Le Soufisme : Héritage culturel et moteur de résistance face au colonialisme

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Le Soufisme : Héritage culturel et moteur de résistance face au colonialisme
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« Soufisme : un héritage culturel et une forme de résistance », est une conférence organisée mardi, 12 novembre, en marge du Salon International du Livre d’Alger (SILA), réunissant chercheurs, historiens et acteurs culturels pour mettre en lumière le rôle crucial du soufisme dans la résistance contre le colonialisme et la préservation de l’identité culturelle en Afrique du Nord et au Sahel. En s’appuyant sur leurs institutions et zaouïas, les mouvements soufis ont non seulement préservé les traditions et la spiritualité des peuples de cette région, mais ont aussi participé activement à la lutte contre l’envahisseur.

Parmi les zaouïas évoquées, on trouve la Hebriya, la Belkaidia, la Rahmaniya, la Chadiliya, la Qadiriya et la Tidjaniya, chacune ayant contribué à sa manière à cette résistance historique. Rachid Bousaada, professeur d’université, a expliqué que « lorsque l’autorité centrale s’est affaiblie après la chute de Grenade, les zaouïas sont devenues des institutions religieuses, culturelles et sociales qui ont défendu les côtes algériennes et protégé notre identité ». Il a rappelé comment ces institutions ont inspiré la résistance algérienne du XIXe siècle et ont influencé d’autres mouvements de libération africains. Selon lui, « toutes les révolutions du Maghreb ont été, de près ou de loin, influencées par les zaouïas », citant les figures emblématiques de Lalla Fatma N’Soumer et de Cheikh Al Mokrani de la zaouïa Rahmaniya, qui se sont opposés aux forces coloniales françaises.

Al Kheder Abdelbaki Mohamed, chercheur au centre d’études arabes du Nigeria, a souligné que la résistance face à l’occupant occidental était souvent d’inspiration soufie, notamment avec la Senoussia et la Tidjaniya en Afrique de l’Ouest. Il a insisté sur la profondeur de la résistance culturelle et éducative menée par ces confréries, qu’il juge plus influente que la simple action armée. En effet, certains mouvements allaient jusqu’à considérer « illicite » l’apprentissage de la langue du colonisateur, l’anglais, pour préserver l’identité et la culture locales.

De son côté, Abdelmounaim Kassimi de l’Université de Ouargla a dressé le portrait de Lalla Zineb, une grande résistante encore méconnue qui, à la tête de la zaouïa El Hamel, s’est opposée à l’occupant français. En utilisant des moyens culturels et juridiques, Lalla Zineb a marqué son époque et s’est affirmée comme une figure symbolique de la résistance spirituelle et intellectuelle contre la colonisation, défendant activement la culture et les valeurs algériennes.

L’historien Mohamed Arezki Ferrad a, quant à lui, évoqué la résistance des régions des Zwawas, précisant que ce sont souvent les soufis qui ont pris la relève dans la lutte après l’effondrement des grandes autorités politiques. Pour lui, « la résistance s’est arc-boutée sur les épaules des chouyoukh des confréries soufies », perçus par l’administration coloniale comme une menace. Les autorités françaises, conscientes de leur influence, ont tenté de contrôler ces foyers de contestation.

Abdelmouhaymen Mohamed Al Amin, président de l’Université Al Maghili, a conclu en évoquant l’influence du soufisme dans la région du Sahel, où il a joué un rôle central dans la résistance politique et la formation d’une conscience anti-coloniale. Il a cité l’exemple de Cheikh Al Maghily, dont l’action au Niger a non seulement renforcé la lutte contre le colonialisme français, mais a également laissé une empreinte durable sur les consciences dans l’ensemble du Sahel.

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