Le président de l’Organisation nationale des éditeurs de livres (ONEL), Mustapha Kallab, regrette la non application de la loi sur le livre.
« Depuis 2015, la loi sur le livre, malgré nos appels incessants, n’a jamais été appliquée. Une loi muette. Presque six ans après, il n’y a toujours pas de textes d’application de cette loi », a constaté, mercredi 3 mars, Mustapha Kallab, président de l’Organisation nationale des éditeurs de livres (ONEL), en marge d’une conférence de presse, à la Bibliothèque nationale d’El Hamma, à Alger, sur l’organisation du premier Salon du livre d’Alger.
La loi 15/13 relative aux activités et au marché du livre a été promulguée le 15 juillet 2015. Plusieurs articles de cette loi ont renvoyé à des textes d’application, comme ceux relatifs à la vente électronique des livres, à l’organisation des manifestations autour du livre, au label qualité des ouvrages, à la marge bénéficiaire des libraires, etc.
« Nous devons travailler pour exporter le livre algérien »
Mustapha Kallab a cité l’exemple du prix unifié du livre, évoqué dans la loi de 2015. « Les mécanismes de compensation des éditeurs après l’application de ce prix n’ont jamais été précisés (…) En tant que professionnels, nous avons proposé plusieurs solutions pratiques, pas des slogans. Des solutions pour relancer le secteur à toutes les étapes. Nous devons travailler pour exporter le livre algérien en développant la traduction vers d’autres langues », a-t-il plaidé.
« Nous ne voulons pas du soutien, mais de l’accompagnement des pouvoirs publics. Nous nous interrogeons sur le rôle de l’Etat par rapport au livre, aux écrivains, aux penseurs… L’accompagnement se fera à travers une véritable politique destinée au livre. Que voulons-nous du livre ? Publier uniquement ou construire une véritable économie en se basant sur la science et la pensée? », s’est-il interrogé.
« Le métier de libraire est en voie d’extinction »
Mustapha Kallab a appelé à revoir le mode de fonctionnement du Fonds de développement des arts et des lettres (FDAL) et le Fonds d’appui à la reproduction qui relèvent du ministère de la Culture. « Il faut adopter un cahier de charges transparent pour ces fonds pour qu’ils soient réellement en faveur de la création », a-t-il proposé.
Il a regretté la réduction du nombre des librairies au niveau national. « Les espaces d’exposition des livres se ferment jour après jour. Lorsque l’éditeur publie un ouvrage, il ne sait pas où le présenter. Le métier de libraire est en voie d’extinction. Pour nous, l’espace naturel de la vente d’un livre est la librairie, pas le salon « , a-t-il constaté. L’espoir vient, selon lui, de la présence et de la promotion du livre sur les plateformes numériques.
« Les éditeurs algériens souffrent depuis plus de cinq ans »
Le président de l’ONEL a dénoncé le fait que les entreprises, les institutions, les écoles et les universités ne fassent plus d’acquisition de livres en papier. « Cela a eu des retombées négatives sur toute la chaîne du livre. Les éditeurs algériens souffrent depuis plus de cinq ans en raison de la crise économique. Les éditeurs, les distributeurs et les libraires sont au bord de la faillite, sans exception », a alerté Mustapha Kallab.
Il a cité l’exemple de sept librairies qui lui appartiennent. « Le rendement de ces librairies a baissé de 75 % . Je suis dans l’incapacité d’assurer le salaire des employés », a-t-il confié.
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