Six dossiers de biens culturels matériels algériens, sites oasiens et urbain, parcours thématique, ou encore monuments funéraires antiques figurent sur la liste indicative de l’Unesco, dans un état prévisionnel des biens à proposer en vue d’une inscription au patrimoine mondial de l’humanité.
Les dossiers des « oasis à foggaras et les ksour du Grand Erg Occidental », « Sites, lieux et itinéraires augustiniens du Maghreb central », « Nedroma et les Trara », « Oued Souf », « Les Mausolées Royaux de Numidie », de la Maurétanie et les monuments funéraires préislamiques », ainsi que le « Parc des Aurès avec les établissements oasiens des gorges du Rhoufi et d’El Kantara » figurent, comme le stipule la Convention de 1972, sur la liste indicative de l’Unesco, indique l’universitaire et expert Toufik Hamoum.
Selon cet expert du patrimoine culturel auprès du Centre du patrimoine mondial de l’Unesco et de l’Icesco, ces dossiers ont été inscrit en 2002 et comptent entre autres le Medghacen, le Mausolée royal de Maurétanie, le Mausolée de Beni Rhénan, les Djeddars et le tombeau de Tin Hinan.
Ce classement sur la liste indicative, implique, selon l’expert, « l’engagement de l’Etat partie à préparer des dossiers de nominations en vue de leur classement » sur la liste du patrimoine mondial. Ces dossiers doivent être étayés par l’identification de tous les critères de la valeur exceptionnelle universelle des biens proposés, et par l’application des mesures correctives recommandées par le Comité du Patrimoine Mondial après évaluation de l’état du bien.
Une fois inscrit sur la liste du patrimoine mondial, le bien « changera de statut pour devenir patrimoine universel de l’humanité et jouira d’un suivi pour sa conservation, sa gestion et d’une protection par tous les instruments juridiques Unesco », explique Toufik Hamoum, précisant que ce statut impliquera « des contributions financières et une expertise internationale pour des opérations d’urgences sur le bien », si nécessaire.
Interrogé sur l’état de conservation des monuments concernés, il estime qu’ils connaissent une dégradation accélérée, durant ce siècle, due à différents facteurs, d’abord naturels comme les séismes et les changements climatiques puis humains comme l’extension urbaine et les projets d’aménagement.
Selon lui, une mise à jour des contenus et des éléments indicateurs de nomination à la lumière des récentes découvertes et études, est également « nécessaire » pour mieux conforter le dossier de nomination au patrimoine mondial, regrettant une « absence de suivi réactif de ces dossiers ».
Evoquant des dossiers de biens culturels similaires sur le territoire tunisiens, l’universitaire préconise de reprendre ces dossiers de manière « urgente » et d’adopter une « démarche de classement commune », l’Unesco favorisant actuellement les « initiatives communes pour valoriser un patrimoine partagé ».
Considérant que le patrimoine constitue une « matière grise pour une économie culturelle dans toutes ses dimensions et une alternative certaine de développement », ce professeur de l’Institut d’archéologie, estime qu’un classement sur la liste du patrimoine mondial est déjà une « protection en soi », impliquant la « protection juridique nationale et internationale ».
A une question sur l’apport d’un classement à l’Unesco, Toufik Hamoum explique que cette démarche implique également « une assistance directe en cas de situations d’urgences », le financement éventuel d’opérations de restauration et de mise en valeur, en plus d’ouvrir une voie concrète pour la valorisation de notre patrimoine à l’international.
Un classement contribue également, selon lui, à la valorisation et la vente de l’image et de la destination « Algérie » sur la base d’éléments « concrets et valorisants », pour réussir cette « transition imminente ».
L’Algérie compte sept éléments inscrits à la liste du patrimoine mondial de l’humanité, « La Kalâa des Béni Hammad » à Msila, fondée au XIe siècle aura été le premier site porté sur cette liste en 1980. L’année 1982 verra l’inscription des sites antiques de « Djemila » ou l’antique Cuicul à Sétif, « Timgad » à Batna, et « Tipasa » (1982) et du fabuleux musée ouvert sur l’histoire de l’humanité, « Tassili N’Ajjer », son ensemble d’art rupestre, son paysage lunaire et sa réserve de diversité biologique et écologique.
La même année verra également le classement d’un premier centre historique habité, la « Vallée du M’zab », et ses ksour millénaires fortifiés témoins de l’habitat traditionnel, qui sera suivi dix ans plus tard par l’inscription de la ville méditerranéenne par excellence, la « Casbah d’Alger ».
Chacun de ses sites est encadré par des institutions d’envergure à l’image des parcs culturels du M’zab ou du Tassili N’Ajjer, en plus d’opérations de préservation et d’une exploitation touristique assurée par l’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels (Ogebc).