Le président sortant Recep Tayyip Erdogan est en bonne voie vers une nouvelle victoire à la tête de la Turquie dimanche, au soir du second tour de la présidentielle qui confirme une volonté de stabilité de la part de la population.
Selon l’agence officielle Anadolu, après dépouillement des deux tiers des bulletins, le chef de l’Etat au pouvoir depuis vingt ans est donné avec une avance significative avec près de 55% des suffrages exprimés, contre 45% à son rival social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu.
Ces chiffres publiés 90 minutes après la clôture du scrutin sont toutefois susceptibles d’évoluer.
En dépit d’un fort désir de changement d’une partie de l’électorat, le chef de l’Etat sortant, 69 ans, est grand favori avec cinq points d’avance à l’issue du premier tour du 14 mai, où il avait recueilli 49,5% des suffrages.
Recep Tayyip Erdogan, a voté à la mi-journée dans le quartier d’Usküdar sur la rive asiatique d’Istanbul: une foule enjouée l’y attendait, à laquelle les gardes du corps ont distribué des jouets tandis que le président glissait quelques billets de banque à des enfants.
« Aucun pays au monde ne connaît des taux de participation de 90%, la Turquie les a presque atteints. Je demande à mes concitoyens de venir voter sans faiblir », a-t-il fait valoir.
Au premier tour, la participation avait atteint 87%.
Presque simultanément, Kemal Kiliçdaroglu, le rival d’Erdogan, déposait son bulletin à Ankara en incitant ses concitoyens à voter « pour se débarrasser d’un gouvernement autoritaire ».
Campagne « serrée »
Les deux candidats ont appelé leurs partisans à veiller sur les urnes jusqu’aux résultats définitifs. « Il est maintenant temps de protéger la volonté de notre nation au-dessus de nos têtes jusqu’au dernier moment ! », a tweeté M. Erdogan immédiatement après la fermeture des bureaux de vote à 17H00 locales (14H00 GMT).
Le camp Erdogan n’a eu de cesse de qualifier l’opposition emmenée par Kiliçdaroglu de « terroriste » en raison du soutien que lui ont apporté les responsables du parti pro-kurde HDP.
Au soir du premier tour, les premiers résultats avaient fait l’objet de nombreuses contestations verbales de la part de l’opposition qui a, cette fois, décidé de poster cinq scrutateurs devant chaque urne, soit un million d’observateurs à travers le pays.
A Ankara, Mehmet Emin Ayaz, chef d’entreprise de 64 ans, estimait « important de conserver ce qui a été acquis au cours des vingt dernières années en Turquie » sous l’ère Erdogan. A l’opposé, Aysen Gunday, retraitée de 61 ans, voulait faire de ce scrutin « un référendum » contre le président et a choisi Kemal Kiliçdaroglu.
Deux visions du pays, de la société et de la gouvernance s’offraient aux 60 millions d’électeurs de Turquie (la diaspora a déjà voté) appelés aux urnes: la stabilité et la continuité avec Recep Tayyip Erdogan, ou les promesses de plus de libertés et un « Etat de droit » et à la justice, selon ses termes, de l’adversaire d’Erdogan, ancien haut fonctionnaire de 74 ans.
Pas plus que lors de la campagne du premier tour, l’économie ne s’est imposée dans le débat national malgré une inflation autour de 40% et la dégringolade de la monnaie nationale qui impacte fortement le pouvoir d’achat de la population.
Même les zones dévastées par le séisme du 6 février, qui a fait au moins 50.000 morts et trois millions de déplacés, avaient massivement accordé leur confiance au chef de l’Etat qui a multiplié les largesses et les promesses de reconstruction. De leurs points de vue, les grands défis de la reconstruction et du sauvetage économiques ne peuvent être opérés que par Erdogan.
Se plaignant d’une inégalité d’accès aux grands médias et surtout aux chaînes de télévision officielles, Kemal Kiliçdaroglu a bataillé sur les réseaux sociaux notamment Twitter alors que ses partisans tentaient de mobiliser les électeurs par du porte-à-porte dans les grandes villes.
Ce dimanche, le camp Erdogan affichait sa confiance assurant préparer le discours du président sortant, en soirée, depuis le palais présidentiel d’Ankara.