Les deuxième Journées du théâtre méditerranéen ont débuté, vendredi 7 juillet au soir, au Théâtre régional Abdelkader Alloula d’ Oran (TRO). Elles se poursuivent jusqu’au 12 du même mois.
En fin de journée, le public se rassemble déjà devant les escaliers du TRO, une belle bâtisse située en face de la Place du 1er novembre (Place d’armes). Dans le hall, l’accueil musical est assuré par trois musiciens d’une association locale. L’habit traditionnel algérien est à l’honneur avec la présence de quatre jeunes filles et hommes devant la porte d’entrée à la grande salle. Une manière de valoriser le patrimoine vestimentaire algérien. Des casquettes et des tee-shirts à l’effigie du TRO sont mis en vente en soutien à la manifestation.
« Le public d’Oran a contribué au financement de l’événement. Nous sommes soutenus par des associations bénévoles qui se sont chargées de l’accueil, de l’animation musicale et des visites touristiques guidées. Des membres d’une association ont acheté trente tickets comme forme d’appui. L’animatrice de la cérémonie d’ouverture est une professionnelle de la télévision. Elle est bénévole et elle a acheté un abonnement. Nous avons déjà 64 abonnements. Nous voulons contribuer à ancrer la culture de l’abonnement dans les théâtres », déclare Mourad Senouci, directeur du TRO, et organisateur de l’événement.
« Les Oranais appuient notre événement »
Les Journée du théâtre amateur ont été lancées en juin 2022 à l’occasion de la tenue à Oran des Jeux méditerranéens. « Nous avons établi une liste de bénévoles. Les oranais appuient notre événement. Il est faux de dire que le public ne vient pas au théâtre. Le public n’aime pas la médiocrité, vient lorsqu’il trouve un programme artistique et une organisation de qualité et un bon accueil. Nous avons demandé au ministère de la Culture et des Arts de nous appuyer mais sans nous donner de subvention.
L’événement est soutenu par le public puisque les dépenses sont couvertes par la billetterie. Le public est donc partie prenante dans l’organisation des Journées », insiste Mourad Senouci.
Et d’ajouter : « quand la société adopte un événement culturel, c’est une garantie pour sa pérennité. Nous ne voulons pas que l’événement soit lié à une personne mais à la ville ».
Outre l’Algérie, trois pays participent aux deuxièmes Journées du théâtre méditerranéen. Il s’agit de la Tunisie avec la pièce « Hadith tarakon » de Saber El Hami d’après un texte de Yousra Ben Ali. Une pièce produite par le Centre des arts dramatiques et scéniques de Kairouan.
« Le directeur du centre de Kairouan est également premier responsable du Festival du théâtre méditerranéen en Tunisie. Notre but est d’établir des relations internationales aussi », souligne Mourad Senouci.
« l Ultima Estate » (Le dernier été) de Claudio Fava représente l’Italie. « Le spectacle italien sera accompagné par une traduction simultanée sur écran du texte. C’est une nouvelle expérience pour nous, un essai technique que nous avons entamé depuis trois mois. Cela nous permettra dans le futur d’ouvrir nos horizons à d’autres pays comme la Turquie, Chypre ou la Grèce. L’handicap de la langue sera surmonté. Nous voulons découvrir d’autres expériences théâtrales », relève le directeur du TRO.
« L’image d’Oran est désormais liée à la culture »
La France participe avec la pièce « Taha » de Sylvain Machak et de Ramzi Aburedwan. « C’est une pièce qui défend la cause palestinienne. Nous avons choisi des spectacles avec peu de comédiens, selon nos moyens. Dans nos cahiers de charges, nous demandons aux participants de payer leurs billets d’avion. L’image d’Oran est désormais liée à la culture. La troupe italienne a été invitée par une famille oranaise pour un déjeuner et pour une visite de la ville. Une autre famille va offrir des gâteaux traditionnels aux invités. C’est la preuve d’une adhésion populaire à l’action culturelle », note Mourad Senouci.
La pièce « El Azeb » (le célibataire) de Moulay Meliani Mohamed Mourad est après la cérémonie d’ouverture. Produite par le TRO d’après le roman de Rabéa Djalti, « Azeb hay el morjane », cette pièce a déjà participé, en décembre 2022, au Festival national du théâtre professionnel d’Alger (FNTP). Elle rassemble des comédiens du TRO à l’image de Mustapha Miratia, Amin Rara, Amina Belhocine, Youcef Gouasmi et Houria Zaouèche. La pièce évoque l’histoire de Zoubir, un enseignant célibataire endurci, qui est pris par des peurs et des apprensions. Il retarde à chaque fois la date du mariage. Il arrive à convaincre sa future épouse que la maison où ils vivront ensemble est hantée par les esprits. Zoubir vit des fantasmes qui lui font « rencontrer » la pulpeuse Maryleen. Mêlant comédie noire et burlesque, la pièce dénonce les attitudes sociales hypocrites, « le barbus qui a un double visage », les commérages de quartier et le discours de certains sur le changement « alors qu’ils ne peuvent rien changer de leur vie ».
Inscrire Oran dans le réseau des villes créatives
Lors de l’allocution d’ouverture, Mourad Senouci évoque une volonté d’inscrire Oran dans le réseau des villes créatives. « Pour réaliser cet objectif, il faut continuer de travailler », soutient-il.
« Le Réseau des villes créatives (RVCU) a été créé en 2004 pour promouvoir la coopération avec et entre les villes ayant identifié la créativité comme un facteur stratégique du développement urbain durable. Près de 300 villes dans le monde qui forment actuellement ce réseau travaillent ensemble vers un objectif commun : placer la créativité et les industries culturelles au cœur de leur plan de développement au niveau local et coopérer activement au niveau international », précise l’Unesco sur son site.
Mourad Senouci souhaite que les Journées du théâtre méditerranéen d’Oran soit érigé en festival international en 2024. « Notre but est que dans trois ans le Festival d’Oran du théâtre méditerranéen soit inscrit dans l’agenda culturel de la zone méditerranéenne. Nous voulons être à la hauteur. Nous connaissons parfaitement la relation qui existe entre le théâtre et le tourisme et le théâtre et l’économie. Nous avançons pour atteindre cet objectif », promet-il.