Le verdict dans l’affaire de l’universitaire et chercheur Saïd Djabelkhir sera rendu le 22 avril prochain. Le Procureur près le tribunal de Sidi M’Hamed à Alger a requis « l’application de la loi ». L’accusé a expliqué, dans un communiqué, les éléments pour lesquels il est accusé « d’offense à l’Islam ».
Said Djabelkhir est poursuivi suite à une plainte qui a été déposée contre lui par sept avocats et un enseignant universitaire pour « offense aux préceptes de l’islam ». Le procès, prévu le 25 février 2021 avant d’être reporté à ce jeudi 01 avril 2021, a surtout été marqué par des déclarations inaccoutumées de la part des avocats de la partie civile.
Selon plusieurs journalistes, la présidente de l’audience a déclaré « ne pas avoir assisté à des plaidoiries de la part des deux parties mais à un débat télévisé ». Un des avocats de la partie plaignante explique ainsi « se sentir dévasté en lisant les publications de Saïd Djabelkhir », l’accusant d’être « à la solde de parties étrangères » avant de le traiter de « sale à qui il ne faut pas parler, aux côtés de qui il ne faut pas s’asseoir ».
Une audience maintes fois tendue. Des journalistes ont également rapporté que les avocats de la partie plaignante ont sous-entendu que le plaignant « n’est pas obscurantiste, raison pour laquelle il a préféré recourir à la justice ».
Le même avocat a estimé durant sa plaidoirie que les publications de Saïd Djabelkhir « affecteront notre société à long terme ». Il cite, comme argument, le fait que « toutes les femmes (soient) dehors de nos jours », conséquence estime-t-il, des manuels scolaires qui « nous disaient que nos mères étaient au jardin alors qu’elles étaient à la maison ».
Said Djabelkhir a rejeté les accusations portées contre lui, affirmant que ses publications sur Facebook ne constituaient pas une offense à l’Islam. Il a affirmé que ses commentaires reposaient sur d »es recherches qu’il avait fait sur les livres de la tradition prophétique (Sunna) et de la Charia ».
A la fin du procès, des citoyens ont commencé à scander « Etat militaire, non laïc » et « Vive Gaïd Salah ». Des sogans auxquels d’autres citoyens, présents à la sortie du tribunal de Sidi M’Hamed, répliquaient par des « Djaziar, Hourra, Democratiya ».
Saïd Djabelkhir revient sur le procès
Dans une déclaration au site d’informations Interlignes, l’universitaire, chercheur et islamologue s’est dit « enrichi » par cette audience. Il a publié, dans la soirée de ce jeudi, un communiqué, revenant sur quelques faits du procès.
Il a ainsi fait savoir que la partie plaignante lui reprochait plusieurs de ses publications. « Je les ai reconnues et assumées toutes, sans nier la moindre d’entre elles. », a-t-il fait savoir. « Je les ai même expliquées avec leurs références religieuses et la jurisprudence islamique », écrit-il.
Said Djabelkhir poursuit que son lien avec une page à partir de laquelle des publications ont été prises et sur lesquelles se sont basées les avocats de la partie plaignante n’a pu être prouvé.
Il a également fait savoir que ses accusateurs ont évoqué plusieurs publications anciennes, datant de 2007. Il a dit avoir refusé de les assumer, « ne pouvant pas confirmer un propos qui remonte à 14 ans, dont je ne me souviens plus des détails ni du contexte. D’autant plus que ma page a été maintes fois piratée. Je ne peux ainsi pas garantir que ces publications n’ont pas été altérées », rajoute l’islamologue.
Said Djabelkhir a également évoqué des publications « n’ayant aucune relation avec l’objet de la plainte, qui ont été modifiées ». Les avocats de la partie plaignante se sont aussi basés sur des passages isolés de quelques publications, sans leurs contextes, « afin de l’utiliser contre moi ».
Il a fait savoir que les avocats de la partie plaignante ont également avancé des propos supposés être dits par Said Djabelkhir lors de rencontres avec la presse ou durant des passages à la télévision.
« Je leur ai demandé de diffuser les entretiens complets de mes interviews télévisées ou les articles de presses pour que mes propos ne soient pas sortis de leurs contextes, comme cela a été fait avec la vidéo sur le jeûne par la chaine El Bilad TV, qui a refusé de diffuser toute l’interview et qui refuse toujours de me donner une copie », a-t-il conclu.
Said Djabelkheir, âgé de 53 ans, est diplômé en sciences islamiques, auteur de deux ouvrages traitant de la religion. Il estimé être « accusé par des personnes qui n’ont aucune compétence en matière de religion ».
Il affirme qu’on lui reproche d’avoir rappelé que le sacrifice du mouton a préexisté à l’avènement de l’islam ou d’avoir critiqué certaines pratiques comme le mariage précoce des jeunes filles dans certaines sociétés musulmanes.
Il lui était également reproché certaines de ses publications sur Yennayer, « en réponse à certaines parties plaidant pour l’interdiction de sa célébration car ce serait fête païenne ». « Il est inconcevable qu’un spécialiste de la Charia offense la religion musulmane, a-t-il avancé, soulignant que « ses écrits s’inscrivent dans l’ordre de la jurisprudence, sans plus ».
[…] de son procès le 01 avril dernier, le procureur avait exigé « l’application de la loi » alors que la partie […]
[…] Djabelkhir n’est pas regardé comme un anthropologue, mais comme un militant, d’un parti politique de surcroit non reconnu[2]. Cela par un autre scientifique, ignorant de la matière scientifique, qui recrute un groupe d’avocats et interpelle la Justice. Ils jugent des effets non scientifiques des énoncés de Djabelkhir que celui-ci refuse de prendre en compte[3]. […]
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