Meziane Meriane, coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (SNAPEST), plaide pour une réforme du système des examens scolaires surtout le bac en Algérie.
« Il y a nécessité de ramener le bac de cinq à trois jours. Si nous étions à trois jours, nous l’aurions organisé en juillet (2020). Notre bac est lourd, prend beaucoup de temps et d’argent. Le bac algérien est le plus cher de la planète avec tous les moyens qu’on met. Notre armée est également sollicitée pour transporter les sujets au fin fond du désert. Rendez-vous compte ? Il y a lieu de le réformer. Il faut revoir les coefficients des matières scolaires essentielles et la fiche de synthèse. On encourage l’élève à travailler sur les matières qui ne seront pas examinées parce que leurs notes seront portées sur la fiche de synthèse et on l’encourage davantage à apprendre les matières essentielles. Il y a énormément d’incohérences. Il est inacceptable qu’un élève avec 9 de moyenne en sciences, en maths et en physique soit admis au bac sciences », a-t-il déclaré dimanche à la chaîne III de la Radio algérienne.
Il a appelé à une réforme globale du système éducatif en revenant aux propositions de la Commission Benzaghou. Présidée par Benali Benzaghou, ex-recteur de l’Université des Sciences et de Technologies de Bab Ezzouar (USTHB), cette commission avait remis son rapport à la Présidence de la République en 2003. Rapport élaboré par 170 spécialistes des sciences de l’éducation et de la pédagogie. Curieusement, ses recommandations ont été ont en grande partie ignorées.
Pour Meziane Meriane, l’examen de cinquième doit supprimé. « Notre législation scolaire interdit l’exclusion d’un élève avant l’âge de 16 ans. Donc, il y a lieu de propulser l’élève du primaire vers le collège sans passer par l’examen. Cela permet d’éviter de garder des élèves âgés de 14 ou 15 ans au primaire. Cette différence d’âge avec les autres élèves peut créer des turbulences et déboucher sur de la violence. Aussi, est-il préférable que l’élève passe au stade supérieur sans examen. Au collège, on lui donne une chance de rebondir. Si, ses capacités intellectuelles ne lui permettent pas d’avancer, on doit créer des passerelles avec la formation et l’enseignement professionnels », a-t-il expliqué.
Revoir l’enseignement technique
Pour le BEM, il a estimé nécessaire de bien orienter les élèves. « Une bonne orientation, c’est une réussite garantie. Une mauvaise orientation, c’est un échec programmé. Le coefficient de l’année scolaire doit compter 1 mais le coefficient du BEM doit être de 2. Là, on va avoir de la crème. Cela ne signifie pas de jeter nos enfants dans la rue. Il y a nécessité de revoir aussi l’enseignement technique, revenir au CET (Collège d’enseignement technique) qui envoient les élèves vers les lycées techniques », a-t-il noté.
Les méthodes d’examination doivent également, selon lui, être revues. « Il faut revoir les questions à poser. Elles doivent être des questions d’intelligence. Cela va supprimer un grand pourcentage de la triche », a-t-il souligné .Meziane Meriane a appelé à la suppression de certaines matières au niveau du cycle primaire pour, entre autres, alléger le cartable des élèves et permettre une meilleure exploitation du volume horaire.
Selon lui, la digitalisation de l’école est encore difficile en raison des mauvaises connexions internet dans le pays. La qualité de l’enseignement ne pourra être améliorée, d’après lui, qu’avec une véritable réforme scolaire. Il s’agit d’améliorer la formation des enseignants et de donner plus de moyens à la pédagogie, notamment financiers. « Le secteur de l’Éducation est le deuxième budget de l’Etat, mais 86 % de ce budget est absorbé par les salaires », a-t-il appuyé.