Le 5 juillet 1962 – 132 ans jour pour jour après la prise d’Alger par le Corps expéditionnaire français – le peuple algérien sort dans la rue fêter dans l’allégresse la fin de la servitude coloniale.
C’est l’Aïd. Les jeunes scouts dont la majorité a grandi dans la guerre chantent Mawtini (Ma Patrie) sous les oriflammes.
Des milliers de drapeaux vert et blanc, frappés de l’étoile et du croissant rouge, sont déployés au vent de la liberté.
Des milliers de poitrines poussent le cri de Yahia el Istiqlal, cette indépendance acquise au prix du sang et des larmes.
Le 5 juillet 1962, cent trente deux ans d’humiliations passés. 132 ans de pillages et de rapines. 132 ans de famines organisées, de maladies et de misère pour les «indigènes».
132 ans jalonnés d’actes génocidaires commis par les troupes coloniales du sinistre Général Bugeaud et ses émules.
Le 5 juillet 1962 a sonné la fin de la loi du plus fort, la fin de la ségrégation raciale.
On chante la fin d’un régime exécrable, mais une pensée va à ceux qui ne sont pas revenus de la longue guerre de l’indépendance. Aux milliers de disparus. Aux morts sans sépulture.
Un lourd tribut a été payé. Un million cinq cent mille Algériens et Algériennes tués, des centaines de milliers d’invalides, de veuves, d’orphelins, plus de deux millions cinq cent mille montagnards déracinés, des milliers de hameaux rasés.
Quelques jours à peine après la fête, une lutte fratricide pour le pouvoir éclate, sous-tendue par des orientations politico-idéologiques opposées, qui se révéleront par la suite. Heureusement, le peuple algérien, qui n’a pas encore pansé ses blessures, sort dans la rue, un 31 août 1962, et crie Saba snin baraket ! (sept ans ça suffit !). Combattons la misère ! Nous voulons vivre !C’était il y a 58 ans.