Le Mondial 2022 du Qatar est un succès sur tous les plans. Malgré les critiques occidentales, Doha a réussi le pari d’organiser l’une des meilleures éditions de cette manifestation sportive.
Gianni Infantino, président de la FIFA, a confié avoir vécu « la meilleure Coupe du Monde de tous les temps ».
« Une conclusion en apothéose pour une Coupe du Monde historique. Cette première édition au Moyen-Orient était la première disputée en novembre et en décembre, mais aussi la première organisée à si petite échelle géographique. Qatar 2022 a donc tenu toutes ses promesses, en offrant un regard neuf sur cette vénérable et prestigieuse institution », écrit la FIFA sur son site internet après la victoire de l’Argentine face à la France en finale, dimanche 18 décembre 2022.
Et d’ajouter : « Avec moins de 2,9 millions d’habitants et huit stades réunis dans un rayon de moins de 60 kilomètres, le Qatar s’est trouvé confronté à de nombreuses interrogations. Ses infrastructures seraient-elles en mesure de faire face à un afflux aussi massif ? D’autres se demandaient quelles seraient les conséquences de la tenue de la compétition en plein cœur de la saison européenne, une situation inédite qui a contraint les équipes à réduire leur préparation. L’un après l’autre, ces doutes se sont dissipés, emportés par une vague de football magique, une organisation parfaite et une ambiance aussi chaleureuse que passionnée dans les rues et dans les stades ».
Plus de 3,4 millions de spectateurs dans les stades
Selon la FIFA, plus d’un million de visiteurs se sont rendus au Qatar pendant le Mondial-2022, qui s’est déroulé du 20 novembre au 18 décembre 2022. L’agence de presse qatarie QNA a annoncé que 3.404.252 spectateurs se sont rendus dans les stades pour assister aux matches. « C’est la troisième meilleure affluence pour une Coupe du monde de foot, derrière les Etats-Unis en 1994 (3.587.538) et le Brésil en 2014 (3.429.873) », précise l’agence AFP.
La stade Lusail, qui a abrité la finale Argentine-France, était, selon les organisateurs, rempli à 100 %, soit près de 90.000 spectateurs. D’après l’agence QNA, le Mondial du Qatar 2022 a bénéficié de la plus grande couverture médiatique de l’histoire de la Coupe du monde. Un rapport du programme Eye on Qatar a indiqué que le Mondial 2022 a mobilisé plus de 20 000 volontaires, représentant 150 pays.
500.000 demandes de volontariat«
Ils ont été choisis parmi un demi-million de demandes de volontariat pour le tournoi via la plateforme de la FIFA, en plus d’environ 10 000 volontaires extérieurs à la FIFA, dont 2 000 au service de personnes ayant des besoins spéciaux, et qui désiraient de suivre le plus grand événement de football », a indiqué l’agence QNA.
« Nous avons tenu notre promesse d’organiser un tournoi exceptionnel dans un pays arabe qui a permis aux peuples du monde entier de découvrir la richesse de notre culture et l’originalité de nos valeurs », a tweeté Tamim bin Hamad Al Thani, l’Émir de l’État de Qatar.
Malgré cette réussite, le Qatar Bashing se poursuit en Occident. Un Occident qui n’a pas cessé d’attaquer le Qatar depuis l’attribution par la FIFA à ce pays arabe l’organisation de la coupe du monde de football comme si cette manifestation ne devait se dérouler que dans certaines régions du monde, le Nord de la planète. Lors de la cérémonie de clôture du Mondial du Qatar, l’émir Tamim bin Hamad Al Thani a enveloppé les épaules du joueur argentin Lionel Messi d’un bisht, habit traditionnel arabe porté dans les cérémonies. Une tradition qui date de plusieurs centaines d’années dans la région arabe.
Le bisht sur les épaules de Messi critiqué aussi
« La signification serait historique, les guerriers arabes le portaient après une victoire. C’est donc en signe de respect que l’émir du Qatar a remis le bisht signifiant à Messi qu’il est un guerrier qui a gagné pour son pays l’Argentine. Mais au-delà du symbole, ce vêtement est un acte politique de la part du Qatar. Du soft-power par le sport, la photo de Lionel Messi soulevant la Coupe du monde avec son bisht restera indissociable de l’émirat », a relevé le site de Franceinfo.
