Le nouveau Institut national supérieur du cinéma, qui sera établi à Koléa, à Tipaza, à l’ouest d’Alger, portera le nom de Mohamed Lakhdar Hamina, le doyen des cinéastes algériens.
« C’est une instruction du président de la République. L’institut portera le nom de l’un des grands faiseurs de gloire du cinéma algérien, lauréat de la Palme d’Or, l’artiste émérite Mohamed Lakhdar Hamina », a déclaré, samedi 8 juin, Soraya Mouloudji, ministre de la Culture et des Arts, lors de la cérémonie de remise du Prix Ali Maâchi du président de la République pour les jeunes créateurs, au Centre international de conférences (CIC) Abdelatif-Rahal, à Club des Pins, à l’ouest d’Alger.
Le cinéaste Mohamed Lakhdar Hamina, 90 ans, a décroché la Palme d’or au Festival de Cannes en 1975 pour son long métrage « Chronique des années de braise ». Cette haute distinction est la seule obtenue par le cinéma arabe et africain depuis la création du Festival de Cannes, en France, en 1939. Durant sa carrière, entamée en 1964, Mohamed Lakhdar Hamina, qui est également acteur et scénariste, a réalisé huit long métrage, le dernier étant « Crépuscule des ombres » en 2014.
L’Institut national supérieur du cinéma de Koléa ouvrira ses portes au cours de la prochaine année universitaire 2024-2025 et sera divisé en trois départements : réalisation et scénario, prise de vue et son et gestion de production. L’Institut, placé sous la tutelle du ministère de la Culture et des Arts et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, accueillera dans un premier temps une vingtaine des détenteurs du premier bac artistique en Algérie (après la création en septembre 2022 du Lycée des arts à Alger).
Le cinéma est considéré comme « une activité prioritaire »
Soraya Mouloudji a, lors de la même cérémonie, annoncé que des procédures sont en cours en vue de créer le Centre national du cinéma « en tant qu’organisme national global chargé des questions cinématographiques en Algérie ». Elle a indiqué qu’après la promulgation de la loi sur l’industrie cinématographique, le 29 avril 2024, le cinéma est désormais considéré comme « une activité prioritaire » pour l’accès au foncier pour d’éventuels investissements, suite à la signature d’une convention entre le ministère de la Culture et des Arts et l’Agence algérienne de promotion d’investissement.
La ministre a rappelé l’ouverture d’une cité cinématographique à Tinerkouk, à Timimoun, et la proposition d’un projet d’une autre cité à Ouled Fayet, à Alger. Selon elle, l’opération de récupération
des salles par le secteur de la culture, détenues par les communes, est en cours. « Durant les trois derniers mois, un nombre considérable de salles a été répertorié et récupéré avec proposition d’inscrire des opérations de rénovation et de réhabilitation dans le projet de la prochaine de loi de finances en vue de dégager un budget (…) Depuis 2020, près de 400 entreprises de cinéma ont été agréés, 1233 autorisations de tournage accordées et plus de 300 visas d’exploitation et de distribution de films et de productions audiovisuelles donnés », a annoncé Soraya Mouloudji.
Selon elle, 118 subventions ont été accordées pour la production, la postproduction et l’écriture de scénarios, entre 2020 à 2024. « Le président de la République a décidé de relancer le Fonds national pour le développement de l’art, et de la technique et de l’industrie cinématographique (FDATIC) dans le cadre de la loi de finances 2025 », a-t-elle déclaré.
Ce fonds public, qui finance aussi les activités liées à la littérature, a été fermé en vertu de la loi de finances 2021, suscitant l’inquiétude et la réprobation des professionnels du cinéma, compte tenu de l’absence d’autres formes de financement du cinéma en Algérie.
Création d’un Festival des musiques du sud à Tamanrasset
Soraya Mouloudji a évoqué la création d’un Festival international du court métrage, prévu en décembre 2024 à Timimoun, et d’un Festival international des musiques du Sud à Tamanrasset dont la date n’a pas encore été annoncée. « De nouveaux festivals ont été crées dans les dix wilayas de récente création. Il existe actuellement 145 festivals entre local, national et international, touchant tous les arts », a-t-elle précisé.
Sur un autre chapitre, la ministre a évoqué la mise à jour des statuts des établissements de formation artistique pour qu’ils soient conformes à la tutelle pédagogique du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Il s’agit de l’Institut national supérieur de musique d’Alger (INSM), de l’Institut supérieur des métiers des arts du spectacle et de l ‘audiovisuel de Bordj El Kiffan (ISMAS) et de l’Ecole supérieure des beaux arts d’Alger (ESBA). Un travail est mené, selon elle, pour la création d’instituts régionaux de musique et de beaux arts, au niveau national, ainsi que l’ouverture de nouveaux conservatoires communaux de musique, « comme première étape avant leur élargissement à l’ensemble des wilayas ». Elle a rappelé que la plateforme de l’auto entrepreneur (منصة المقاول الذاتي ) élaborée par le ministère de l’Economie de la connaissance, des Startups et Micro-entreprises a été élargie à 25 spécialités liées aux industries culturelles.