L’Algérie a décidé de retirer le dossier du chant Raï proposé pour être inscrit dans la liste représentative du patrimoine culturel de l’humanité de l’UNESCO. Le dossier était porté à l’ordre du jour de la quinzième session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO qui doit se dérouler en ligne du 14 au 19 décembre 2020.
L’agence onusienne a précisé sur son site internet que l’Algérie, «État soumissionnaire », a retiré le dossier portant le titre « Le Raï, chant populaire d’Algérie ». L’Algérie a déposé ce dossier en mars 2016. La même année, le Maroc a exprimé le vœu de présenter un dossier sur « la culture Raï » à l’UNESCO pour être classé à l’initiative des organisateurs du Festival du Raï d’Oujda.
Le ministère de la Culture a, dans un communiqué, publié ce lundi 7 décembre, confirmé le retrait du dossier du Raï en soulignant le manque de certains éléments. “Un manque qui pourrait compromettre les chances du dossier lui-même. Aussi, le ministère a-t-il décidé de consolider le dossier avec de nouveaux éléments adaptés aux procédures techniques exigées par les instances consultatives de l’UNESCO. Le ministère veillera à suivre l’opération de classement du Rai en tant que chant populaire lors de la prochaine session”, est-il annoncé.
Les États qui proposent des dossiers à classer dans le patrimoine mondial doivent répondre dans leurs candidatures à certains critères contenus dans la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel adoptée par l’Unesco en 2003 et entrée en vigueur en 2006.
Un chant des chioukh de l’ouest algérien
Ils doivent fournir des documents prouvant « le consentement » des communautés concernées par l’élément du patrimoine à classer, détailler des arguments expliquant l’importance d’une inscription dans la liste représentative du patrimoine culturel de l’humanité et communiquer des photos et des vidéos.
Dans le dossier présenté par l’Algérie, il y a des lettres d’associations et de musiciens de Saïda, de Sidi Bel Abbes et d’Ain Temouchent approuvant la demande de classement du Rai dans la liste de l’UNESCO. « La chanson Raï est un genre musical chanté et dansant, animé par un accompagnement orchestral. Son nom lui vient d’un refrain renvoyant à un état d’âme qui fait « l’esprit raï » et qui signifie « mon opinion » (« Ya rayi »), en sous-entendant « l’erreur » ou même « le délit d’opinion ».
À l’origine, il était pratiqué au milieu des populations paysannes et de pasteurs nomades de l’ouest de l’Algérie puis, depuis l’indépendance en 1962, par des populations urbaines augmentées par l’exode rural contemporain. Il est aussi pratiqué par les populations algériennes immigrées en Europe et en Amérique du Nord”, est-il noté dans la fiche de présentation préparée par le Centre national de recherche préhistorique, anthropologique et historique (CNRPAH).
“Historiquement, depuis la fin du 18e siècle, il est l’œuvre de bardes appelés « chouyoukh » et de chanteuses appelées « cheykhat » , professionnel(le)s ou non. Ce sont ces femmes qui ont provoqué la première révolution dans les formes d’expression de cet art. A partir des années 1970, une seconde révolution va ouvrir le raï aux jeunes « chab » et « chabba » (jeune et jeune fémme) qui lui donnent sa dimension nationale et internationale”, est-il encore ajouté.
Six éléments du patrimoine algérien déjà classés
Depuis 2008, l’Algérie a, pour rappel, réussi à classer six éléments dans la liste du patrimoine de l’humanité: Ahellil du Gourara, le costume nuptiale féminin de Tlemcen, le pèlerinage du Rakb de Sidi Cheikh, l’Imzad, l’instrument de la femme targuie, la fête de la Sbeiba à Djanet et le Sbouâ de Timimoun.
La prochaine session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel doit examiner le dossier du couscous, présenté par les pays maghrébins (Algérie, Maroc, Tunisie et Mauritanie).