Visite-surprise. Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères français, est en visite, ce mercredi 8 décembre 2021, à Alger.
« Visite tenue secrète », selon l’agence AFP. La sémantique n’est pas la même.
Pour le ministère français des Affaires étrangères, il s’agit « d’une visite de travail, d’évaluation et de relance des relations ». Pour le ministre algérien des Affaires étrangères, il est question « d’une visite de travail et d’évaluation des relations bilatérales ». Il n’y aura pas de discussion sur « la relance ». A l’heure actuelle.
La partie française, selon des sources informées, a tout fait pour obtenir une audience du chef de la diplomatie française auprès du président Abdelmadjid Tebboune avant la fin de l’année en cours.
Les propos de Macron sur l’Algérie suscitent toujours la colère
Le chef de l’Etat algérien n’a pas caché sa colère après les déclarations, qualifiées de graves, du président français Emmanuel Macron sur « la rente mémorielle », sur l’Histoire de l’Algérie et sur le système politique algérien.
« La construction de l’Algérie comme nation est un phénomène à regarder. Est-ce qu’il y avait une nation algérienne avant la colonisation française ? », s’est interrogé Emmanuel Macron, début octobre 2021, en recevant des Français ayant des liens avec l’Algérie, à l’Elysée.
Une interrogation qui a été fortement critiquée en Algérie par la classe politique, les combattants de la guerre de libération nationale, les historiens et les intellectuels. Des propos contestés en France également par ceux qui connaissent la longue histoire et riche de l’Algérie.
L’ambassadeur d’Algérie à Paris est toujours à…Alger
Alger a rappelé son ambassadeur à Paris pour consultation. Mohamed-Antar Daoud n’est pas retourné en France, ce qui signifie que la crise diplomatique entre les deux pays est toujours là.
« Je n’ai pas besoin de vous. La manière de traiter doit changer, ça sera d’égal à égal. Il n’y a pas de problème de faire du commerce, vendre et acheter, mais pas question qu’on soit pris sous votre protection ou sous votre aile, nous sommes grands. Je peux traiter avec vous mais sans que nos ou vos intérêts ne soient contrariés. Nous sommes d’accord la dessus, mais vous ne nous imposez rien. Personne ne peut nous imposer quoi que ce soit », a déclaré le président Tebboune à propos de la France, vendredi 26 novembre 2021, lors d’une rencontre avec la presse.
Plusieurs contrats n’ont pas été renouvelés avec les sociétés françaises ces derniers mois et l’Algérie a décidé d’interdire définitivement le survol des avions français participants à des opérations militaires au Sahel sauf pour des cas humanitaires.
Le chef de l’Etat a exigé que Paris respecte l’Etat algérien et ses institutions, un préalable à un retour de l’ambassadeur d’Algérie à Paris. « La France doit oublier que l’Algérie était une colonie », a-t-il dit.
Macron n’est pas revenu sur ses déclarations«
Récemment le Président de la République a rappelé son profond respect pour le peuple algérien. Cela signifie aussi bien sûr le respect fondamental de la souveraineté algérienne », a réagi le chef de la diplomatie française.
« C’est aux Algériens et à eux seuls de décider de leurs destins et de définir les contours de leurs choix et de leur débat politique », a-t-il ajouté.
A Alger, on constate qu’Emmanuel Macron, qui serait candidat à la présidentielle d’avril 2022, n’est pas revenu sur ses propos, les a même maintenus. Aussi, la mission de Jean Yves Le Drian apparaît comme compliquée. Surtout que Paris n’a pas du tout réagi aux protestations de l’Algérie après la réduction de 50 % des visas pour les Algériens. Décision bâtie sur un mensonge du ministre de l’Intérieur français à propos du nombre de cas de réadmission, selon les autorités algériennes.
Pour rappel, Jean Yves Le Drian a visité l’Algérie quatre fois en deux ans. Sa dernière venue remonte à octobre 2020.