Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l »étranger, a estimé que la sortie des mercenaires de Libye doit être suivie avec prudence.
« Ceux qui ont rédigé les décisions de la Conférence de Berlin sur la Libye, rendues exécutoires par le Conseil de sécurité de l’ONU, doivent prendre les mesures adaptées pour appliquer ces décisions dont le retrait de toutes les forces armées régulières, milices et même des organisations terroristes qui peut être ne sont pas qualifiées ainsi aux Nations Unies », a déclaré le chef de la diplomatie algérienne à la chaîne de télévision russe RT arabic, lors d’une interview diffusée samedi 23 octobre.
La deuxième conférence de Berlin sur la Libye, qui a rassemblé, en juin 2021, seize pays dont l’Algérie, les Nations unies, l’Union africaine, la Ligue arabe et l’Union européenne, avait enjoint à « toutes les forces étrangères et les mercenaires » de « se retirer sans délai » du sol libyen.
Un retrait qui faciliterait le processus politique en cours devant aboutir à des élections générales fin décembre 2021.
« Le retrait des forces étrangères de Libye relève de la responsabilité de la communauté internationale et pas uniquement des autorités libyennes », a souligné Lamamra.
Il a rappelé que le groupe des 5 + 5 défense avait fait « des propositions professionnelles » pour la sortie des forces étrangères.
« Source d’inquiétude »
Ce groupe rassemble pour rappel dix pays des deux rives de la Méditerranée : Algérie, Libye, Maroc, Tunisie, Mauritanie, Espagne, Italie, France, Malte et Portugal.
« Cette sortie ne doit pas être au détriment de la sécurité et de la stabilité des pays voisins de la Libye. Cette question a été abordée lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères du voisinage libyen, tenue à Alger (fin août 2021). Tout le monde est d’accord que la stabilité de la Libye est nécessaire », a déclaré Ramtane Lamamra.
Et de poursuivre : « la communauté internationale doit veiller à ce que la sortie des mercenaires africains de Libye ne devienne pas une source d’inquiétude et d’instabilité pour certains pays voisins ».
Il a cité l’exemple de l’assassinat du président tchadien Idriss Deby le 20 avril 2021 par des mercenaires tchadiens. « Ils sortis de Libye bien équipés en armement et poussés vers l’action militaire (au Tchad) », a averti le chef de la diplomatie algérienne.
Les autorités libyennes doivent, selon lui, prendre des mesures pour désarmer les milices activant à l’intérieur du pays et les organiser aux fins qu’elles ne constituent pas une force militaire hostiles aux nouvelles orientations politiques en Libye.
« Dans le cadre de sa souveraineté, la Libye peut promulguer des lois interdisant l’armement de forces militaires non régulières et non soumises à l’Etat », a-t-il noté.
Les Libyens tiennent la situation en main
Ramtane Lamamra a salué la tenue à Tripoli de la Conférence « Initiative pour la stabilité en Libye », jeudi 21 octobre 2021 : « C’était la première fois depuis onze ans qu’une conférence réunissant une quinzaine de ministres des Affaires étrangères et des délégués des pays membres permanents du Conseil de sécurité s’est tenue à Tripoli. Le niveau de la stabilité et de la non violence a atteint un niveau permettant la tenue de pareilles conférences en Libye ».
Les Libyens, selon lui, tiennent la situation en main. « Aujourd’hui, la Libye accueille (des conférences), n’est pas accueillie par d’autres. Dans un passé récent, les rencontres (concernant la Libye) se tenaient dans plusieurs endroits. L’Histoire retiendra que la réunion à Alger des ministres Affaires étrangères du voisinage libyen était un tournant. Tous les présents avaient confirmé leur participation à la conférence de Tripoli pour appliquer sur le terrain l’initiative de consolidation de la stabilité de la Libye « , a-t-il relevé.
Il a estimé que la Libye est sur la bonne voie et que la possibilité d’organiser les élections à la date prévue est très forte. Une organisation plus liée aux « aspects organisationnels et politiques que sécuritaires ».