Un mandat d’arrêt international a été émis contre le principal accusé dans l’affaire relative à l’acquisition par le groupe SOnatrach de la raffinerie d’Augusta, en Italie. L’annonce a été faite ce mercredi 24 février 2021 par le Premier ministre Abdelaziz Djerad depuis Hassi R’mel, où il est en visite à l’occasion de la célébration du 50e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures et du 65e anniversaire de la création de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA).
Cette affaire de corruption, dit-il, fait l’objet d’une enquête ouverte par le Pôle pénal économique et financier, a-t-il affirmé. « Nous continuerons à poursuivre en justice tous les responsables impliqués dans les affaires de corruption et les tentatives d’atteinte à l’économie nationale », a-t-il ajouté.
A cet effet, le Premier ministre a réaffirmé « la détermination de l’Etat à poursuivre la moralisation de la vie publique et du domaine économique, en réunissant les conditions idoines pour un climat économique empreint de transparence et de concurrence loyale et saine, d’une part et à lutter contre la corruption dans le cadre de la loi, d’autre part ».
La raffinerie d’Augusta « était une bonne affaire »
Abdelaziz Djerad n’a pas cité le nom du principal accusé. L’acquisition de cette raffinerie a eu lieu lorsque le groupe pétrolier était présidé Abdelmoumene Ould Kaddour, à l’étranger depuis avril 2019. Pour rappel, la raffinerie, située en Sicile, a été acquise par le groupe Sonatrach en 2018 à la faveur d’un accord conclu avec ESSO Italiana, ex-filiale du groupe américain ExxonMobil.
L’ex-ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, avait confirmé en janvier 2021 qu’une instruction est en cours, dans une interview accordée à l’agence russe Sputnik. Selon des médias, plusieurs dirigeants de la Sonatrach, dont des membres du Conseil d’administration à l’époque, ont déjà été entendus.
L’acquisition, qui a couté un investissement de 1 milliard de dollars selon les affirmations à l’époque d’Ould Kaddour, était au coeur d’une polémique, notamment le coût et la viabilité économique de la raffinerie. En théorie, Augusta est un complexe de raffinage devant permettre à la Sonatrach de se connecter aux principaux axes maritimes mondiaux à travers la mer Méditerranée. La raffinerie pouvait aussi, affirmaient les responsables de la compagnie à cette époque, produire une large gamme de produits raffinés.
Mais il a révélé que la raffinerie n’en était pas capable. « A l’époque, on disait que c’était un investissement à l’international qui devait permettre à l’Algérie de diminuer ses importations de gasoil. Quand on m’a informé du projet, on m’a dit que c’était une bonne affaire, ça va réduire nos importations, on va pouvoir traiter le brut algérien. J’ai dit que c’est une bonne affaire (…) Malheureusement, il s’est avéré que la raffinerie d’Augusta ne pouvait pas raffiner de pétrole algérien, mais du brut saoudien et azerbaïdjanais », a déclaré M. Attar.
Il s’agit « d’un préjudice vis-à-vis de l’Algérie », avait expliqué l’ex-ministre de l’Energie, d’autant plus qu’en février 2020, Sonatrach a contracté un prêt de 250 millions de dollars pour les besoins de maintenance et d’approvisionnement en pétrole de la raffinerie.