Miloud Boukhira est un architecte algérien établi à Montréal depuis 1992. Sa passion pour la peinture qui remonte à sa jeunesse en Algérie, se reflète dans les structures matérielles qu’ils réalisent à travers ses plans architecturaux.
Le cœur de Miloud balance entre deux productions artistiques, deux figures de la création qu’il perçoit dans une infinie complémentarité : la peinture et l’architecture. Dans sa démarche, chacune de ces formes d’expression est mise au service de l’autre, et ça lui réussit!
Déjà en 1987, il a eu le prix national d’architecture, lorsqu’il gérait son bureau d’architecture à Oran où les projets avaient une autre taille. D’ailleurs, il ne cache pas sa fierté d’avoir eu à gérer de grands projets dans ses débuts en Algérie : « très jeunes en Algérie, nous avons eu de grandes responsabilités et de grands projets à gérer, que je ne pourrai pas avoir ici à Montréal. Nous sommes venus dans ce pays avec une bonne formation ».
C’était son capital de départ à Montréal, lequel a été étoffé par des formations, des examens et des mises à jour « avant de démarrer mon bureau à Montréal en 1997, j’ai fait des mises à niveau. Ça m’a pris un peu de temps, car je n’étais pas habitué aux outils informatiques. Ensuite, j’ai travaillé dans des bureaux d’architectures et je me suis vite rendu compte que je me devais de m’installer sur mon propre compte », lance-t-il.
Les premiers plans qu’il a réalisés à Montréal étaient des projets communautaires « je suis un peu l’architecte de la communauté. La communauté Pakistanaise a initié le projet du centre islamique de la rive sud et la Mosquée de Pierrefonds. La communauté maghrébine a été aussi d’un grand apport en nous confiant des mandats pour des aménagements d’écoles, des centres communautaires, des mosquées, garderies et commerces ».
Ayant acquis une notoriété dans l’architecture religieuse, son bureau a pris des projets de réalisation ou transformations d’églises pour le compte de la communauté haïtienne, qui est l’une des communautés les plus anciennes à s’installer au Québec. Il nous dit à ce propos : « pour les lieux de cultes, on fait de l’accompagnement dès le départ car ce type de projet est confronté aux problèmes de zonage et à une crainte du voisinage pour le stationnement dans le quartier », assure-t-il.
Mieux encore, il profite du climat propice à la création dans cette ville pour donner libre court à sa passion pour la peinture : « lorsque j’étais en Algérie, je faisais un peu de la peinture, mais ici c’est différent. D’abord, il y a la disponibilité du matériel artistique, l’environnement propice à la création et les différentes occasions d’exposer dans des symposiums, dans de nombreuses galeries et activités organisées par les festivals tel que le festival Vue d’Afrique et le festival du monde arabe », affirme-t-il.
Aujourd’hui, il participe régulièrement à des expositions en collectif à Montréal et aux États Unis et parfois organise des expositions individuelles. Il s’inspire du patrimoine culturel maghrébin, de ses formes et ses couleurs pour allier tradition et modernité dans ses œuvres. « L’un dans l’autre, on trouve des influences », nous dit-il.
Il s’implique aussi dans la culture en donnant des conférences sur l’architecture musulmane, les villes traditionnelles au Maghreb, « chose que je ne faisais pas avant, faute de temps ». Il réfléchit sur la communauté maghrébine, dont il pense qu’elle a tout à construire vu ses potentialités : « elle est instruite dans sa majorité, elle regorge de professionnels. Il lui manque les hommes d’affaires qui génèrent de l’économie pour entrainer d’autres personnes pour développer de grands projets. Ça prend du temps, mais ça avance », lance-t-il.
Quand Miloud voyage en Algérie, il retourne voir certains projets qu’il a réalisés, et pour lesquels il porte une affection particulière. « Dans mon métier, j’ai laissé des réalisations et je garde toujours un intérêt pour ça ». Lorsqu’il a quitté l’Algérie, durant les années du terrorisme, il entrevoyait l’avenir de ses enfants auxquels il voulait donner le meilleur, mais il a retrouvé une partie de lui-même ici, à Montréal, grâce à la peinture.