Les forces du général Khalifa Haftar ont affiché dans la nuit de dimanche à lundi, leur rejet de l’accord de cessez annoncé vendredi, dans des communiqués séparés par le président du gouvernement d’union nationale GNA) Fayez al-Sarraj, et Aguila Saleh, président du Parlement libyen élu, basé à Tobrouk. le général Ahmed al-Mesmari, porte-parole de l’auto6proclamée Armée nationale libyenne (ANL) de Haftar a qualifié l’annonce du cessez le feu de “coup médiatique” de la part du gouvernement d’union (GNA).
C’est la première réaction venant du camp du général Haftar qui ignore complètement le fait que Aguila Salah, président du parlement a également signé un communiqué appelant au cessez-le-feu et évoquant l’organisation prochaine des élections.
“C’est du marketing médiatique. (…) La vérité, c’est ce qui se passe sur le terrain», a déclaré al-Mesmari en affirmant que les forces pro-GNA ont l’intention d’attaquer les positions de Haftar à Syrte et à Joufra puis d’avancer vers la zone du croissant pétrolier. «Au cours des 24 dernières heures, nous avons observé des navires et des frégates turcs avancer vers Syrte (…). Nous riposterons à tout acte hostile».
Le général Haftar se rebiffe et surtout contre le président du parlement Aguila Saleh. Celui-ci est devenu plus présent dans le jeu politico-diplomatique à la suite des cuisants revers militaires essuyés par les forces du général Haftar qui avait encerclé la capitale Tripoli. Les forces pro-GNA, soutenus par la Turquie qui a mis fin à la supériorité aérienne des forces de Haftar, soutenu par l’Egypte, les Emirats, la Russie et la France.
L’hypothèque Haftar
Un porte-parole du ministère libyen des Affaires étrangères, Muhammad al-Qiblawi, a réagi en accusant Haftar de chercher à revenir à la case de la guerre. Il a demandé à Aguila Saleh d’assumer ses responsabilités conformément au communiqué qu’il a rendu public et en tant que partie à l’accord de Skhirat
Les communiqués de Fayez al-Sarraj et de Aquila Saleh, bien que distincts, se recoupent sur l’appel à une cessez-le-feu immédiat, la tenue d’élections présidentielles et parlementaires. Le GNA avait insisté cependant sur la nécessité de faire des villes de Syrte et de Joufra des zones démilitarisées.
Selon des informations de plusieurs sources, les forces du général Haftar ont coupé les communications et les services Internet à l’intérieur de la ville de la Syrte et l’ont isolée en réaction à l’appel du GNA à sa démilitarisation. Syrte est un verrou stratégique qui ouvre la voie au croissant pétrolier à l’est et qui est sous le contrôle des forces de Haftar.
L’annonce surprise d’un cessez-le-feu par al-Sarraj et Aguila avait été accueillie avec un certain scepticisme par les observateurs qui relevaient l’hypothèque que constituait le général Haftar à la conclusion d’un accord politique. Le GNA ne considère pas Haftar comme un interlocuteur politique et l’accuse d’avoir commis des crimes de guerre à la suite de la découverte de charniers à Tarhouna. Aguila Saleh est considéré comme un interlocuteur mais sa marge de manœuvre à l’égard du général Haftar parait limitée. Ce serait une autre surprise s’il décidait d’engager un bras de fer avec le chef autoproclamé de « l’armée nationale ».
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