L’Algérie, aux côtés de sept autres membres de l’alliance Opep+ – comprenant l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Irak, le Kazakhstan, le Koweït, Oman et la Russie – a acté, lors d’une réunion ministérielle par vidéoconférence ce lundi, un assouplissement progressif des réductions volontaires de production pétrolière à partir du 1er avril 2025. Cette décision, annoncée dans un communiqué du ministère algérien de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables, marque une étape stratégique pour le cartel élargi, visant à répondre aux dynamiques du marché tout en préservant sa stabilité.
Une stratégie d’équilibre face à un marché jugé sain
Réunis virtuellement, les huit pays, qui représentent une part significative de l’offre mondiale de pétrole, ont décidé de réintroduire progressivement les 2,2 millions de barils par jour (bpj) qu’ils avaient volontairement retirés du marché. Pour l’Algérie, cela se traduira par une hausse de la production à 911 000 bpj dès avril 2025, avec une progression prévue jusqu’à 1,007 million de bpj d’ici fin 2026, selon les données de l’Opep. Cette mesure fait suite à une évaluation approfondie des fondamentaux du marché, qualifiés de « sains » par l’organisation, et des perspectives optimistes pour les mois à venir.
Le ministre algérien de l’Énergie, Mohamed Arkab, a salué cette décision comme le reflet d’une « approche responsable » des membres de l’Opep+. « Elle s’inscrit dans nos efforts continus pour assurer un équilibre durable du marché pétrolier, tout en préservant les intérêts des producteurs et des consommateurs », a-t-il déclaré, cité dans le communiqué officiel. Une position qui souligne l’engagement d’Alger à jouer un rôle pivot dans la stabilisation des cours mondiaux, alors que le pays bénéficie déjà d’une conjoncture favorable liée aux prix élevés du brut depuis le conflit en Ukraine.
Flexibilité et prudence : un retour sous surveillance
Si l’Opep+ opte pour une augmentation graduelle, elle insiste sur sa capacité à ajuster le tir en cas de besoin. « Cette hausse pourrait être suspendue ou inversée en fonction des conditions du marché », précise le communiqué de l’organisation, mettant en avant une flexibilité stratégique. Cette prudence témoigne des incertitudes qui planent encore sur la demande mondiale, notamment dans un contexte de ralentissement économique en Chine et de transitions énergétiques accélérées en Europe. Les huit pays se réservent ainsi une marge de manœuvre pour éviter une surabondance qui pourrait faire chuter les prix, un scénario préjudiciable pour des économies pétro-dépendantes comme celle de l’Algérie.
Impact économique pour l’Algérie
Pour l’Algérie, cette décision offre une opportunité de maximiser ses revenus pétroliers, qui représentent environ 60 % de son budget national. L’augmentation progressive de sa production, de 911 000 bpj en avril 2025 à plus d’un million d’ici fin 2026, devrait renforcer ses capacités financières, notamment pour soutenir son ambitieux budget militaire de 25 milliards de dollars en 2025 et ses investissements dans les technologies de pointe, comme les satellites. Cependant, cette stratégie reste tributaire de la stabilité des cours, une variable que l’Opep+ entend contrôler étroitement.
Perspectives pour le marché pétrolier
L’annonce intervient dans un contexte où les prix du pétrole oscillent autour de niveaux confortables pour les producteurs, dopés par les tensions géopolitiques et une reprise modérée de la demande post-pandémique. En optant pour une réinjection graduelle, l’Opep+ cherche à accompagner cette dynamique sans provoquer de déséquilibre. Les analystes économiques surveilleront de près les réactions des marchés dans les prochaines semaines, alors que cette décision pourrait influencer les stratégies des autres grands producteurs, comme les États-Unis, dont la production de schiste reste un facteur concurrentiel.
En somme, l’Algérie et ses partenaires de l’Opep+ misent sur une gestion prudente et coordonnée pour tirer parti d’un marché pétrolier en convalescence, tout en se ménageant une porte de sortie face aux aléas économiques mondiaux. Une équation délicate, mais cruciale pour les finances des pays membres.