Le changement de quelques ministres annoncé dimanche 21 février 2021, 24 heures après le délai fixé par le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune suscite des interrogations. Il y a des « surprises » dans le gouvernement Djerad III.
Il y d’abord, le retour d’une ancienne ministre d’Abdelaziz Bouteflika, Dalila Boudjemaâ, nommée à l’Environnement. Elle avait fait partie du gouvernement d’Abdelmalek Sellal en tant que ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, entre 2013 et 2015. Durant sa gestion, Dalila Boudjemaâ ne s’est pas distinguée par de grandes réalisations. Elle s’est illustrée par sa position favorable à l’exploitation du gaz du schiste dans le sud qui, d’après elle, n’a aucun impact sur l’environnement.
Abdelmadjid Attar est resté sept mois ministre de l’Energie
Au ministère du Tourisme est nommé Mohamed Ali Boughazi, ex-conseiller à la Présidence de la République à l’époque d’Abdelaziz Bouteflika. N’affichant pas publiquement ses positions politiques, Mohamed Ali Boughazi avait assisté Abdelkader Bensalah dans l’instance désignée par Bouteflika pour mener « les réformes politiques ».
Abdelmadjid Attar, ancien ministre de Boueflika lui aussi, quitte le gouvernement, sept mois après avoir été désigné ministre de l’Energie. Aucune explication n’est donnée à ce départ alors qu’Attar travaillait pour la mise en application de la nouvelle loi sur les hydrocarbures. Le ministre sortant a critiqué le peu d’intérêt accordé par Sonelgaz et Sonatrach aux énergies nouvelles. Il a émis beaucoup de réserves sur la gestion de ces deux groupes publics. Son départ est-il lié à cela ?
Mohamed Arkab reprend le portefeuille de l’Energie après l’avoir perdu lors du remaniement de juin 2020. Mine et Energie forment désormais un seul département après avoir été séparés pour six mois !
Ferhat Aït Ali quitte le ministère de l’Industrie. Il a été critiqué ces dernières semaines à propos de la gestion du dossier de l’automobile et de son plaidoyer pour le retour de « l’industrie industrialisante », comme dans les années 1970. Ferhat Aït Ali est remplacé par Mohamed Bacha, ancien directeur de l’intelligence économique et de la prospective, au sein du ministère de l’Industrie, entre 2008 et 2014.
Ministère des Transports, deux ministres en une année
Une année après avoir été désigné directeur général de l’AADL, Agence nationale de l’amélioration et du développement du logement, Tarek Belaribi est nommé ministre de l’Habitat, en remplacement de Kamel Nasri. Kamel Nasri prend le ministère des Travaux Publics et des Transports.
Farouk Chiali avait perdu le ministère des Transports en juin 2020 avant de le reprendre, début janvier 2021, après le limogeage de Lazhar Hani. Le ministère des Transports a donc connu deux ministres en une année.
Arezki Baraki, ministre des Ressources en eau, est, lui aussi, débarqué, remplacé par Mustapha Kamel Mihoubi, secrétaire général du même ministère et ancien directeur de l’Ecole nationale supérieure de l’hydraulique de Blida. Arezki Baraki est probablement sanctionné en raison des problèmes persistants liés à la distribution de l’eau potable dans certaines régions du pays. Le président Tebboune avait demandé une enquête après les coupures d’eau durant l’Aïd El Adha, en juillet 2020.
Sid Ali Khaldi et Kamel Rezig restent
En dépit de la polémique qu’il a provoquée durant la campagne pour le référendum sur la nouvelle Constitution, en octobre 2020, Sid Ali Khaldi garde le portefeuille de la Jeunesse et des Sports. Son nom avait pourtant circulé parmi ceux qui allaient quitter le gouvernement Djerad, surtout après avoir « invité » les Algériens à quitter le pays « s’ils n’étaient pas contents ». Il s’adressait à ceux qui étaient opposés au projet de révision constitutionnelle.
Malgré sa politique-spectacle, Kamel Rezig est maintenu ministre du Commerce. Kamel Rezig est une « star » des réseaux sociaux en raison de ses déclarations parfois intempestives et des promesses non tenues notamment à propos de la régulation du marché du lait et de la maîtrise de la Mercuriale (durant le Ramadhan 2020).
Ammar Belhimer garde, lui aussi, le ministère de la Communication. Critiqué par les professionnels en raison notamment d’un décret sur la presse électronique jugé « contraignant », Amar Belhimer a multiplié les déclarations ces dernières semaines n’ayant pas forcément un lien avec son secteur. Les chantiers qu’il a lancé à son arrivée au ministère, en janvier 2020, n’ont pas beaucoup avancé comme celui du statut du journaliste, de la régularisation de la situation des télévisions privées et des lois sur la publicité et les sondages.
Le secrétariat d’Etat en charge de l’industrie cinématographique disparaît
Malika Bendouda reste au ministère de la Culture alors que le secrétariat d’Etat à l’Industrie cinématographique saute. Youcef Sehairi, qui s’occupait de ce département, est resté à la marge ces derniers mois. Il disait à son entourage qu’il préparait des textes pour la restructuration du cinéma, avec un projet de création d’un Centre du cinéma algérien et d’une École de cinéma à Tipaza. On ne sait pas si ces projets vont être repris par le ministère de la Culture ou voués à l’abandon. Un secrétariat d’Etat chargé de l’industrie cinématographique, le premier de l’histoire de l’Algérie, n’aura existé qu’une année.
Le gouvernement Djerad III a une durée de vie limitée
La durée de vie du gouvernement Djerad III est limitée. Elle ne dépassera pas les six mois, délai constitutionnel pour l’organisation des élections législatives anticipées, après la dissolution de l’APN par le président Abdelmadjid Tebboune, officialisée dimanche 21 février.
Le prochain gouvernement, qui devra être installé, au plus tard en août 2021, sera l’émanation de la nouvelle majorité parlementaire. Aussi, l’équipe remaniée d’Abdelaziz Djerad aura-t-elle à gérer les affaires courantes et préparer le terrain aux réformes que le chef de l’Etat entend engager après l’installation de la nouvelle APN et du nouveau gouvernement l’été 2021.
[…] 24hDZ, 22 fév 2021 […]
[…] d’«abusif et arbitraire» le recours à ce droit consacré par la loi fondamental. Pour le gouvernement Djerad, ces grèves ne seront que […]
[…] Des problèmes qui subsistent, notamment à Alger, et qui ont mené au limogeage des Directeurs d’exploitation de la SEAAL la semaine dernière. […]