Visiter le musée des beaux-arts d’Alger en temps de Covid-19 est un voyage rare en solitaire à travers les siècles. L’affluence a considérablement baissé, disent les agents du musée, pas plus de dix visiteurs en moyenne par jour. Du coup, disent-ils, nul besoin d’appliquer un protocole sanitaire drastique, le musée avec sa superficie de 4200 m² est largement suffisant pour accueillir avec aisance ses rares visiteurs en temps de pandémie.
Avoir un visiteur au moment de l’ouverture du musée est d’ailleurs totalement exceptionnel. Le préposé à l’accueil le confirme: depuis la réouverture du musée, c’est calme. Les employés sont souvent seuls à apprécier le calme et la magnificence des lieux.
«Le pic des visites au musée est souvent enregistré en été, mais cela n’a pas le cas cette année. La fréquentation n’a jamais été très élevée en général, mais la baisse sensible par rapport à la fréquentation habituelle est évidemment liée à la situation sanitaire, et aussi à l’interdiction des visite de groupes» souligne-t-il.
Le musée a beau être pratiquement vide, il faut néanmoins respecter les consignes : porter le masque, suivre le parcours fléché, respecter la distanciation et l’interdiction de filmer. Les rares visiteurs sont des étudiants qui viennent consulter les livres d’art de la bibliothèque, où bien quelques jeunes qui profitent de la terrasse avec sa vue magnifique sur le Jardin d’essais et la baie d’Alger.
Avec sa respectable superficie, le musée des beaux-arts d’Alger est l’un des plus grands d’Afrique. Il abrite une prestigieuse collection de plus de 8000 œuvres. Des peintures, sculptures, dessins, porcelaines, miniatures, mobiliers d’art, et bien d’autres œuvres sont exposés aux visiteurs.
Le musée en a connu des épreuves. Plastifié par les ultras de l’OAS, il a vu quelques 300 de ses œuvres transférées en France à la veille de l’indépendance. Le but était de leur éviter le sort de la Bibliothèque universitaire partie en fumée à cause de la folie meurtrière des ultras: sur près de 600 000 ouvrages scientifiques et des manuscrits inédits en arabe et en latin, seulement 80.000 avaient pu être sauvés de cet autodafé mené par les fascistes de l’organisation armée secrète.
Les œuvres du musée transférées en France ont été récupérées en 1968 et offertes au regard du public lors de la réouverture du musée en 1969, à l’occasion du 1er Festival Panafricain d’Alger.
Les peintres algériens occupent une salle entière, avec une toile ou deux pour chaque peintre. Mohammed Racim et Issiakhem ont une salle dédiée. Des tableaux de Racim, moins connus que ses miniatures, sont exposés au dernier étage.
La salle dédiée à M’hamed Issiakhem, ne contient que quelques tableaux .
La bibliothèque du musée des beaux-arts d’Alger, est une œuvre en soi, grâce à son mobilier d’époque signé Louis Fernez et son fonds d’environ 14. 000 ouvrages spécialisés dans l’art d’une manière générale. Une dizaine de tableaux de Baya y sont accrochés.
Du coté des Européens, la visite se transforme en un réel voyage à travers cinq siècles de peinture. Ils sont tous là, Renoir, Degas, Monet, Sisley, David, Chassériau, Courbet, Géricault, Delacroix, Milet, Utrillo, Vlaminck, Gauguin, Pissarro et bien d’autres.
Les amateurs de sculpture ne seront pas en reste. Le musée possède 800 sculptures. Les plus célèbres celles de Rodin, Bourdelle.
Au musée des beaux-arts l’art est pluriel. D’une salle à une autre, il est représenté dans ses différentes expressions. Cette expérience inédite, d’avoir le musée rien qu’à soi, déambuler dans son vaste espace, ne devrait pas déplaire aux amateurs d’art. Ces visiteurs solitaires du musée des beaux-arts d’Alger, pourront s’offrir désormais le musée et ses 8000 œuvres, pour la somme dérisoire de 200 DA. Avis aux amateurs, le musée et ses richesses leur sont offerts. Une opportunité à saisir pour découvrir et faire découvrir un lieu riche et anormalement déserté en temps ordinaire comme en temps de pandémie.
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