Le 27ème Salon international du livre d’Alger (SILA) se poursuit jusqu’au 16 novembre 2024 au Palais des expositions des Pins maritimes, à l’Est de la capitale. Le romancier saoudien Oussamah Al Muslim, le penseur qatari Nayef Bin Nahar et l’auteure égyptienne Reem Bassiouney ont attiré les foules. Reportage.
Les stars viennent donc d’ailleurs. Les auteurs algériens de renom, comme Yasmina Khadra et Ahlam Mosteghanemi, continuent de bouder le SILA, parfois sans aucune explication. Cette année, l’auteur saoudien Oussamah Al Muslim a pulvérisé tous les records d’audience. Sous la pluie, la foule s’est amassée, samedi 9 novembre, pour décrocher une signature de l’auteur saoudien à succès Oussamah Al Muslim, venu pour dédicacer son roman « Khawf » (peur), paru depuis dix ans, mais qui est l’un des ouvrages les plus vendus en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. A l’origine, le romancier n’a pas trouvé d’éditeur à ce livre. Il l’a publié à compte d’auteur ! Le succès était foudroyant.
Des centaines de personnes, la plupart des jeunes, sont venues de plusieurs wilayas et depuis les premières heures de la matinées attendre l’auteur saoudien, l’un des plus lus dans le monde arabe actuellement. Il était impossible de circuler à l’intérieur du pavillon central à son arrivée escorté par des agents de police.
Oussamah Al Muslim, 47 ans, a publié depuis 2015, une vingtaine de romans dont les plus célèbres sont « Les jardins de Arbastan » (بساتين عربستان), « Le clan des diables » (عصبة الشياطين) et « La sorcière hybride » (الساحرة الهجينة). Il a également publié une série de romans sous le titre « L’épopée des sept mers » ( ملحمة البحور السبعة) qui ont enregistré un record de vente dans les pays du Golfe. Les livres d’Oussamah Al Muslim sont un mélange de fantaisie historique, de sciences occultes, de sciences-fiction, d’épouvante et de romances.
« Je m’adresse surtout aux jeunes »
« Je m’adresse surtout aux jeunes. J’écris sur leur époque. Aujourd’hui, en Algérie, les jeunes ont prouvé qu’ils lisent contrairement aux idées reçues. Ils achètent les livres. Ils sont attachés aux livres en papier. Il faudra que les auteurs écoutent ce que les jeunes veulent lire. Il ne s’agit pas d’adapter nos sujets selon leur désir, mais il faut vivre son époque, écrire d’une manière contemporaine, accessible », a plaidé d’Oussamah Al Muslim, dans une déclaration à 24 H Algérie.
« Je pense que la fantaisie est une forme littéraire qui sied à l’époque. Il faut juste noter que la fantaisie en littérature est née en Orient. Les Occidentaux ont pris cette forme et l’ont développée. Dans les pays arabes, nous n’écrivons pas assez dans ce genre alors que les Contes de Mille et une nuit sont la mère de la fantaisie orientale », a-t-il ajouté soulignant qu’il écrit d’abord au public, pas pour avoir des prix.
Il estime que la reconnaissance des lecteurs est plus importante que toute autre chose et appelle à rompre avec une certaine vision traditionnaliste de la littérature dans les pays arabes. Les réseaux sociaux rapprochent, selon lui, les auteurs des lecteurs, surtout les jeunes.
« La mondialisation était une tentative de faire disparaître les identités «
Beaucoup de jeunes étaient également présents lors de la conférence du penseur qatari Nayef Bin Nahar sur l’identité dans les pays arabes. Détenteur d’un diplôme en sciences islamiques, obtenu en Malaisie, Nayef Bin Nahar est directeur du Centre Ibn Khaldoun des études sociales et humaines à l’université de Doha. Il est auteur de plusieurs ouvrages sur la finance islamique, sur la laïcité et sur la démocratie. « Lorsque l’Occident a voulu imposer son modèle à travers la mondialisation, les gens ont senti un danger sur leurs identités. La mondialisation était une tentative de faire disparaître les identités des sociétés en faveur de l’identité occidentale. Plus on fait des pressions sur les identités, plus les gens s’y attachent. Il n’y a qu’à citer l’exemple des musulmans en Europe. Plus on fait pression sur eux, plus ils s’attachent à leur identité religieuse. Les identités se renforcent lorsqu’elles sont confrontées aux défis. L’identité a un rapport avec l’appartenance. Sans cela, elle n’existe pas. L’identité est toujours comparée aux identités analogues », a expliqué Nayef Bin Nahar.
