Le Liban en colère découvre la succession de négligences qui a conduit au grand désastre

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Les Libanais, en colère, découvrent l'ampleur de la déliquescence de l'Etat (DR)
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Les Libanais, traumatisés, n’en finissent pas de mesurer l’ampleur du désastre provoqué par l’explosion mardi d’un stock 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium, stockées dans un entrepôt dans le port de Beyrouth.Alors que le bilan, toujours provisoire, s’établit à 137 morts, plus de 5000 blessés et de nombreux disparus, 300.000 personnes sans abri, les Libanais découvrent, à la lumière des premiers éléments, l’ampleur des négligences qui se sont accumulées durant six longues années avant d’aboutir à la dévastation d’une grande partie de leur capitale.

« Du pays, lui-même », précisent des Libanais très en colère et qui doutent même de l’existence de leur Etat qui a décidé de placer en résidence surveillé plusieurs responsables du port.C’est bien, selon les premiers éléments d’information, une succession ahurissante de négligences et de routines bureaucratiques y compris judiciaires qui ont fait qu’un stock de nitrate d’ammonium destiné au Mozambique s’est retrouvé entreposé au port de Beyrouth, dans la proximité immédiate des zones résidentielles.

La justice alertée à six reprises en six ans

C’est l’histoire d’un cargo, le Rhosus, parti de Géorgie en direction du Mozambique qui est contraint de faire escale à Beyrouth en raison d’avaries techniques. A la suite d’une inspection, le bateau est interdit de prendre la mer. Puis, la justice, pour préserver l’équipage, ordonne de débarquer le nitrate d’ammonium… lequel est stocké dans un hangar jusqu’à ce qu’il explose, six ans plus tard.

Entretemps, le bateau est parti, les propriétaires de la cargaison l’ayant abandonnée. Sauf qu’au Liban personne ne semblait vouloir trancher sur le sort à réserver à ce stock dont la dangerosité est connue. Le directeur des douanes, Badr Daher, dans une déclaration à l’Orient-le-jour, affirme que la justice, qui a décidé de décharger la cargaison, a été alertée à plusieurs reprises de l’extrême dangerosité du stock.

La cargaison d’ammonium, explique-t-il, « était stockée dans le hangar numéro 12 du port de Beyrouth » et il a précisé qu’il y avait effectivement un « un entrepôt de feux d’artifices » à côté de l’entrepôt de nitrate d’ammonium qui a explosé.
Entre 2014 et 2020, les services des douanes ont alerté la justice à six reprises, a indiqué Badr Daher sur « la nécessité de réexporter cette marchandise hors du pays, mais la justice ne nous a pas écoutés ».

La direction du port, elle aussi, communique et pointe du doigt les services des douanes et la justice. Le directeur de la société de Gestion et d’exploitation du port de Beyrouth (GEPB), Hassan Koraytem, souligne qu’il « faut une enquête ferme et transparente qui détermine les responsabilités » et il s’est dit « surpris du fait qu’on ne se soit pas débarrassé du matériel entreposé, malgré les correspondances entre les douanes et le juge des référés ».

Quatre jours pour donner des réponses

Les autorités libanaises ont donné quatre jours à un « comité d’investigation » pour établir les responsabilités dans les explosions qui ont dévasté Beyrouth. Le ministre des affaires étrangères, Charbel Wehbé, a indiqué que ce comité d’investigation a « quatre jours maximum pour donner un rapport détaillé sur les responsabilités. Comment, qui, quoi, où ? Il y aura des décisions judiciaires, c’est grave et on prend ça au sérieux », a-t-il soulignant en précisant que « les coupables de ce crime affreux de négligence seront punis par un comité de juges ».

Mercredi, le gouvernement avait réclamé l’assignation à résidence des personnes responsables du stockage dans le port de la capitale libanaise d’une grande quantité de nitrate d’ammonium, une substance entrant dans la composition de certains engrais mais aussi d’explosifs.

Au Liban, des voix, opposées au gouvernement ont demandé une « enquête internationale » sur les explosions. Le ministre des affaires étrangères a répondu que la commission spéciale d’enquête a lancé ses travaux, de même que les autorités sécuritaires. Beyrouth est dans un état d’urgence et aux mains de l’armée libanaise qui dirige l’enquête et assure la sécurité et la gestion des affaires publiques, économiques et sociales », a-t-il précisé. « L’enquête est en cours et nous ne voulons pas court-circuiter ses résultats (…) », a-t-il ajouté.

Fortement éprouvés par l’état de quasi-faillite de l’économie, ces explosions meurtrières achèvent le moral des Libanais. Et alimentent leur colère.

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