Rachid Djerourou, commissaire du Festival du théâtre professionnel de Sidi Bel Abbès : « Le théâtre algérien doit investir les espaces extérieurs »

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Rachid Djerourou, commissaire du Festival du théâtre professionnel de Sidi Bel Abbès : "Le théâtre algérien doit investir les espaces extérieurs"
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Rachid Djerourou est directeur du Théâtre régional de Sidi Bel Abbes et commissaire du Festival local du théâtre professionnel de Sidi Bel Abbès. Ce festival se déroule du 20 au 25 octobre 2022.

24H Algérie: Qu’est ce qui marque la 12ème édition du Festival local du théâtre professionnel de Sidi Bel Abbes ?
Rachid Djerourou: Ce qui est nouveau cette année est le mode de sélection des troupes. Auparavant, un comité de sélection choisissait les troupes et coopératives participant au festival sur base de spectacles vus sur support vidéo. Profitant de l’ouverture des espaces, après une rupture de deux ans en raison de la pandémie de Covid-19, nous avons choisi cette année l’organisation des présélections sous forme de mini festivals à Miliana et à Sidi Bel Abbès.
Miliana a une longue histoire, il n’y a qu’à citer Mohamed Bouras, Ali La Pointe, Mahfoud Touahri, Rédha Takhrist, Mohamed Cherchal, Sid Ahmed Kara…Miliana est une grande école du théâtre amateur. Sortis de cette école, certains sont de grands professionnels de la mise en scène ou de l’actorat aujourd’hui en Algérie.


Et comment s’est déroulé le mini festival à Miliana ?

Nous avons organisé les Journées théâtrales de Miliana en septembre 2022. La présélection  a été confiée à un jury composé de Halim Zeddam, Fatiha Ouared et Ahmed Beghalia. Des troupes sont venues de plusieurs régions du pays dont Tindouf et Laghouat. Des troupes qui ne sont pas montées sur scène depuis plus de quatre ans. En Algérie, il y a beaucoup d’artistes et peu de manifestations culturelles. Les gens du théâtre ont besoin de faire des spectacles, d’avoir l’avis des critiques et du public, provoquer le débat, faire tourner les spectacles, investir les planches… A Sidi Bel Abbes, nous avons un autre mini festival pour les troupes de la région, celles qui n’ont pas les moyens pour assurer leur transport. Pendant une semaine, des spectacles ont été donnés en présence du même jury de Miliana et devant le public.


Et finalement, huit troupes ont été retenues pour la 12ème édition du festival…

Oui, sur 22 troupes au départ, 8 ont été retenues pour cette phase éliminatoire pour le Festival national du théâtre professionnel d’Alger (FNTP), prévu pour décembre 2022.


Vous avez décidé de rendre hommage à Ahcen Assous, ex-directeur du Théâtre régional de Sidi Bel Abbes lors de la cérémonie d’ouverture

Le comédien Abdelkader Djeriou a décidé de rendre hommage à sa manière à Ahcen Assous, comédien, metteur en scène et ex-commissaire du festival, emporté par Covid-19 en 2021. Il fait appel à des pièces connues telles qu »‘El Ayta », « Koul wahed ou hkmou », « Hafila tassir », « El besma el majrouha », « Palestine trahie »… Le spectacle d’Abdelkader Djeriou était d’excellente qualité. Nous avons rendu hommage à Ahcen Assous et à Ahmed Benaissa. Ahcen Assous est resté douze ans à la tête du Théâtre régional de Sidi Bel Abbes. Sous sa direction, ce théâtre a connu une grande activité artistique. Il a notamment crée une passerelle entre le théâtre et l’université. Des comédiens du théâtre sont aujourd’hui diplômés en master ou en doctorat. Ils possèdent des instruments théoriques et pratiquent le théâtre en même temps. Ce bagage académique les aide beaucoup sur scène et dans leurs carrières artistiques.


Qu’en est-il des ateliers que vous avez prévu pour le festival ?

Nous avons programmé trois ateliers. Le premier sur l’éclairage animé par Mokhtar Abdallah Mouffok, les deux autres sur le son et sur la préparation du comédien. Ce dernier est animé par Bouadjadj Ghanem. Ces ateliers ont commencé le 15 septembre 2022 et s’achèvent le 27 du même mois. Évidemment, ce temps n’est pas suffisant pour ces ateliers.


Pensez vous qu’il faut créer d’autres instituts de formation aux arts dramatiques et aux arts de scène que l’ISMAS en Algérie ?
Oui. L’Algérie est un pays vaste. Nous sommes plus de 43 millions. Nous avons besoin aujourd’hui de plusieurs instituts car la demande est très forte. Nous avons également besoin de formations pour les techniciens. Pourquoi ne pas solliciter le secteur de la formation professionnelle pour les métiers du théâtre. Les élèves de terminale peuvent accéder à ces formations. Avec le système de conventions, des postes d’emploi seront assurés à ces jeunes dans les institutions culturelles publiques. Le matériel de ces institutions doit être géré par des professionnels formés pour cela. Avant de construire des murs ou des institutions, il faut préparer les personnels devant assurer la gestion technique de ces structures et l’entretien des équipements. Il va sans dire que le rôle des techniciens est déterminant dans les théâtres. Ils contribuent à la création de la beauté, à l’esthétique des spectacles, mais sans apparaître.


Le théâtre de rue est également présent lors de cette nouvelle édition du festival

Oui, vous avez vu qu’avant la cérémonie d’ouverture du festival, des spectacles de rue ont été donnés au niveau de la place du 1er novembre (ex-Carnot, en face du théâtre). Il y a eu « El Gafla » (la caravane) de Kada Benchemissa, un spectacle de la troupe Afkar wa founoun d’El Eulma (Sétif) et un autre de la « Halqa » de Sidi Bel Abbes. Ici, Abbas Lacarne assure bien la transmission de l’art de la halqa. Le théâtre algérien doit investir les espaces extérieurs. Nous avons un patrimoine culturel de l’art de la parole lié à ces espaces ouverts. El Maddah, El Goual et al Barrah ont inspiré les Alloula, Kateb et Kaki. Le théâtre populaire a également pris ses ressources dans ce patrimoine algérien vaste. 

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