Né en 1963 à al-Shati dans la bande de Ghaza, Ismaïl Haniyeh, est une figure centrale de la politique palestinienne notamment du mouvement de résistance Hamas.
Ses parents, des réfugiés, vivaient à l’origine dans ce qu’on appelle aujourd’hui, Ashkelon, avant l’expulsion des Palestiniens en 1948 pendant la guerre israélo-arabe de 1948. Dans sa jeunesse, Haniyeh a travaillé en Israël pour subvenir aux besoins de sa famille.
Par la suite, il a étudié la littérature arabe à l’Université islamique de Ghaza au début des années 1980, où il a été un important animateur du syndicat estudiantin. De 1985 à 1986, il a élu à la tête du conseil des étudiants représentant les Frères musulmans.
Son militantisme, dès son âge, l’a conduit à être emprisonné à plusieurs reprises par l’état occupant pendant la première Intifada (1987-1993) et à être déporté au Sud-Liban en 1992 avec d’autres membres actifs du Hamas.
De retour à Ghaza, Haniyeh a occupé des postes de direction à l’Université islamique et est devenu l’assistant d’Ahmad Yacine, le leader spirituel du Hamas. Nommé chef du bureau du Hamas en 1997, il a ensuite gravi les échelons de l’organisation.
En juin 2003, il échappe à une tentative d’assassinat ciblé. Après la mort de Yacine en 2004, Haniyeh émerge comme l’une des principales figures du bureau politique du Hamas et représente le mouvement dans le Comité de coordination des activités de la seconde Intifada.
Considéré comme un leader modéré au sein du Hamas, Haniyeh a dirigé la liste du mouvement lors des élections législatives de janvier 2006, saluées par l’Occident et considérées comme les élections les plus démocratiques de toute la région à l’époque. Après la victoire écrasante de son parti, il est nommé Premier ministre par le président palestinien, Mahmoud Abbas. Cependant, en juin 2007, alors qu’il dirige un gouvernement d’union nationale, Abbas le limoge suite à la prise de contrôle militaire de Ghaza par le Hamas. Malgré cela, Haniyeh reste Premier ministre aux yeux de la majorité de la population de Ghaza.
Après l’opération militaire israélienne à Ghaza de décembre 2008 à janvier 2009, Haniyeh cherche à éviter de nouvelles offensives et à alléger le blocus économique imposé par Israël. Bien que l’isolement de Ghaza persiste, il fait face à des critiques internes pour avoir semblé abandonner l’agenda nationaliste du Hamas. La libération en octobre 2011 du soldat franco-israélien Gilad Shalit contre plus d’un millier de prisonniers palestiniens renforce néanmoins sa position.
En novembre 2012, une nouvelle opération militaire israélienne à Ghaza, suivie d’un cessez-le-feu, consolide encore sa position. Il accueille triomphalement le leader politique en exil du Hamas, Khaled Mechaal, et reçoit le soutien de nombreuses personnalités politiques étrangères.
Depuis les printemps arabes, la situation à Ghaza est de plus en plus influencée par les acteurs régionaux, limitant la liberté d’action de Haniyeh. Le renversement de Mohamed Morsi en Égypte en juillet 2013 par le général al-Sissi, entraîne une politique hostile du gouvernement égyptien envers le Hamas. La fermeture fréquente du poste-frontière de Rafah et la destruction des tunnels reliant Ghaza à l’Égypte exacerbent les difficultés économiques et humanitaires de Ghaza.
En juin 2014, dans ce contexte difficile, Haniyeh s’accorde avec le président palestinien Mahmoud Abbas pour mettre fin à la division entre la Cisjordanie et Ghaza, établissant ainsi un gouvernement d’union nationale.
En 2018, il a été placé sur la liste des terroristes mondiaux spécialement désignés par les États-Unis.
Comme bon nombre de leaders palestiniens, Ismail Haniyeh est assassiné ce 31 juillet par les israéliens.