute, sans y croire un seul instant, dans “le respect du droit international”. Mais voilà, il y a ce “lapsus” sur le droit d’Israël de commettre un génocide. Le Premier ministre suédois, conservateur, Ulf Kristersson, l’a bien dit. Cela a fait des vagues lors de la réunion publique qu’il tenait à Göteborg, « Israël a-t-il le droit au génocide ? ». Pour les autorités suédoises, la langue du premier ministre a “fourché”, et elles dénoncent une campagne de “désinformation” contre la Suède.
Ce cher Sigmund
Mais les mots ont un sens. Le footballeur algérien Youcef Atal qui partage une vidéo, sans avoir vraiment écouté le contenu, se retrouve mis en garde à vue et placé sous contrôle judiciaire. Les mots de compassion de Karim Benzema pour les femmes et les enfants du Ghaza, ont suscité une terrible cabale médiatique lancée par le ministre de l’intérieur et relayée par toute la fachosphère de France et de Navarre. Benzema n’a commis aucun lapsus, il a exprimé clairement, sans insulter personne, sa compassion pour les enfants qui se font tuer. Dans ce contexte de haine où l’assassinat des enfants palestiniens est jugée “moins grave” quasiment un “geste d’humanité” car exécuté par “l’armée la plus morale du monde”, le Premier ministre suédois peut-il croire qu’un lapsus aussi barbare ne soit pas “révélateur”. Freud, esprit occidental par excellence, nous a expliqué qu’il n’existe pas de lapsus anodin et qu’il est toujours une manifestation de l’inconscient, une libération incontrôlée d’une pensée latente que la conscience – disons ici le “politiquement correct” – a tendance à réprimer. Et le génocide, l’Occident en est orfèvre. Du génocide des indiens des Amériques à ceux des peuples aborigènes et des massacres en Afrique – tous encore faiblement renseignés et dont l’enseignement est combattu sous le détournement du sens du “woke -, l’Occident a une expertise sans pareille. Pourquoi ont-ils commis des génocides? Bien sûr, pour l’appât du gain( l’or qui rendait fou de sang les conquistadores) et des terres dont il faut déposséder les “indigènes” en les éliminant par le feu et les maladies. Mais cela ne suffit pas.
De la justification du génocide
Le génocide est commis parce que ceux qui le font pensent qu’ils “peuvent le faire” sans aucun problème. C’est le fonctionnement même du psychopathe: il tue tout simplement parce qu’il peut le faire et qu’il n’y a aucune digue morale pour l’arrêter. C’est exactement le sens caché que l’Occident officiel – pas celui des peuples dont une partie est ouvertement en contestation contre l’entreprise génocidaire qui se mène à Ghaza – donne à la formule “Israël a le droit de se défendre”. On omet, bien sûr, de relever qu’Israël est un occupant et que le droit international reconnaît aux peuples le droit de résister. La situation s’est exprimée de manière caricaturale sur la chaîne Al Jazeera, où Josep Borrell, délégué européen aux affaires étrangères, décrète de manière tranchante que l’action du Hamas était un “crime de guerre” et qui répond qu’il n’est pas un “avocat” quand on lui pose la question de savoir si les massacres menées par l’armée israélienne sont un crime de guerre. Le double standard qui s’exprime, sans lapsus, en cash.
En Angleterre, le leader du parti travailliste, Keir Starmer, qui a mené une chasse aux sorcières contre les militants jugés pro-palestiniens, a poussé l’outrecuidance jusqu’à dire qu’Israël à le droit de priver les gens de Ghaza d’eau, de nourriture et des médicaments. Cash aussi. Devant, la montée des indignations, il a fait un rétropédalage qui ne convainc personne. Ne parlons pas des médias français…
Des Etats-Unis à Londres en passant par Jean-Luc Mélenchon, l’esprit de résistance
Oui, l’Occident est dans un processus de fascisation face à un monde qui entend renégocier l’ordre international mis en place après la deuxième guerre mondiale. Cette renégociation, l’empire US ne la veut pas, l’Europe vassale le suit. On entre dans des logiques de guerre sans fin. Ce qui se passe en Palestine est un message de sang que l’Occident envoie, sur le corps des enfants palestiniens martyrisés, : nous mettrons la planète à feu et à sang pour préserver notre hégémonie.
Mais il y a Occident et Occident. Face à l’expression décomplexée des justificateurs des génocides, il y a des gens qui manifestent et s’opposent. Aux Etats-Unis, malgré l’extrême puissance du lobby israélien, des américains manifestent contre les carnages infligés aux civils à Ghaza. Les universités bougent, car les étudiants s’informent et savent détricoter les récits répercutés par le locataire de la maison blanche qui se dit ému par la mort des enfants palestiniens mais donne des armes à Israël, avec en plus du personnel américain participant directement au cabinet de guerre. En Angleterre, malgré l’unanimité des conservateurs et du Labour pour soutenir Israël, la population manifeste massivement contre les carnages. En France, où les autorités ont mené une intense politique d’étouffement de toute expression de soutien aux Palestiniens, il y a de la résistance. Qu’incarne avec un grand courage, Jean-Luc Mélenchon, traîné dans la boue, insulté quotidiennement dans pratiquement tous les médias, car il a refusé de s’insérer dans l’inversion de la vérité et de la justice. Le processus de fascisation de l’Occident est en marche, mais il y a de la résistance. Le caractère odieux et répugnant du permis de tuer occidental accordé à Israël éveille beaucoup de gens à cette réalité. Dans le vrai sens du mot Woke, éveillé. Ne pas regarder ailleurs alors que la peste brune, celle qui s’affuble du drapeau de la civilisation, dont le lit est fait par ceux qui – à l’image de Borrel encore lui – se pensent comme “un jardin” entouré par un reste du monde qui serait une “jungle”. Bien sûr, M.Borrel nous jure qu’on a l’esprit mal tourné et qu’il ne voulait pas dire ce que presque tout le monde a compris. Un autre “lapsus”.