Lettre à la France II : 2010-2022 rien n’a changé, si ce n’est en pire !

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Lettre à la France II : 2010-2022 rien n’a changé, si ce n’est en pire !
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En 2010, en plein règne de Sarkozy, je terminais un polar intitulé les Cimetières de l’Empire sur la situation des quartiers populaires en France où, presque tout était réel. Nous sommes en 2022 et Valérie Pécresse, candidate aux élections présidentielles parle de passer la « non France au kärcher « .…

Chronique d’une catastrophe annoncée *

Pour rendre son rapport, Garcia fit un saut au commissariat, où il trouva tout le monde en ébullition devant le poste de télé.

Il y avait eu un braquage avec armes dans un casino, la BAC avait poursuivi le voleur de l’agglomération à la Villeneuve.

Le braqueur avait pensé trouver refuge dans la galerie Arlequin où il avait alerté ses potes de son arrivée avec les flics aux trousses. Une course-poursuite effrénée s’en était suivie avec un hélicoptère…

Arrivé à la galerie, il était descendu de la voiture en menaçant de son arme les policiers et ceux-ci avaient riposté. Il était mort.

Le Généreux venait d’être descendu, en bas de l’immeuble de sa mère.

Des heurts avec un groupe de jeunes s’engagèrent. Les UTEQ (unités territoriales de quartier) commençaient à encercler la Villeneuve. Les CRS avaient pris leurs quartiers avenue Renoir.

Tout le monde était sur les dents, prêt à la guerre : les forces de sécurisation, les jeunes décidés à en découdre. On avait rangé pour le moment les « pacificateurs indigènes* ».

C’était le temps de l’affrontement, et des deux cotés plus rien d’autre ne comptait !

La population avait déserté les rues et le parc et on avait intimé l’ordre aux agents des services publics de fermer dés 16h pour laisser place aux forces de police.

Sur la place du marché, la camionnette à pizzas avait relevé son auvent.

Les mamans rentraient avec les poussettes, les vieux abandonnaient leurs sièges sous les arbres, les jeunes quittaient leurs murs.

La gendarmerie avait dépêché des renforts; une vingtaine de militaires des PSIG de Meylan, Grenoble et Vizille.

Les rondes d’hélicoptères balayaient de leurs projecteurs les toits et balcons d’où fusaient des projectiles,  résonnaient jusqu’à Vigny-Musset, le quartier d’en face.

Les policiers déployés commençaient à essuyer des tirs à balles réelles.

Vers 23h30 des gaz lacrymogènes étaient lancés contre les jeunes et une dizaine de voitures de CRS et de la BAC fonçaient, toutes sirènes hurlantes, à travers le secteur.

Le lendemain, on recommençait la scène et on passait à l’acte II : encore plus de police, plus de médias et on annonçait le déplacement du ministre de l’Intérieur, voire du Président sur le lieu même des affrontements : un vrai Bad Trip !

Pendant que le Président, revenant à la raison, renonçait à venir sur le site du conflit, il compensait par « le Discours de Grenoble », véritable acte fondateur du rapprochement avec l’extrême droite. La panoplie de Vichy y était revisitée, de la déchéance de la nationalité aux démantèlements des camps de Rom.

Le Discours de Grenoble est une folie, mais une folie assumée.

Que la République sombre ou se régénère, l’été 2010 fera date ! » écrira l’historien Pierre Cornu.

* Myriam Kendsi, les cimetières de l’Empire TheBookEdition

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