Le Sommet du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui s’est déroulé à Al Ula, en Arabie Saoudite, s’est achevé avec la signature d’un accord mettant fin à la crise entre le Qatar et ses voisins.
Les signataires, selon le communiqué final du sommet, déclarent respecter la souveraineté de chaque État et s’interdisent de porter atteinte à la sécurité d’un pays membre du Conseil. Le ministre saoudien des Affaires étrangères Fayçal Ben Farhane Ben Abdallah a déclaré que les pays du Golfe tournent la page de la crise avec le Qatar et rétablissent les relations diplomatiques, rompues en juin 2017.
« Quelques soient les différends dans la maison du Golfe, la sagesse des dirigeants saura tout dépasser », a-t-il assuré, cité par les agences de presse. Selon lui, les pays, ayant signé l’accord de « solidarité et de stabilité » d’Al Ula, seront solidaires face à toute « ingérence directe ou indirecte » dans les affaires internes de l’un des pays membres du CCG, une allusion à l’Iran.
Il a appelé à consolider les relations et à respecter les règles du bon voisinage. Il a salué le rôle joué par le Koweït et les États-Unis dans la médiation pour mettre fin à une crise qui a duré trois ans. L’Arabie Saoudite a annoncé, le soir du lundi 4 janvier 2021, avoir ouvert ses frontières terrestres et maritimes et son espace aérien avec le Qatar.
Silence à Abu Dhabi et à Manama
Les Émirats arabes unis, en conflit avec Doha également, ont évité de fairedes déclarations sur la levée du blocus imposé au Qatar mais ont signé l’accord d’Al Ula. Au sommet du CCG, Abu Dhabi a délégué le vice-président Cheikh Mohamed Ben Rashed.Le roi du Bahreïn, Hamad Ben Aissa Al Khalifa n’a pas fait le déplacement à Al Ula.
Il a été remplacé par le prince héritier l’émir Salmane Ben Hamad Al Khalifa. Le Bahreïn figure aussi parmi les pays qui ont rompu leurs relations avec le Qatar. Idem pour l’Égypte qui était représentée au sommet, à titre exceptionnel, par son ministre des Affaires étrangères Sameh Choukri. L’Égypte a signé également l’accord d’Al Ula.
Le Caire reproche notamment à Doha son soutien au mouvement des Frères musulmans. Riyad, Abu Dhabi et Manama ont accusé, en 2017, le Qatar d’appuyer le terrorisme et d’entretenir des relations avec l’Iran, considéré comme « un ennemi commun ». Un responsable américain a annoncé que les Émirats arabes unis, le Bahreïn et l’Égypte vont lever le blocus.
Sécurité et intégration économique
Le Qatar s’est engagé, de son côté, d’abandonner les poursuites qu’il a engagées auprès d’institutions internationales contre le blocus commercial et aérien qui lui a été imposé par ses voisins. Dans la Déclaration d’Al Ula, il est rappelé la nécessité de consolider la coopération dans les domaines de la sécurité, de la défense et de la lutte contre les pandémies.
Il est souligné aussi l’importance de l’intégration économique, de l’économie numérique, de l’intelligence artificielle et de la lutte contre la corruption. Les pays du Golfe veulent également relancer le projet de construction d’un réseau ferré reliant les pays de la région.
Sous le regard de Jared Kushner
Jared Kushner, gendre et conseiller du président américain sortant Donald Trump a assisté au sommet du CCG d’Al Ula. Sa présence n’a pas été expliquée mais il aurait joué un rôle dans le rapprochement entre Riyad et Doha. Il a visité les deux capitales ces dernières semaines. L’objectif stratégique de Washington reste de créer « un bloc » arabe dans la région du Golfe et du Moyen-Orient, où elle possède une vingtaine de bases militaires, contre l’Iran. L’autre objectif, fortement défendu par Jared Kushner, est « la normalisation » des relations avec Israël. En ce sens, des pressions sont exercées actuellement sur Doha et Riyad.