Les relations entre Alger et Paris connaissent une nouvelle phase de tension suite à l’expulsion controversée du créateur de contenu algérien Boualem Naman (connu sous le pseudonyme de Doualmn) et aux récentes déclarations du président français Emmanuel Macron et ses ministres de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et celui des Affaires Etrangères, Jean-Noël Barrot. Le Président français avait publiquement pris position en faveur de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, actuellement emprisonné en Algérie, lors de la conférence annuelle des ambassadeurs à l’Élysée, le 6 janvier 2025.
Dans un discours considéré par les autorités algériennes comme une « immixtion éhontée et inacceptable » dans leurs affaires internes, Macron avait qualifié Sansal de « combattant pour la liberté » et critiqué son emprisonnement, le qualifiant d’arbitraire. Il a également accusé les autorités algériennes d’empêcher l’écrivain de recevoir les soins dont il a besoin pour une grave maladie.
Face à ces propos, le ministère algérien des Affaires étrangères a publié un communiqué le 7 janvier, dénonçant ces déclarations comme une atteinte à la souveraineté du pays. « Ces propos ne peuvent être que réprouvés, rejetés et condamnés pour ce qu’ils sont, une immixtion éhontée et inacceptable dans une affaire interne algérienne », a souligné le ministère.
L’affaire Boualem Naman, l’arbre qui cache la forêt
Quelques jours plus tard, l’affaire de l’expulsion de Boualem Naman a ajouté une couche supplémentaire aux tensions. Dans un communiqué publié le 11 janvier, Alger a fustigé les agissements de l’extrême droite française et certains responsables gouvernementaux français, les accusant de mener une « campagne de désinformation, voire de mystification, contre l’Algérie ».
Le ministère a rappelé que Boualem Naman, résident en France depuis 36 ans, dispose d’un permis de séjour depuis 15 ans et est père de deux enfants nés d’une union avec une ressortissante française. Il est professionnellement intégré, exerçant un emploi stable depuis plus de 15 ans. Le ministère souligne que son expulsion « précipitée et contestable » a empêché Naman de faire valoir ses droits devant les juridictions françaises et européennes.
Le ministère a déploré que Boualem Naman n’ait pas bénéficié d’un « procès judiciaire en bonne et due forme, qui constitue un rempart contre l’abus de pouvoir ». La décision d’expulsion aurait empêché le concerné de défendre ses droits lors du procès prévu pour le 24 février 2025.
Le droit à un procès équitable
En outre, Alger accuse Paris d’avoir violé les dispositions de la Convention consulaire algéro-française du 25 mai 1974 en ne notifiant ni l’arrestation, ni la mise en garde à vue, ni la détention, ni l’expulsion de Naman. La demande de visite consulaire formulée par Alger n’a également pas reçu de suite de la part des autorités françaises.
« Au vu de tous ces dépassements et violations des droits acquis par le ressortissant algérien sur le territoire français, la décision algérienne dans cette affaire est animée par le souci de lui permettre de répondre aux accusations portées contre lui, de faire valoir ses droits et de se défendre dans le cadre d’un processus judiciaire juste et équitable », a conclu le ministère.
La situation actuelle reflète une dégradation des relations bilatérales, marquée par des accusations mutuelles et un climat diplomatique tendu. L’Algérie rappelle cependant son attachement à une gestion sereine de ces différends et réaffirme son refus de se laisser entraîner dans une logique d’escalade ou de confrontation.