Plus jamais ça! » Après des millions de morts du Covid-19 et des pertes économiques incommensurables, la communauté internationale entame un long et difficile processus pour tenter de donner à l’OMS les moyens de mieux combattre la prochaine pandémie. « Tout cela se reproduira à moins que vous, les nations du monde, ne vous unissiez pour dire d’une seule voix: plus jamais ça! », a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, à l’ouverture ce 29 novembre d’une réunion exceptionnelle de l’Assemblée mondiale de la santé – organe décisionnel suprême de l’Organisation mondiale de la santé qui rassemble ses 194 membres.
« Le moment est venu de nous élever au-dessus de cette pandémie et de laisser un héritage aux générations qui nous suivront », a-t-il dit. Cette réunion de trois jours n’est que la seconde session spéciale de l’Assemblée mondiale de la santé. La première réunion extraordinaire avait été convoquée en 2006 suite au décès soudain de celui qui était alors le directeur général de l’OMS, le Sud-Coréen Lee Jong-wook.
Les membres de l’OMS sont convenus dimanche de lancer des négociations en vue de créer un instrument international pour mieux prévenir et combattre les pandémies. Au terme de la réunion, qui doit durer trois jours, les membres de l’OMS doivent officiellement valider le mandat de négociation.
Cette proposition d’instrument international contraignant – soutenu par le chef de l’OMS – avait été présentée fin mars dans une tribune signée par les dirigeants de pays répartis sur les cinq continents, dont le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre britannique Boris Johnson, ou encore les présidents sud-africain Cyril Ramaphosa, indonésien Joko Widodo et chilien Sebastián Pinera. « Aujourd’hui, j’espère que nous allons entrer dans l’histoire. La situation dans le monde l’exige », a déclaré lundi lors des débats le président du Conseil européen, Charles Michel, un des principaux fers de lance de ce projet.
Un traité contraignant
C’est dans un contexte de panique mondiale que se tient la réunion, organisée en format hybride, quelques jours après la découverte du nouveau variant Omicron du coronavirus. De nombreuses incertitudes planent encore sur la dangerosité et la transmissibilité du variant aux multiples mutations, mais les scientifiques redoutent déjà qu’il soit extrêmement contagieux et échappe en partie aux défenses immunitaires. « L’émergence d’Omicron est un autre rappel que le Covid n’en a pas fini avec nous », a souligné M. Tedros.
La gestion du Covid-19 a montré les limites de ce que l’OMS a le droit et les moyens de faire. Manque de partage des échantillons et des données sur les premiers cas de Covid, manque de partage des vaccins: « Au fond, la pandémie est une crise de solidarité et de partage », a encore relevé M. Tedros, qui réclame un renforcement de l’OMS face aux Etats.
« La crise actuelle montre à quel point il est indispensable de disposer d’une Organisation mondiale de la santé forte, efficace et universelle, engagée sur le long terme », a relevé pour sa part le ministre suisse de la Santé, Alain Berset. Et d’avertir: « Les enjeux sont trop élevés. Nous ne pouvons pas échouer ». « Les mesures visant à améliorer la prévention et la réponse aux pandémies devraient être définies dans un traité contraignant », a ajouté la chancelière allemande Angela Merkel.
Le chemin reste toutefois encore long avant qu’un traité ou un autre instrument international sur les pandémies puisse voir le jour. Le projet d’accord sur lequel les membres de l’OMS se sont mis d’accord dimanche de façon informelle prévoit dans un premier temps la création d' »un organe intergouvernemental » en vue de rédiger et négocier « une convention, un accord ou un autre instrument international de l’OMS sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies ». Un rapport intermédiaire est attendu pour mai 2023.
Le résultat devrait être sur la table pour l’Assemblée mondiale de la santé de mai 2024.