Malika Boumendjel, veuve de Ali Boumendjel, n’est plus

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Malika Boumendjel, veuve de Ali Boumendjel, n'est plus
A droite: Malika Boumendjel. Crédit: Twitter/Malika Rahal.
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Malika Boumendjel, veuve de Ali Boumendel, avocat et militant politique pour l’indépendance de l’Algérie, est décédée dans la nuit du lundi au mardi 11 août 2020 à l’âge de 101 ans.

Née Amrane en 1919, Malika Boumendjel a rencontré Ali Boumendjel à l’âge de 14 ans. « Et, des années après, nous avons fait ce qu’on appelle un vrai, un grand mariage d’amour », a-t-elle déclaré dans une interview au quotidien Le Monde, en 2001.

Depuis la mort de son mari, arrêté le 9 février 1957 à Alger par des parachutistes français, torturé puis exécuté le 23 mars de la même année, elle n’a jamais cessé de militer pour connaître la vérité sur l’enlèvement et l’assassinat de Ali Boumendjel. « Je ne connais pas les circonstances exactes de la mort de mon mari. Je n’ai même pas eu le droit de voir son corps. Seuls, deux médecins de la famille l’ont aperçu, car ils avaient été appelés pour l’identifier à la morgue d’Alger. J’ai su par la suite que l’un d’eux avait dit à ma famille : « Ne la laissez pas voir le corps, elle ne s’en remettrait pas », avait-t-elle indiqué au même journal.

Cette même année 1957 est « un cauchemar » pour Malika Boumendjel. La Bataille d’Alger battait son plein. Elle a aussi perdu son frère, enlevé par des parachutistes puis disparu. « En février, mon frère Dédé avait été arrêté, et on ne l’a jamais revu. Une « corvée de bois ». Mon père a fait des recherches désespérées pour le retrouver. Un jour, il s’est rendu à la mairie avec toutes ses décorations d’ancien combattant de la guerre de 14-18, du Chemin des Dames, à Verdun, où il avait perdu ses deux bras. Eh bien, cet homme de 74 ans s’est fait jeter par les parachutistes. Ils lui ont lancé ses décorations à la figure et l’ont mis dehors en l’insultant ». Son père aussi, Amrani Belkacem, « en mai de cette année-là, a été arrêté à son tour, et lui aussi a disparu au cours d’une « corvée de bois » », a-t-elle fait savoir.

Ali et Malika Boumendjel ont eu quatre enfants, Nadir, Sami, Farid et Dalila. Leur fils, Sami, est décédé en septembre 2014 à l’âge de 63 ans des suites d’une longue maladie.

« Ce que je souhaite aujourd’hui avec mes quatre enfants, c’est que la lumière soit faite. Nous l’attendons depuis quarante-quatre ans. Nous avons repris espoir l’année dernière, avec l’affaire Louisette Ighilahriz, mais le choc, ç’a été les aveux d’Aussaresses. Un peu plus tard, le 12 décembre, Libération a publié un papier désignant nommément Aussaresses comme l’assassin de mon mari et de Ben M’hidi. Depuis, on n’a plus de doutes là-dessus, mais nous voulons que la vérité soit dite : Ali ne s’est pas suicidé. Il a été torturé puis assassiné. Surtout, qu’on ne nous parle plus de suicide, c’est primordial pour nous ! Nous ne disons pas cela dans un esprit de vengeance, nous estimons seulement avoir droit à la vérité. C’est indispensable pour l’Histoire encore plus que pour nous », a-t-elle aussi déclaré dans la même interview pour Le Monde.

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