Le groupe Dimastand est l’une des découvertes du 21 ème Festival européen en Algérie qui s’est déroulé du 24 juin au 2 juillet 2021 à Alger.
« Toujours debout ». C’est la signification de l’appellation « Dimastand », une réunion entre le mot en dialectal arabe algérien « Dima » et le mot en anglais « stand ». Être debout est une philosophie de ce groupe de musique né dans les quartiers de Béchar, dans le Sud-ouest algérien, en 2014.
« A Béchar, il faut fournir beaucoup d’efforts pour être visible. Nous faisons de l’art pour le partager avec les gens, tout viendra après avec l’aide de Dieu. Nous n’avons pas d’autres métiers que la musique. Nous passons des journées entières à répéter », confie Moulay Hachem Belghit ou Hicham, chanteur et percussionniste.
Après des passages à Constantine, Annaba, Tlemcen et Oran, à la faveur d’une tournée organisée dernièrement par l’Institut français en Algérie, Dimastand est passé au 21 ème Festival européen en Algérie, au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA), première grande scène à Alger.
« Nous avons affronté beaucoup d’obstacles »
Le groupe, qui a participé à la 11 ème édition du Festival national de la musique Diwane de Béchar en 2018, est connu par les jeunes de la Saoura depuis quelques années déjà. « Nous étions présents dans quelques soirées, ici et là, mais la première fois que nous sommes montés sur scène, c’était à Tlemcen, avec l’Institut français en décembre 2016 », se rappelle Moulay Hachem Belghit.
A l’origine Dimastand s’appelait « El fokr » (la pauvreté). « Nous sommes natifs presque des mêmes quartiers de Béchar, Haï Riadhi et 600. Nous nous connaissons donc en tant que musiciens. Nous avons choisi l’appellation Dimastand parce que nous avons affronté beaucoup d’obstacles et des tentatives de casse. Par exemple, une famille qui ne veut que vous fassiez de la musique. Donc, il faut rester debout, ne pas tomber », confie-t-il.
Les musiciens ont appris sur le tas, au contact d’autres artistes de la Saoura surtout de Kenadsa où est né le célèbre ensemble El Ferda.
Inspirés par Bob Marley et Steel Pulse
Inspirés par Steel Pulse, Peter Tosh et Bob Marley, Dimastand fait du reggae teinté de couleurs sahariennes. Le projet de Dimastand donc est de fusionner le reggae, lui même né du ska jamaïcain, avec le diwane et d’autres sonorités roots algériennes.
« Les musulmans plaident pour la paix, l’amour, le bon comportement en société, la philanthropie. En Jamaïque, Bob Marley et les rastamen croient à la paix aussi. Nous adoptons les mêmes principes selon nos propres croyances. De plus, les rythmes du reggae sont spirituels comme ceux du Sahara, de Béchar, des Touareg…Nous aimons le reggae, le contretemps dans le rythme, le jeu de batterie. Les Africains ont dit que nous avons choisi le reggae pour dire la vérité », explique Moulah Hachem Belghit, parolier du groupe aussi.
Le groupe est composé également de Djelloul Berraoud à la basse, Halim Ali Malek à la guitare, Ahmed Slimani et Walid Mokhtari aux claviers, Houssem Moussaoui à la batterie et Mahieddine Zouaidi à l’accompagnement rythmique.
« J’ai appris le chant avec mon père Moulay Driss, un joueur de oud à Béchar. Nous avons grandi avec les sonorités de Aissaouia dans une famille artistique. Enfant, j’écoutais Nass El Ghiwan, Lemchaheb, Jil Jilala, Khaled, El Anka, Mohamed Hayani, Sabah Fakhri, Wadie Essafi… », confie encore le chanteur de Dimastand.
Dimastand…« nous chantons en toute silmia »
Le premier album du groupe devait sortir, il y a deux ans. « Mais, nous n’étions pas prêts. Là, nous y travaillons. Nous allons développer tous nos titres et bien préparer le son du groupe », précise Moulah Hachem Belghit. Des titres du futur album ont été interprétés sur scène lors du 21 ème Festival européen comme « Love », « Breya », « Salam, salam », « Reggae music », « Balak nensaw », « Lâafou moulana »…
« Nous chantons sur les problèmes sociaux réels en toute silmia. Nous évoquons la réalité sans esprit d’affrontement. Ce que nous voyons dans la rue, nous le traduisons en chanson. Nous voulons un changement positif dans notre pays, loin de tout discours politique. Nous voulons que l’Algérie se développe », souhaite le chanteur de Dimastand, cheveux en dreadlocks, avant d’ajouter : « Nous allons rester ensemble pendant longtemps. Nous allons réaliser beaucoup de choses. Nous sommes qu’à nos débuts.
Chapeau pour l’article c’est du beau travail