Le projet de réalisation de la nouvelle ville de Hassi Messaoud est relancé avec le changement de tutelle. Réuni, mercredi 16 septembre 2020, le conseil du gouvernement a décidé de transférer la tutelle du projet du ministère de l’Energie vers le ministère de l’habitat, de l’urbanisme et de la ville.
Le conseil a, selon un communiqué de la Primature, adopté un projet de décret exécutif modifiant et complétant le décret exécutif 06/322 du 18 septembre 2006 fixant les missions, l’organisation et les modalités de fonctionnement de l’organisation de la ville nouvelle de Hassi Messaoud. Le texte porte également sur la reconfiguration du Conseil d’administration de l’organisme chargé de la gestion de ce projet.
La capitale du pétrole, située à 630 km au Sud-est d’Alger, attend le lancement réel des travaux de la nouvelle ville depuis 2006. Il s’agit de s’éloigner d’une zone « à risques majeurs », celle du périmètre d’exploitation du gisement de Hassi Messaoud.
En avril 2005, le gouvernement a publié le décret exécutif 05/127 en application de la loi 04/20 du 25 décembre 2004 relative à « la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable ». L’article 4 de ce décret a interdit « toute construction, réalisation ou investissement à caractère industriel, commercial, touristique ou agricole et, de façon générale, toute autre opération qui n’est pas directement liée à l’industrie des hydrocarbures » à l’intérieur du périmètre de Hassi-Messaoud.
Est interdit également tout octroi de permis de construire et/ou de concession « qui n’est pas lié directement à l’industrie des hydrocarbures ». Ce décret a été en partie non appliqué puisque la ville s’est développée depuis dans une incroyable anarchie urbaine sans que la population, estimée à plus de 130.000 habitants, ne bénéficie de nouvelles infrastructures scolaires, sanitaires ou sportives.
La commune la plus riche d’Algérie
Hassi Messaoud, qui est la commune la plus riche d’Algérie avec un budget annuel moyen de plus de 5 milliards de Da, n’a pas connu l’essor des villes pétrolières du Texas, des Emirats arabes unis ou de Koweït. Aucun gratte-ciel ni aucune université d’envergure, hôpitaux modernes ou hôtels de haut standing. Le projet de la nouvelle ville, qui comprend la construction de logements pour au moins 80.000 habitants avec toute la logistique qui va avec, a enregistré d’énormes retard.
En 2015, une entreprise chinoise a été chargée de construire 2.000 habitations dans des bâtiments ne dépassant pas les trois étages. Le projet de la nouvelle ville devait être achevé en…2020. Aucune opération n’a été lancée entre 2006 et 2012 alors que les ministres de l’Energie de l’époque ne cessaient pas de tenir des discours rassurants quant à l’évolution du projet.
EVNH, un établissement public à caractère industriel et commercial, a été chargé, en 2008, du projet de la nouvelle ville, sous la tutelle du ministère de l’Energie. Le plan présenté à l’époque, élaboré par un bureau d’étude sud-coréen, prévoyait la construction d’une nouvelle ville sur « le modèle d’une oasis urbaine fonctionnant à l’énergie solaire et éolienne » avec 20 % de superficie réservée aux espaces verts.
Dans le plan, il était question aussi d’une bande fraîche de 6 km destinée à protéger la nouvelle ville de l’arrivée des sables. La nouvelle ville de Hassi Messaoud sera située dans la région de Oued El Marâa, à 80 km de l’actuelle ville et de Ouargla. Il n’existe à ce jour aucune estimation du coût (et des surcoûts) de ce projet qui, tout compte fait, n’aurait jamais dû être pris en charge par le ministère de l’Energie.