Les individus portent, selon lui, des identités multiples. Un algérien est, par exemple, un arabe, un amazigh, un africain, un méditerranée… « L’identité peut s’enflammer à tout moment. Les réseaux sociaux accentuent ce danger. Il suffit de publier un poste critique sur un pays et vous verrez tous les appartenants à ce pays réagir souvent négativement sans réfléchir et sans prendre le temps de vérifier. L’entité sioniste a une unité chargée justement de créer les conflits et d’attiser la haine entre les peuples musulmans et arabes à travers les réseaux sociaux », a-t-il noté.
« L’identité peut être empoisonnée… »
Selon Nayef Bin Nahar, la conscience est aujourd’hui « fabriquée » dans les réseaux sociaux, pas dans les universités. « A l’université, je constate que les étudiants ne se réfèrent pas à des livres, mais à des postes lus sur les réseaux sociaux. C’est un vrai problème pour les intellectuels. Les universités ne doivent pas s’éloigner des réseaux sociaux pour ne pas être en retrait avec la société », a-t-il dit.
Et d’ajouter : « l’identité unifie et rassemble les gens qu’elle soit nationale ou religieuse. Mais, l’identité peut être empoisonnée quand elle est utilisée comme un outil de ségrégation raciale et de coercition culturelle ».
Selon lui, la liberté et l’identité sont liées. « L’identité sans liberté, c’est du fascisme. Et la liberté sans identité, c’est de l’anarchie (…) On nous dit que l’Occident sacralise la liberté, regardez comment les enseignants universitaires sont traités aujourd’hui lorsqu’ils critiquent Israël. L’Allemagne veut faire passer une loi pour criminaliser la critique d’Israël. Rappelez vous, comment ont-ils attaqué le Qatar lorsqu’il a organisé la Coupe du monde de football en 2022. L’Occident n’a pas abandonné son identité. Aujourd’hui, il lève l’étendard de l’intégration culturelle, pas de la diversité culturelle, pour imposer ses valeurs. Dans tous les pays, les citoyens sont tenus de respecter la loi, sauf en France où ils sont obligés de croire à la loi « , a-t-il dit.
« L’amour selon la méthode arabe »
L’auteur égyptienne Reem Bassiouney a également attiré la foule au SILA 2024. Cette enseignante de littérature à l’université américaine du Caire, a beaucoup de romans best-sellers dans le monde arabe, à l’image de « Le vendeur de pistaches » (بائع الفستق), « L’amour selon la méthode arabe » (الحب على الطريقة العربية), « Trilogie mamelouk » (أولاد الناس ثلاثية المماليك), « Le chemin du noyé la route et la mer » (سبيل الغارق الطريق والبحر) et « La docteure Hana » (الدكتورة هناء).
La créatrice de contenus algérienne Loubna Abdellaoui ou Lola.Dz a était également une star au SILA. La séance de la vente-dédicace de son livre « Dinator », un roman de littérature d’horreur paru aux éditions Dar Souhoub. Beaucoup de visiteurs se sont rassemblés jeudi et vendredi 14 et 15 novembre 2024 pour décrocher une signature de cette jeune auteure, suivie par près de trois millions de followers sur les réseaux sociaux.
), « Trilogie mamelouk » (أولاد الناس ثلاثية المماليك), « Le chemin du noyé la route et la mer » (سبيل الغارق الطريق والبحر) et « La docteure Hana » (الدكتورة هناء).
La créatrice de contenus algérienne Loubna Abdellaoui ou Lola.Dz a était également une star au SILA. La séance de la vente-dédicace de son livre « Dinator », un roman de littérature d’horreur paru aux éditions Dar Souhoub. Beaucoup de visiteurs se sont rassemblés jeudi et vendredi 14 et 15 novembre 2024 pour décrocher une signature de cette jeune auteure, suivie par près de trois millions de followers sur les réseaux sociaux.