Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, préside ce dimanche une rencontre très attendue avec les chefs d’entreprise. Plusieurs mois après celle de novembre 2023, ce deuxième face-à-face, organisé au Centre international de Conférences Abdelatif-Rahal (CIC), se veut un signal fort adressé au monde économique national. Le Conseil du renouveau économique algérien (CREA), première organisation patronale du pays, y voit « un événement majeur renforçant la confiance entre le sommet de l’État et les acteurs économiques ».
Dans un communiqué publié mercredi, le CREA a salué une initiative qui confirme « la volonté du président de la République de considérer les opérateurs économiques comme des acteurs essentiels à la relance nationale ».
Un tournant amorcé, un cap maintenu
Ce nouveau rendez-vous s’inscrit dans la continuité de la ligne économique définie en 2023, quand le chef de l’État avait appelé le secteur privé à s’impliquer pleinement dans la diversification des sources de croissance et de financement. L’ambition est claire : sortir de la dépendance aux revenus hydrocarbures en favorisant une dynamique portée par les forces du marché.
Dans cette optique, plusieurs réformes ont été engagées : guichet unique de l’AAPI (Agence algérienne de promotion de l’investissement), simplification des procédures, accès facilité au foncier économique, baisse de la pression fiscale, et multiplication des incitations. L’objectif est de libérer l’acte d’investir.
Ces efforts s’inscrivent dans un climat des affaires en nette amélioration, marqué depuis 2019 par une rupture avec les pratiques oligarchiques du passé. Le mouvement du Hirak, suivi d’une large campagne de moralisation de la vie publique, a ouvert la voie à un environnement plus équitable et plus propice aux investissements productifs.
Vers un modèle économique post-rente
Les autorités entendent désormais appuyer davantage les porteurs de projets à forte valeur ajoutée, notamment ceux capables de renforcer l’intégration locale, de réduire les importations et de créer des emplois durables. Les résultats commencent à apparaître : selon les données de l’AAPI, 99 % des projets enregistrés sont aujourd’hui portés par des acteurs privés. Plusieurs se tournent déjà vers l’exportation et le développement de filières nationales dans des secteurs comme l’agroalimentaire, la mécanique, les matériaux de construction ou encore les technologies.
Reste toutefois un défi central : la diversification des sources de financement. Le président l’avait clairement exprimé lors de sa première rencontre avec les patrons : la création de banques privées nationales est aujourd’hui incontournable pour accompagner la transformation du tissu productif et renforcer l’autonomie du capital algérien.
En réunissant à nouveau les chefs d’entreprise, le pouvoir exécutif cherche à consolider une dynamique de partenariat. L’État se veut facilitateur, le secteur privé moteur d’un changement structurel. Ensemble, ils visent à bâtir un modèle économique plus robuste, moins dépendant de la rente et tourné vers l’innovation, l’exportation et l’inclusion.