Les annonces qui viennent d’être faites au sujet de la presse électronique sont, une fois de plus, marquées par la suspicion et la volonté de contrôler au lieu d’une vision stratégique appuyant le développement de contenus algériens crédibles et de qualité. De faux barrages sont en passe, une nouvelle fois, d’être créés. Leur résultat est évident : ils n’entravent que les professionnels Algériens et empêchent l’Algérie d’avoir une présence sérieuse et audible sur la toile.
Le vieux discours clairement anxiogène et méfiant à l’égard de la presse électronique est fortement présent dans ces annonces et il est révélateur d’une totale déconnexion tant on ne semble pas prendre la mesure de ce qu’est l’Internet aujourd’hui et de ses vrais enjeux.
Twitter, Facebook, Instagram, Snapchat, TikTock… ont envahi les mobiles à travers le monde, et ne sont plus que des générateurs de trafic de la Webosphere. Les ad-blocks sont de plus en plus d’usage y compris sur les mobiles. Les visuels et le pré-roll vidéo publicitaire ne sont plus les bienvenus sur les écrans. Les articles dans leurs formes écrites sont déjà presque dépassés. Les vidéos sont de plus en plus dominantes sur les plateformes.
Si les Américains ont suivi la première élection de Barack Obama en 2008 sur Twitter, c’est sur Facebook qu’ils ont suivi en 2012 sa réélection. En 2016, ils ont suivi l’élection de M.Trump sur Snapchat. Et qui sait, cette année, la partie se jouera, peut-être, sur Instagram et le chinois TikTok, en dépit de tous les efforts de le bloquer, pour l’élection du 04 novembre qui opposera Donald Trump à Joe Biden.
Aux Etats-Unis, PAYS précurseur des médias en ligne et lanceur de toutes les nouveautés, la révolution en ligne est permanente. Al Jazeera, la chaine de télévision qatarie qui a échoué à se faire une place dans le monde des télés aux Amériques, avait réussi à opérer une mutation des plus réussies.
Sa chaine numérique AJ+, lancée en 2014 et dirigée par la journaliste palestinienne Dima El Khatib, est en pôle-position des start-ups en ligne avec un contenu 100% vidéos. Sa start-up évolutive en 2014, AJ+ n’a même pas besoin, aujourd’hui, d’un site hébergé aux states ou ailleurs pour réaliser non pas des millions de vues par an mais des milliards de vues de ses vidéos déclinées en 4 langues (Arabe, anglais, Espagnol et Français). Avec une petite équipe au lancement, AJ+ est devenue aujourd’hui un exemple en la matière.
En témoignent tous ces médias qui se sont mis à l’imiter et à produire ce genre de vidéos. Sa ligne éditoriale, souvent décriée en France notamment, ne l’a pas empêchée d’exercer dans ce pays au prétexte d’être une des expressions du « soft power » qatari.
Inutile de citer Brut et Buzzfeed dédiés aux jeunes connectés et dont l’audience dépasse de très loin celles de la majorité des journaux dont la notoriété est assise depuis des lustres.
Les sites électroniques opèrent en ce moment une transformation fondamentale en devenant 100% plateformes sociales et 100% vidéos. Toujours plus vite. Toujours plus rapide que les autres. Une course vertigineuse ! Et c’est là tout le défi pour la survie des médias en ligne. En Algérie ou ailleurs.
Mais ici, c’est STOP !
On rembobine tout ! Il faut revenir en arrière… A l’ère de la vitesse de l’éclair, au moment où ailleurs on commence à dire adieu aux articles, où les directs (Lives) sont devenus légende, où l’on monte des « stories » avec des équipes 100% vidéos toujours dans des formats de plus en plus courts et optimisés pour les réseaux sociaux… En Algérie, la régulation prend des allures de contrôle politique.
La presse électronique inquiète toujours et souvent les amalgames entre des médias professionnels et les réseaux sociaux sont sciemment entretenus. Qui donc menace-t-elle cette presse électronique qui travaille, pour la plupart des titres, dans une grande adversité ?
La réponse est pourtant simple : elle est la seule à faire de la concurrence aux contenus extérieurs. Dans tous les pays du monde, c’est une chose positive. En Algérie tout porte à croire que non !
Englués dans des calculs étriqués, les pouvoirs publics restent dans une position de méfiance et d’hostilité vis-à-vis de la presse électronique car elle échappe à ses modes de contrôle classique (publicité étatique et imprimeries). Au point d’ailleurs, suprême ironie, d’avoir durablement envoyé un mauvais signal à la presse papier pour lui signifier qu’elle aussi est menacée par la presse électronique. En vérité, la presse électronique n’était que le signal que les journaux papiers doivent se remettre en cause et se reconfigurer dans un monde de plus en plus numérique.
L’année du Hirak n’aura paradoxalement fait que crisper davantage des autorités appellés à construire « l’Algérie nouvelle ». Le projet du décret exécutif semble anachronique, entièrement centré, on le devine aisément, sur les soucis immédiats de neutraliser des adversaires présumés.
Du coup, c’est sans nuance que la presse électronique est assimilée à la foire des réseaux sociaux où l’on trouve de tout, du pire et du meilleur. Et d’emblée on l’accuse de véhiculer les « fakes news » et les « deepfake ».
Dans ce monde qui bouge à une allure vertigineuse, l’Algérie, comme beaucoup de pays de sa taille, doit suivre les évolutions. Le seul domaine où elle pourra faire la différence, c’est dans la production des contenus algériens jusque-là bridés par les pouvoirs publics de manière directe ou indirecte.
On attendait donc un signal des pouvoirs publics en direction des producteurs de contenus, dont les journaux électroniques font partie, pour que les Algériens soient correctement informés sur le pays et sur le monde par des professionnels Algériens. Et l’enjeu est fondamental. On attendait à défaut d’un soutien, du moins la promesse qu’on ne les entravera pas. A la place, la presse électronique reçoit un message de défiance et une menace de répression.
La presse électronique algérienne n’est pas assimilable aux réseaux sociaux, c’est un non-sens de le dire. Le pouvoir détient, bien sûr, les moyens de nuire aux journaux électroniques qui sont adossés à des entreprises en bonne et due forme. Il restera totalement impuissant face à Facebook and Co. Et il n’empêchera pas des Algériens qui en ont les moyens de créer, de l’extérieur, des médias qui cibleront les Algériens.
L’Algérie risque une fois de plus de rater un important virage et de disparaître des écrans radars de la cyber-planète. On fait mine de s’inquiéter du poids des médias étrangers sur lesquels on n’a aucune influence, mais on cherche concrètement à étouffer les médias Algériens qui peuvent, de manière professionnelle, leur faire contrepoids. De manière absurde, on veut contrôler l’Internet. Et pourtant, on sait qu’un caillou ne peut pas bloquer le cours d’un torrent.
Ils ont bloqué le matin d Algerie c est un drame de laisser cette pègre confiner le citoyen Algérien dans leur cocon
C est pire que Pinochet et Franco ensemble et ils prétendent aimer l Algerie mais il n aiment que leurs intérêts
Omar de Hamburg
[…] des manipulations, sont de facto entravés et empêchés. Au lieu d’un contexte encourageant, ils se retrouvent à slalomer entre interdits et décrets qui n’ont d’autres objectifs qu’un contrôle politique pur et simple qui, quand il […]