Renoir s’est tôt intéressé à l’Algérie comme en témoignent son « Odalisque » (1870) ou ses « Algériennes », des tableaux exécutés en atelier en pleine vogue orientaliste. Une vogue relayée par un grand nombre de peintres qui ont fait le voyage d’Algérie, à la faveur de la conquête et du séjour de Delacroix en 1832.
L’impressionnisme s’articule aux expériences de l’orientalisme romantique (Delacroix, Chassériau, Fromentin, etc.).
Les artistes qui partirent en Algérie dès 1830 n’en rapportèrent pas seulement une lumière plus intense, une palette plus chaude, celles-là mêmes qui attiraient le jeune Monet vers la peinture .
Ce sont aussi les traces, qui les poussaient au voyage autant que les incitations institutionnelles de la propagande coloniale.
La nostalgie des temps primitifs est au centre de l’orientalisme européen, elle s’accentue à l’heure où l’Occident entend répandre sa modernité à travers le monde. L’iconographie algérienne après 1830 ne se réduit pas en effet aux paysages qui, luxuriant ou désertiques, identifient et cataloguent les beautés de cette « seconde France ».
Campagnes militaires, scènes de genre à vocation ethnographique, voire à prétention anthropologique, évocation d’une féodalité d’autant plus suggestive qu’elle semble échapper à la civilisation industrielle, odalisques, babouches et harems bien entendu, l’orientalisme français excelle à produire et reproduire de l’altérité, à l’aide de codes qu’il convient de replacer dans leur vrai cadre d’analyse.
Pierre-Auguste Renoir (1841-1919), l’un des pères fondateurs de l’impressionnisme, est également l’un des seuls peintres impressionnistes à avoir peint des thèmes orientalistes.
Eugène Delacroix (1798-1863) avait inauguré, cinquante ans auparavant, un voyage en « Orient ». C’est sur les traces du peintre qu’il admirait sincèrement, que Renoir part pour l’Algérie dès le mois de mars 1881 puis en 1882.
Renoir donne sa propre vision de l’Algérie, exotique à souhait, fascinante, à la végétation abondante et luxuriante, aux odalisques parées de couleurs chatoyantes .
Il offre une vision lumineuse et colorée, qui s’éloigne de l’académisme et traduit non pas une perfection réaliste, mais belle est bien une émotion, certains diraient une impression.
Empêcher la nuit de tomber et chercher un paysage, des visages lumineux sur lesquels le silence éclaterait en un lieu pour renaître sans pensée pleine d’ombres dans la gorge , juste convoquer le soleil et la lumière sur cette terre d’Algérie sanctuaire de nos mémoires mille fois convoquées .