« Docteur Mohamed Lamine Debaghine, un intellectuel chez les plébéiens » de l’écrivain Rachid Khettab est un ouvrage consacré à la vie et au parcours militant d’un pionnier du nationalisme algérien, qui a joué un rôle important dans la lutte contre la colonisation française depuis les années 1940 jusqu’au recouvrement de l’indépendance de l’Algérie.
Paru récemment aux éditions Dar Khettab, le livre retrace, à travers quelque 370 pages, la vie de Mohamed Lamine Debaghine depuis sa naissance à la Casbah d’Alger le 24 janvier 1917 jusqu’à sa mort le 20 janvier 2003 à El-Eulma.
Il évoque les principales étapes de son parcours politique avant et après les massacres du 8 mai 1945, puis durant la lutte armée contre le colonisateur français de 1954 à 1962, période durant laquelle il a occupé des postes importants, dont celui de ministre des Affaires extérieures du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA).
Le livre s’intéresse à l’enfance de cette personnalité et à son engagement politique jusqu’en mai 1945, puis de cette période jusqu’à sa démission du Mouvement des triomphes des libertés démocratiques (MTLD) à la fin de l’année 1949, ensuite il décrit sa « traversée du désert » qui va jusqu’à son départ au Caire à l’automne 1955.
L’ouvrage évoque son activité politique à la tête de la délégation extérieure du Front de libération nationale (FLN) et membre du deuxième Comité de Coordination et d’exécution (CCE) en 1957, puis comme ministre des Affaires extérieures du GPRA jusqu’à 1959, et enfin sa retraite définitive du champ politique depuis 1960, pour se consacrer à son métier de médecin jusqu’à sa mort. « Ce récit biographique est à la fois l’aboutissement d’un travail de recherche dans les archives algériennes et françaises et l’ébauche d’une démarche analytique pour saisir les non-dits de notre histoire contemporaine et du rôle de l’intellectuel dans le processus de prise de conscience nationale », explique l’auteur qui déplore le « peu de travaux » sur ce personnage qui « s’est muré dans un silence obstiné, refusant de parler de son combat politique ».
Lamine Debaghine, souvent évoqué par les historiens, chroniqueurs, dirigeants et ses contemporains « n’a jamais fait l’objet d’un travail de recherche proprement dit », souligne M. Khettab, notant que le défunt, après l’indépendance de l’Algérie, « a toujours décliné poliment les sollicitations, refusant de parler ou d’écrire », en répondant, « Je n’ai fait que mon devoir, envers Dieu et la patrie ». M. Khettab reconnait, cependant, que présenter cette biographie n’a pas été « chose aisée » pour deux raison: « l’une est liée au caractère très discret du personnage qui n’a laissé que très peu de traces écrites ou de confidences, l’autre relève des conditions historiques particulières dans lesquelles s’est inscrite toute son activité politique, caractérisée par le secret, dû à la clandestinité et à la répression coloniale ».
Diplômé en sciences humaines, Rachid Khettab est l’auteur de deux dictionnaires biographiques à caractère historique: « Frères et compagnons » consacré aux Algériens d’origine européenne et de confession juive durant la Guerre de libération nationale et « Les amis des frères » dédié aux soutiens internationaux à la lutte de libération.