Procès des frères Kouninef: près de 9 milliards de Da pour des projets non exécutés

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La deuxième journée du procès de Reda, Abdelkader Karim et Tarik Noah Kouninef, au tribunal de Sidi M’Hamed, à Alger, s’est concentré, ce jeudi 10 septembre, sur deux projets inachevés accordés au groupe Kou.G.C. Il s’agit des parcs industriels de Ain Oussara (Djelfa) et de Ksar El Boukhari (Médéa).

Des responsables de l’Agence nationale d’intermédiation et de régulation foncière (ANIREF) ont été appelés à la barre. Auditionnant Adel Mekahlia, directeur régional de l’ANIREF, la juge a observé que les deux marchés ont été accordés au groupe Kouninef en « un temps très court » (48 heures) sans passer par le bureau d’études. « C’est la procédure que nous poursuivons en cas d’absence de concurrents », a-t-il répondu.

La juge a souligné que les engagements contractuels n’ont pas été respectés par le groupe Kouninef qui a enregistré beaucoup de retard dans la réalisation des deux projets. « Avez-vous envoyer des mises en demeure? », a demandé la juge. « Nous n’avons pas la prérogative d’envoyer des mises en demeure, mais nous avons envoyé des rapports à la direction générale de l’ANIREF soulignant les dépassements de délais », a répondu Adel Mekahlia.

Leila Benaï, autre directrice régionale de l’ANIREF, a informé le tribunal qu’elle avait pendant neuf mois alerté le directeur général sur les retards constatés. « Le DG m’a dit de ne plus lui envoyer des alertes. Seul le DG a l’autorité d’intervenir et de mettre fin aux dépassements de délais », a-t-elle précisé, après une question du procureur. « Et qu’avez gagné en gardant le silence? », demande la juge. « J’ai bénéficié de promotions dans mon travail », a-t-elle répondu.

« Le même matériel pour deux projets ayant les mêmes délais d’exécution »

Mustapha Ait Kaci, secrétaire général de l’ANIREF, a, de son côté, indiqué au tribunal que des observations étaient faites lors des réunions sur le non respect des délais dans l’exécution des deux projets d’Ain Oussara et de Ksar El Boukhari.

« Nous avons découvert que le groupe Kou.G.C a mobilisé les mêmes travailleurs et le même matériel pour deux projets différents ayant les mêmes délais d’exécution », a-t-il détaillé. Malgré cette situation, le groupe Kou.G.C a bénéficié d’un troisième projet de parc industriel à Ain Abid (Constantine) dont les travaux n’ont jamais été achevés.

« En raison de la politique d’austérité », a répondu Mustapha Aït Kaci. La valeur des projets d’Ain Abid, de Ksar El Boukhari et d’Ain Oussara est de 885 milliards de centimes. Un argent versé pour des projets non exécutés. Le tribunal a évoqué « la modification des coûts et des délais de réalisation » de ces projets. « Comment expliquez-vous que vous ayez accordé trois marchés au même groupe, c’est une injustice à l’égard des autres sociétés? », a demandé le procureur.

« Quand les conditions sont réunies, cela est possible. Les sociétés qui postulent aux projets ont le droit d’introduire un recours », a répondu Mustapha Aït Kaci.

Lors du premier jour du procès, mercredi 9 septembre, Reda Kouninef a expliqué les retards à Ain Oussara et à Ksar El Boukhari par le refus de la Sonelagz de faire passer des câbles électriques par des tunnels.

Une villa achetée à l’ambassade de France

A propos de ses biens immobiliers Réda Kouninef a déclaré, devant le tribunal, qu’il avait acheté une villa à El Biar, propriété de l’ambassade de France, et qu’il habitait une autre villa, louée à 75 millions de centimes par mois. Tarik Noah Kouninef a, lui, déclaré qu’il voulait une villa pour la même somme d’argent.

« Je possède deux lots de terrain, l’un à Bouzareah (100 m²) et un autre un Oran. A l’étranger, je n’ai pas de bien immobilier, je possède un compte bancaire depuis que j’étais étudiant », a-t-il répondu à la juge. « Pourquoi préférez vous louer des maisons en Algérie au lieu de les acheter puisque vous avez les moyens? », a interrogé le procureur.

« Je préfère mettre mon argent dans les investissements. Cela n’a rien à avoir avec le fait que j’ai la nationalité suisse », a répondu Tarik Noah Kouninef. Abdelkader Karim Kouninef a, lui, déclaré qu’il louait une maison en Algérie et qu’il possédait « un studio » en Suisse.

Pour rappel, les trois frères Kouninef sont poursuivis pour plusieurs chefs d’inculpation dont « blanchiment d’argent », « détournement de fonciers et concessions », « »non respect des engagements contractuels dans la réalisation de projets publics » et « trafic d’influence ». 

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