Les théâtres régionaux vont être transformés en théâtre de la ville. Un projet de loi est en phase de finalisation au ministère de la Culture.
Ce projet de la loi fondamentale va modifier le statut des 18 théâtres régionaux en théâtres de la ville. Cela implique une application stricte des contrats de performance signés par les directeurs de ces établissements culturels publics et une modification des comités artistiques de ces théâtres qui ont habituellement la charge de choisir les textes à monter sur scène.
Par le passé, beaucoup de metteurs en scène et de dramaturges s’étaient plaints des choix faits par ces comités « dans l’opacité et sans indication des paramètres retenus ». Le statut théâtre de la ville oblige les établissements à recourir à la billeterie pour financer les spectacles et assurer les salaires des artistes, des techniciens et des administratifs. L’exploitation lucrative de tous les espaces (halls, salles, etc) sera autorisée.
« Un théâtre de la ville plus ouvert à la formation »
En juillet 2020, le dramaturge et journaliste Hmida Layachi a expliqué à 24 H Algérie l’objectif derrière le changement de statut des théâtres régionaux. Le théâtre de la ville peut bénéficier, selon lui, de partenariat entre les ministères de la Culture, de l’Intérieur et de l’Education. « Il deviendra un centre de rayonnement pour le spectacle vivant. Un travail sera mené aussi sur les archives au niveau de chaque théâtre.
Aujourd’hui, on peut dire que la mémoire théâtrale est presque absente dans ces espaces. A travers le potentiel culturel de la ville où il se trouve, chaque théâtre aura une spécificité. Un théâtre sera plus ouvert à la formation en devenant un centre dramatique, un autre sera destiné au répertoire, etc », a-t-il détaillé.
Conseiller de la ministre de la Culture, Malika Bendouda, Hmida Layachi a été chargé de diriger l’atelier sur la réforme du théâtre en Algérie. Le rapport de ce comité, constitué de professionnels du quatrième art et d’universitaires, devrait être rendu public bientôt.
« Une gestion contrôlée »
Début décembre 2020, huit théâtres régionaux ont signé un contrat de performance en prélude au changement de statut. Il s’agit des théâtres d’Oran, de Mostaganem, de Biskra, de Sidi Bel Abbes, de Säida, d’Oum El Bouaghi, de Tizi Ouzou et d’El Eulma. Le Théâtre national Mahieddine Bachtarzi d’Alger (TNA) est également concerné par la signature de ce contrat.
« Avec le contrat de performance, le gestionnaire culturel est mis devant des obligations. Sa gestion sera contrôlée d’une manière périodique. Il doit faire preuve au préalable de compétence », a souligné la ministre de la Culture. L’idée retenue est de rentabiliser et optimiser « les potentialités du réseau d’infrastructures liées à la diffusion culturelle ».
En termes plus simples, les théâtres doivent produire, faire entrer de l’argent et ne plus compter totalement sur le budget de l’Etat. Ces dernières années, les affectations budgétaires des théâtres publics ont baissé de plus de 50 %.
Création d’un théâtre régional à Béchar
Par ailleurs, la ville Béchar, dans le sud-ouest de l’Algérie, aura son théâtre régional. Il sera le premier dans la région sud du pays. Les professionnels du théâtre, notamment à Adrar, Béchar, Ouargla et Tamanrasset, n’ont pas cessé de réclamer l’ouverture de théâtres dans ces villes privées d’activités culturelles et peu dotées d’espaces artistiques. La création juridique du théâtre régional de Bechar est en cours.
Par ailleurs, le ministère de la Culture a procédé ces dernières semaines à la nomination de plusieurs nouveaux directeurs au niveau des théâtres régionaux.
Il s’agit, entre autres, du metteur en scène Haidar Benhassine nommé à Béjaia, du critique Nacer Khellaf à Djelfa, du metteur en scène et comédien Sofiane Attia à Skikda, du comédien et metteur en scène Mohamed Abbas Islam à Souk Ahras et de l’écrivain Abdallah El Hamel à Mascara.