Le Directeur général des laboratoires Merinal, Nabil Mellah, a été condamné ce 31 juillet par le tribunal de Sidi M’hamed à 4 ans de prison ferme.
Le procureur de la République avait requis la semaine dernière 7 ans de prison ferme contre Nabil Mellah en détention provisoire depuis le 09 mai 2021. La défense de Nabil Mellah a fait appel.
Placé en détention provisoire par le juge d’instruction près le tribunal de Sidi M’Hamed, le DG de Merinal est accusé de « blanchiment d’argent » et « d’infraction sur les mouvements de capitaux ».
Nabil Mellah est visé par une plainte du ministère de l’Industrie pharmaceutique, dans le cadre d’une enquête sur des exportations de médicaments. Il a été maintes fois convoqué par la brigade de gendarmerie de Bab Jdid la semaine passée, suite à cette plainte pour « pratique commerciale illicite » et visant Vapropharm, société-soeur de Merinal.
Le DG de Merinal a été placé en garde à vue jeudi 06 mai 2021 avant d’être présenté devant le Procureur près le tribunal susnommé hier. Selon Maghreb Emergent, l’affaire est liée à une « vente à perte » du produit pharmaceutique Imurel.
L’affaire remonte à 2015, lorsque la pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) a émis un appel d’offres pour l’acquisition de médicaments d’immunodépresseurs. L’offre de la société incriminée a ainsi été rejetée, selon la même source, en raison de son prix considéré comme étant moins compétitif que celui des autres soumissionnaires.
Vapropharm s’est ainsi vu proposer l’obtention de 50% du marché à condition que la société s’aligne sur le prix le plus bas. Le fournisseur sud-africain de Vapropharm a accepté de payer la différence pour s’aligner sur le prix exigé par la PCH. Les virements provenant de l’Afrique du Sud vers l’Algérie pour compenser cette différence avoisinent ainsi 500.000 euros, consignés dans les relevés de l’entreprise, poursuit le même site d’informations.
Le même cas s’est appliqué à deux médicaments, pour lesquels l’accusation de « vente à perte » n’a pas été retenue dans l’enquête préliminaire. Ce n’est toutefois pas le cas pour Imurel, malgré les justificatifs de Vapropharm, qui prouvent que la société ne vendait pas à perte.
Un des avocats, relayé par Maghreb Emergent, a ainsi exprimé son étonnement après la décision du juge d’instruction de placer DG des laboratoires Merinal en détention.
Vague de solidarité, « harcèlement » contre Nabil Mellah
Il ne s’agit pas de la première affaire dans laquelle Nabil Mellah a été condamné. Il a écopé, dan une première affaire, qui remonte également à 2015, de 2 ans de prison avec sursis suite dans le cadre d’une enquête ayant visé un appel d’offre émis par le CHU d’Oran et qui portait « sur la fourniture de lots de produits d’anesthésie/réanimation et de chirurgie, de kits de rachianesthésie, de péridurale, des aiguilles de ponction lombaire », expliquait Nabil Mellal dans une tribune publiée sur Radio M.
La société était d’abord accusée d’avoir obtenu d’indus avantage. Une accusation rejetée par Nabil Mellah en juin 2020, lors de sa première audition par le juge d’instruction dans la même wilaya, puisque, a-t-il écrit, « nous n’avions pas été payés depuis 5 ans et que nous avions même intenté une action en justice contre l’hôpital pour recouvrer nos créances ».
Il est pourtant convoqué au procès puis, une semaine plus tard, condamnés à 2 ans de prison avec sursis, tandis que le DG du CHU, qui avait déjà été placé en détention provisoire, a été acquitté. « Je suis donc condamné à 2 ans de prison avec sursis pour un appel d’offres aux quantités dérisoires, qui ne représente même pas 1% de notre chiffre d’affaires, remporté par l’entreprise dans les règles de l’art et pour lequel elle n’a jamais été payée », avait-il encore écrit.
Une condamnation confirmée en appel.
Depuis son placement en détention provisoire, de nombreux internautes ont exprimé leur indignation quant à cette décision et leur solidarité à l’égard de Nabil Mellah, connu pour son honnêteté, intégrité et sollicitude. Et depuis le hashtag « Free Nabil Mellah » est resté parmi les tendances sur Twitter.
Nabil Mellah a été Secrétaire général de la puissante Union nationale des opérateurs en pharmacie (UNOP). Il s’est également engagé avec le mouvement Mouwatana avant le déclenchement du hirak, le 22 février 2019. Il fait partie, aussi des rares entrepreneurs, qui expriment leur solidarité active avec les médias fragiles.