Les déclarations du ministre de l’Education sur les écoles coraniques suscitent la polémique

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Les déclarations du ministre de l'Education sur les écoles coraniques suscitent la polémique
Les déclarations du ministre de l'Education sur les écoles coraniques suscitent la polémique
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Le ministre de l’Education nationale est au coeur d’une polémique après ses déclarations sur les écoles coraniques. Interrogé sur les causes de la déperdition scolaire en Algérie, Mohamed Ouadjaout ne s’imaginait sans doute pas attirer les foudres de plusieurs organisations, partis politiques et citoyens en répondant.

Lors d’une séance au Conseil de la Nation, le ministre de l’Education explique à un sénateur les cas de déperdition scolaire dans le pays par « le mariage précoce des filles, les divorces, les maladies chroniques ainsi que la décision des parents de retirer leurs enfants des écoles, particulièrement les filles ».

Ce ne sont pas ces causes qui ont suscité la polémique mais le cas, cité par le ministre, de élèves qui quittent les établissements scolaires pour rejoindre les écoles coraniques et les zaouias afin d’y poursuivre leurs études.

Les déclarations de M. Ouadjaout se sont vites « propagées » sur les réseaux sociaux. Des internautes y ont interprété une attaque contre les écoles coraniques et les zaouias, qui seraient « une cause de la déperdition scolaire ». Ils y voient même une « tentative de diversion », en citant ces écoles comme bouc-émissaire au lieu de remettre en question le système scolaire.

Partis politiques et associations critiquent Ouadjouat

Un avis partagé par l’Association des parents d’élèves. Dans un communiqué, cette association a exprimé sa « surprise » quant à ces déclarations, se demandant « comment le ministre est arrivé à cette conclusion » qui « suscite la fitna ».

L’association y voit même une invitation à fermer les écoles coraniques et les zaouias, interpellant le président Abdelmadjid Tebboune à ouvrir « une enquête sur ce qui se passe dans le secteur de l’Education ».

Abdelkader Bengrina, chef du Mouvement El Binaa, a également critiqué le ministre de l’Education. « C’est une honte de qualifier les étudiants dans les écoles coraniques de déserteurs, eux qui conservent nos traditions et nos origines ».

En conférence de presse hier jeudi, Bengrina déclare que « les écoles coraniques sont la base de formation de ceux qui ont fondé l’appel du 1e Novembre et qui ont acquis l’indépendance du pays ».

L’association des oulémas musulmans algériens a également vu les déclarations du ministre comme un « coup de poignard contre les écoles coraniques ». L’association a répliqué que celles-ci « absorbent, au contraire, les élèves qui sont victimes de votre système d’éducation ». L’organisation fait même le lien entre les déclarations du ministre actuel et des supposées déclarations de l’ex-ministre Nouria Benghebrit, qui faisait souvent l’objet de critiques.

Le ministère s’explique et louent le mérite des écoles coraniques

Une polémique qui pousse vite la tutelle à réagir. Dans un communiqué de presse, le ministre affirme ne pas avoir déclaré que « l’entrée aux écoles coraniques et les zaouias est une raison qui encourage la déperdition scolaire ».

Il ne visait pas à « diminuer le mérite des écoles coraniques et des zaouïas dans l’enseignement », a-t-il affirmé, rajoutant que ses propos ne sont pas « une remise en cause du niveau d’instruction de ceux qui ont choisi de les rejoindre ».

M. Oudjaout a loué le mérite des écoles religieuses dans l’instruction des apprenants parallèlement à celle reçue dans les établissements scolaires. Il a d’ailleurs annoncé, dans un communiqué, que ses services collaborent avec ceux du ministère des Affaires religieuses pour trouver « des mécanismes qui permettent aux élèves des écoles coraniques et des zaouïas de poursuivre leur cursus scientifique tout en ayant la possibilité de passer les examens nationaux ».

Une explication qui ne convainc pas tout le monde. Des internautes y voient toujours une tentative de détourner l’attention des réelles crises que vit le secteur. L’association des Oulémas musulmans, elle, a plutôt remercié le ministre pour ses explications.

Le ministre a par ailleurs déclaré que le taux de déperdition scolaire dans le primaire est de 0,11% et le taux dans l’enseignement moyen est de 2%.

Ses déclarations sont intervenus au moment où la religion est au centre de plusieurs polémiques et actualités. La semaine dernière, un imam a été suspendu de prêche après avoir critiqué les mesures de prévention imposées aux mosquées. Sa suspension a suscité de vives réactions, chez les partis, associations et les pratiquants sur les réseaux sociaux.

Jeudi, un islamologue, Said Djabelkhir, a été condamné à 3 ans de prison ferme pour offense à l’islam. Son procès a fait couler beaucoup d’encre.

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