L’atelier du grand miniaturiste algérien, Mohamed Racim, à la Casbah d’Alger est à l’abandon. Une situation incompréhensible pour un lieu qui a vu la conception et la réalisation d’œuvres majeures. Dans une situation « normale », ceux qui sont en charge de la culture ou du tourisme, que ce soit au niveau local ou national, se seraient empressées de le mettre en valeur et d’en faire un point d’attraction. C’est un lieu de notre mémoire culturelle qui se désintègre en silence.
L’alerte, appuyée par une photo éloquente, a été lancée aujourd’hui sur Facebook par Nidam Abdi, ancien journaliste, consultant en transition et développement numérique des territoires urbain.
Nidam Abdi s’offusque dans son post de voir que 45 années après « son imprévisible décès » (Omar Racim et sa femme ont été assassinés le 30 mars 1975 par des malfaiteurs présumés – ndlr -) de voir que « l’atelier à la Casbah de Mohamed Racim, le père de la miniature algérienne est délaissé et fermé comme n’importe quel gourbi d’indigène de l’époque coloniale. C’est bien d’avoir le nationalisme à fleur de peau et une nouvelle mosquée avec un minaret plus grand que les tours de New York, mais si on traite de la sorte ses génies créateurs, on comprend pourquoi la Casbah est fermée aux touristes: japonais, allemands, suédois, coréens, sénégalais, américains, argentins, français, tunisiens, marocains, sud-africains, polonais, belges, ivoiriens, libanais, irlandais, anglais. ».
Mohamed Racim est né le 24 juin 1896 dans une famille d’artistes de la Casbah, à Alger. Il a perfectionné et affiné la technique qui lui a été transmise en faisant un grand travail de documentation dans les grandes bibliothèques d’Europe. Mohamed Racim a illustré notamment les Mille et Une Nuits, le Jardin des Roses de Saadi. L’orientaliste Georges Marçais, avec qui il a publié en 1960 « Vie musulmane d’hier », lui a donné le surnom de « chantre d’Alger ». Mohamed Racim a enseigné à l’école de beaux-arts et a relancé en Algérie l’art de la miniature et de l’enluminure.