Lorsque l’amour de l’Afrique s’allie à la passion du stylisme, le résultat est une mode ethnique qui valorise un héritage culturel. Ces deux passions, Yasmine Gadouche a su les marier et créer sa marque de vêtements baptisée MAKEBA.
Cette jeune styliste conçoit des modèles modernes et leur donne une touche africaine.
Âgée de 28 ans, Yasmine Gadouche est diplômée de la MDI-Algiers Business School. Un établissement privé de formation supérieure de gestion en Algérie. Une fois son diplôme en poche, elle entame une carrière dans le domaine bancaire et le marketing digital. En 2020, elle lance la marque MAKEBA Algérie qu’elle gère tout en continuant à travailler en entreprise.
« Il ne s’agit pas d’une reconversion professionnelle proprement dite. Je dirai, plutôt, que je suis à l’écoute de mes passions et que je sors facilement de ma zone de confort pour tenter de nouvelles aventures. Quand j’ai commencé à travailler sur le projet MAKEBA, ma situation professionnelle était stable. Seulement, j’avais d’autres ambitions. J’ai toujours aimé la mode, les étoffes et le mariage des couleurs. J’estime que le vêtement est bien plus qu’un habit. Il véhicule toute une culture, que ce soit à travers sa coupe, le tissu, les ornements…etc. Les vêtements MAKEBA sont donc des modèles de prêt-à-porter, avec des détails qui rappelle l’Afrique » précise Yasmine Gadouche.
Yasmine Gadouche, se dit avant tout africaine. « Nous appartenons à un continent riche en patrimoine et nous devrions le valoriser davantage », estime-elle.
Cette envie de porter haut la culture africaine prend tout son sens lorsque la jeune femme entreprend un voyage au Sénégal en 2019. « Pour l’anecdote, quand j’étais petite on m’avait offert un globe. Je m’amusais à le faire tourner et pointer le globe avec mon doigt à un endroit pour l’arrêter. Je tombais à chaque fois sur le Sénégal, et c’est comme ça que j’ai commencé à m’intéresser à ce pays que j’ai enfin visité en 2019 », se souvient Yasmine Gadouche .
Au Sénégal, Yasmine Gadouche va à la découverte des régions de ce pays. Elle s’intéresse à ses traditions et coutumes mais aussi au textile africain, aux accessoires et le style vestimentaire.
« Avant de partir au Sénégal, j’avais avancé sur le business plan de mon projet. Une fois sur place, j’avais consacré une partie de mon séjour pour aller à la rencontre des vendeurs de wax. Je me suis procurée une grande quantité de tissus dans différentes couleurs et motifs. J’ai pris également beaucoup d’accessoires que j’utilise pour mes shootings », raconte Yasmine Gadouche .
De retour en Algérie Yasmine Gadouche est désormais prêt à se lancer officiellement. Le nom qu’elle attribue à sa marque, MAKEBA, est un hommage à l’icône internationale de la musique africaine, Miriam Makeba.
Des idées pleins la tête, mais Yasmine Gadouche sait qu’il faut aussi se former. À quelques mois du lancement de la marque, elle s’inscrit à l’école artistique ISF où elle suit une formation en stylisme d’une durée de trois mois.
« Au sein de cette école les candidats apprennent à dessiner des croquis de mode. Par exemple le cuir et la laine ne se dessinent pas de la même manière. On nous apprend aussi à associer les couleurs et bien d’autres techniques et astuces », explique Yasmine Gadouche .
À l’issue de cette formation, elle acquiert les compétences nécessaires en dessin et commence à faire les premiers modèles de la marque. Pour la première collection MAKEBA, Yasmine conçoit des modèles hommes et femmes, divers où chacun y trouve son goût.
« Les modèles que je crée son des vêtements de tous les jours, certains sont un peu habillés, à porter dans les petites occasions. Pour la gente masculine, il y avait des polos et bermudas en coton et en toile avec des détails au niveau du col et les manches en tissu wax. Pour les femmes, il y avait des robes, des jupes des combinaisons des totbag et bien d’autres », décrit Yasmine Gadouche .
La jeune styliste utilise des tissus locaux algériens qui rappellent le tissu africain dans leurs couleurs et motifs.
À ce jour, Yasmine a conçu quatre collections MAKEBA. Elle dessine ses modèles, les soumets à un atelier de couture pour des prototypes avant de lancer la collection.
« Le tissu wax est très difficile à coudre. Je tiens toujours à tester le modèle avant de lancer la collection. C’est aussi une manière pour moi de corriger les erreurs. Je teste moi-même le prototype, je le porte, je le lave, je le repasse, pour enfin le valider, le confort est primordial quand on conçoit des vêtements », explique-t-elle.
Le lancement de la marque coïncide avec le début de la pandémie du coronavirus. Yasmine a dû s’adapter à la situation afin que son projet survive.
« Au départ je voulais faire des vêtements entièrement en wax seulement avec l’arrivée de la pandémie et la fermeture des frontières, je savais que ça allait être difficile de se procurer les tissus. J’ai donc revu mon projet et opté pour des vêtements avec des détails africains. Aujourd’hui je travaille encore grâce à mon stock de tissus que j’ai rapporté du Sénégal », informe Yasmine.
Une marque dans laquelle on se sent bien
À travers la marque MAKEBA, Yasmine tente de déconstruire les clichés qui orbitent autour de la mode. Elle estime que quelque soit la morphologie de la personne elle devrait trouver des vêtements qui soient à son goût et à sa taille.
« Les vêtements MAKEBA sont cousus dans les différentes tailles. Nous avons énormément de grandes tailles, pour répondre à toutes les commandes. La marque MAKEBA repose sur la valeur de la diversité. Quand je dessine le vêtement je ne l’imagine pas particulièrement sur moi, mais plutôt sur d’autres personnes, ce qui me permet de donner libre cours à mon imagination et de satisfaire les goûts, les couleurs et les tailles de tous ceux qui voudront porter du MAKEBA », renseigne Yasmine sur sa marque.
Yasmine confie que c’est un travail qui repose essentiellement sur la recherche. Elle se documente pour anticiper les tendances et les adapter à l’identité de sa marque.
Aujourd’hui MAKEBA est une marque en ligne. Sur le site de la marque, les clients trouvent des modèles pour chaque saison. Yasmine souhaite ouvrir la boutique MAKEBA dans un avenir proche. Concernant l’apprentissage, la jeune femme continue de se former et entame prochainement la deuxième session de sa formation.
Yasmine souhaite que son projet soit porteur des messages positifs. Relever le pari de l’entreprenariat dans un domaine diffèrent de sa formation n’est pas sans contraintes mais n’est pas impossible. Pour Yasmine, il ne faut jamais taire ses ambitions, aussi improbables soient-elles, car elles trouveront toujours un moyen de se concrétiser.
[…] Par Latifa Abada -14/10/20210 […]