L’ONM critique le rapport : « L’art d’écrire de Benjamin Stora a montré ses limites »

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L'ONM critique le rapport : "L'art d'écrire de Benjamin Stora a montré ses limites"
Mohand Ouamar Benlhadj, le SG de l'ONM
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L’Organisation nationale des Moudjahidine (ONM)critique le rapport de l’historien français Benjamin Stora sur la mémoire coloniale.
« L’art d’écrire, de narrer et de conter de Benjamin Stora a montré ses limites », déclare Mohand Ouamar Benlhadj, secrétaire général par intérim de l’ONM dans une vidéo postée sur la chaîne youtube de l’organisation. « Ma grand mère n’était pas historienne mais savait raconter des histoires du début jusqu’à la fin », ironise-t-il.

Il s’interroge pourquoi Benjamin Stora cite le cas de l’avocat nationaliste Ali Boumendjel, exécuté par les paras français en 1957, et pas les autres combattants algériens. « Aussaresses a reconnu ce meurtre comme celui de Larbi Ben M’Hidi (la même année). Où sont donc les 8000 personnes arrêtées et exécutées et qu’on désigne par l’expression « Les crevettes Bigeard »? Le secrétaire général de la préfecture d’Alger a démissionné en raison de la disparition de ces personnes. Et, il en a parlé », ajoute-t-il.
« Crevettes Bigeard »Lors de « la bataille d’Alger », en 1957, des milliers de personnes ont été jetées depuis un hélicoptère en méditerranée, les pieds piégés dans une bassine de ciment pour les faire couler. Les premières victimes ont été jetées dans le port d’Alger.

Elles ont été désignées par « les crevettes Bigeard », du nom du chef militaire Marcel Bigeard, connu par ses méthodes brutales et qui a servi sous le commandement du général Jacques Massu.  Bigeard n’a jamais reconnu le recours à la méthode des « crevettes », contrairement à Paul Aussaresses. Cette méthode a été reprise par la dictature argentine dans les années 1970.


Le général De Bollardière et la dénonciation de la torture

Les algériens doivent, selon le SG de l’ONM, rendre hommage au général français Jacques Pâris de Bollardière, ancien résistant contre le régime nazi, qui avait dénoncé le recours massif à la torture en Algérie par les militaires français. Il est le seul haut gradé français en fonction à l’avoir fait.

« ll a été mis aux arrêts de forteresse (avril 1957). Après, il a quitté l’armée(en 1961). De Bollardière a dénoncé les tueries qui ont eu lieu dans son secteur dans la Mitidja où il y a eu plusieurs exécutions sommaires. Des fusils de chasses étaient posés devant les cadavres pour que « L’Echo d’Alger » et « La Dépêche » écrivent après que des fellaghas ont été abattus alors qu’il s’agissait de civils », rappelle Mohand Ouamar Benlhadj.  


La position de Jean-Michel Apathie saluée

Le SG de l’ONM a salué la position du journaliste français Jean-Michel Apathie qui a demandé à la France de présenter des excuses aux Algériens en raison des crimes commis durant la colonisation. « Ce journaliste est à féliciter. Il est honnête et objectif. Il sort du commun », souligne-t-il.
« On a volé les terres aux Algériens, on a empêché la scolarisation de cinq générations d’Algériens, condamnés à l’ignorance et à l’analphabétisme. On a lancé du napalm sur des villages algériens », a dénoncé Jean-Michel Apathie dans une émission télévisée.

50 % d’Algériens ont disparu entre 1830 et 1865

Selon le SG de l’ONM, Benjamin Stora a omis de faire la genèse de la colonisation depuis le début. « Il y a eu une invasion de notre pays. Après, les gens ont été expropriés de leurs biens, il y a eu des enfumades, des assassinats, une exploitation de survivants. A cela, se sont ajoutées les épidémies », dit-il.
 « En 1830, le nombre d’Algériens était de six millions. En 1865, ce nombre était de trois millions. 50 % de la population avait disparu? Où étaient-ils donc passés? Des Algériens avaient trouvé la mort par la répression, le feu, le fer, la faim et la maladie », poursuit Mohand Ouamar Benlhadj.
« Je ne crois pas que Benjamin Stora ait écrit dans son rapport ce qu’il pensait réellement. On lui a imposé certaines choses. Ce qu’il a écrit lui porte préjudice en tant qu’historien. Il y a de véritables inepties. Ce n’est pas de cette façon qu’on doit écrire un rapport sur une situation qui a duré 132 ans », souligne-t-il. Et d’ajouter : « si on doit comptabiliser pour la durée de la colonisation, combien coûte une vie humaine? Quel est le coût du loyer d’un lopin de terre pendant 132 ans? On n’est pas arrivé à cela ».

« La France a commis des crimes en Algérie »

Il rappelle qu’après l’adoption de la loi portant « bienfaits » de la colonisation, en 2005, des pieds-noirs ont débarqué en Algérie pour « réclamer leurs bicoques laissées ici ». « Ils ont introduit des requêtes en justice pour réclamer leurs maisons. Nous demandons (aux Français) de reconnaître les crimes commis en Algérie. La France a commis des crimes en Algérie. Il y a eu des millions de morts. Qu’ils le reconnaissent », insiste-t-il.
Il regrette l’existence « une certaine léthargie » en Algérie. « Le rapport Stora est plus critiqué en France qu’en Algérie. Il est vrai qu’il concerne d’abord les français, mais c’est nous qui sommes l’objet de ce rapport. Il ne faut pas qu’on dorme, que notre jeunesse s’éveille », conseille-t-il.

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