L’acte de l’émir du Qatar a évidemment été critiqué en Occident. « Le Qatar souhaite que ce soit son moment autant que celui de Messi et de l’Argentine », a souligné le journal The New York Times. « J’ai trouvé ça bizarre que Leo Messi ne soulève pas cette coupe avec le maillot de l’Argentine. Pour la postérité, je trouve ça un peu étonnant cet habit traditionnel qui cache le numéro 10 du maillot argentin pour des millions de gens à travers la planète », a réagi Philippe Randé, rédacteur en chef des sports de Radio France.
Le tabloïd britannique de droite Daily Telegraph a rapporté, sans preuves, que Lionel Messi a été « obligé » de porter le bisht alors que The Financial Times a qualifié d’honteux le fait de « couvrir » le maillot du joueur argentin.
Pourtant, Messi a bien publié sa photo tout souriant avec le bisht arabe sur son compte instagram. En 1970, au Mexique, le joueur Pelé avait porté un sombrero pour fêter la troisième Coupe du monde du Brésil. « Une magnifique acte de coexistence culturelle », avaient écrit les médias à l’époque. Lors des jeux olympiques en Grèce, en 2004, les sportifs médaillés portaient à chaque fois des kotinos (des couronnes d’oliviers), une tradition romano-grecque.
« Certains Européens sont encore persuadés de détenir la vérité »
« Certains Européens sont encore persuadés de détenir la vérité et veulent l’imposer aux autres, à défaut de la force, par l’invective. C’est un fait, l’Europe, et plus largement le monde occidental américano-européen, s’en tient à une vision passéiste dictant la norme. Une uberisation de la culture est notamment brandie par l’Europe qui n’arrête pas de faire la morale. Bref, le monde doit obéir à leur caprice. Ils n’ont pas compris qu’ils ne «comptent» plus pour longtemps ayant leur soi-disant magistère moral sur le mal et le bien.
Il est quand même paradoxal que 10% à peine de 8 milliards de la planète veulent dicter la norme », s’indigne le professeur Chems Eddine Chitour, enseignant à l’école polytechnique d’Alger, dans une contribution publiée par le Soir d’Algérie.
Il est revenu sur les différentes critiques occidentales contre le Qatar à propos des droits des travailleurs, de la climatisation des stades et du statut des minorités sexuelles.
« Le fait qu’un pays arabe et musulman accueille pour la première fois sur son sol la compétition majeure du sport le plus populaire de la planète n’est certainement pas étranger aux discours et violences identitaires en France avant et durant la compétition. En témoignent par exemple les polémiques autour de l’interdiction de la vente d’alcool dans et aux abords des stades. Venus en nombre assister aux rencontres, les supporters des pays arabes et musulmans ont en outre offert une visibilité musulmane inédite dans ce type d’événements. De l’omniprésence des drapeaux palestiniens jusqu’aux spots de publicité du Mondial montrant des enfants en tenue traditionnelle jouant au football, tout concourait à irriter les esprits islamophobes », constate, pour sa part, Rafik Chekkat, sur le site Middle East Eye.
« L’indignation » occidentale ignorée dans le monde
Le quotidien français le Monde a relevé que « l’indignation » occidentale contre le Mondial du Qatar ne s’était pas étendue au reste de la planète. Manière de dire que « le boycott » occidental du Qatar 2022 a été un échec. Les télévisions européennes ont enregistré des records d’audience durant le Mondial y compris en Grande-Bretagne où la BBC n’a pas diffusé la cérémonie d’ouverture du Qatar 2022.
Revenant sur le prochain Mondial, prévu en 2026 au Mexique, aux Etats Unis et au Canada, l’humoriste Abdel s’est interrogé sur AJ+, un média qatari du groupe Al Jazeera Media Network, si un appel au boycott sera aussi lancé contre les Etats Unis, responsables, selon lui, de la mort de centaines de milliers de personnes en raison de « leur guerre en Irak et en Afghanistan ».
Des experts en climat ont, de leur côté, souligné que les impacts sur l’environnement seront largement plus importants au Mondial 2026 en raison du nombre d’équipes participants, 48 au lieu de 32, et les distances entre les trois pays impliquant une utilisation plus fréquentes d’avions et de voitures, donc plus de pollution atmosphérique et plus d’utilisation d’énergie.
« Le Mondial à 48 équipes organisé en 2026 au Canada, aux États-Unis et au Mexique devrait augmenter nettement le nombre de matches disputés au cours du tournoi, pour l’heure plafonné à 64 rencontres, et donc les revenus télévisuels de la plus prestigieuse des compétitions, poule aux œufs d’or de la FIFA qui en tire l’immense majorité de ses revenus », souligne le journal suisse Le Temps.
Bravo Fayçal, analyse lucide et pertinente.