Reslane Lounici, curateur d’exposition : Inventer dans un marché de l’art inexistant en Algérie

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Exposition à la galerie d'art Bloom the art factory
Exposition à la galerie d'art Bloom the art factory
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Reslane Lounici et Sabrina Tazamoucht ont lancé il y a un an la galerie «Bloom The Art Factory ». L’ambition de ces deux jeunes passionnés d’art et de culture, était d’offrir aux jeunes talents un lieu d’exposition et un accompagnement pour s’immerger dans le marché de l’art. Après une année d’activité et de rencontres avec les acteurs du milieu artistique local, un constat s’impose : la galerie en Algérie doit avoir un grand public .

Exposition à la galerie « Bloom The Art Factory »

«Nous voulons repenser l’idée que l’on se fait d’une galerie. Ce n’est pas un lieu dédié seulement au connaisseur, mais celui de la découverte.  Je suis curateur d’expositions, et j’ai assez vite constaté que les gens n’allaient pas spontanément à la galerie car c’est intimidant. Il y a également le problème de l’information  autour des  expositions qui circulent dans des canaux de communication précis et ne touchent pas un nombre important de gens. Toutes ces contraintes sont pesantes à la fois pour l’artiste et le galeriste » constate Reslane.

A prés une année d’activité, Reslane estime que le pari de faire de la galerie un espace accessible à tous est relevé même s’il reste des choses à faire. Pour réussir cette médiation, Reslane se souvient de l’exposition qui a signé l’ouverture de la galerie «Bloom The Art Factory », celle de l’artiste D’Zart16.

Visiteurs de la galerie Bloom The Art Factory

«Vous imaginez le menu du buffet d’un vernissage avec Garantita et pizza carré ?! C’est clair que le buffet d’un vernissage est souvent plus raffiné, mais ça a son importance. Je me souviens que je suis allé chez un gargotier pour faire la commande. Il était étonné mais il a joué le jeu. La veille du vernissage, les vendeurs m’avaient demandé de venir servir. Ils avaient très envie de voir à quoi ressemblait  un tel évènement. Le vernissage était une réussite, les connaisseurs étaient surpris mais ont apprécié le geste. C’était convivial. Les passant y entraient spontanément, et c’était tout l’intérêt » se souvient Reslane amusé.

Cette anecdote remonte à l’ouverture de la galerie. Il avait exposé l’artiste illustrateur D’Zart16. Un artiste très apprécié par les jeunes. Il estime que c’était une manière d’attirer un public jeune en phase avec l’artiste.

Depuis cette première exposition, « Bloom The Art Factory » a accueilli de nombreux artistes. Pour sortir du format classique d’une exposition, Reslane, propose des concepts à la fois originaux et innovants. La seconde exposition a été «Les Aliénés » de Kenza Daoud. Reslane monte l’exposition autour du thème du « fou » et propose comme animation, une lecture à haute voix du texte «Les fous de rue » de Hamid Ali-Bouacida.

Cette jeune galerie ne se contente pas seulement d’exposer les artistes, Reslane et Sabrina font également de la médiation culturelle. C’est-à-dire exposer des artistes de renom, afin que les jeunes talents profitent de leurs notoriétés.

L’artiste peintre Valentina Ghanem Pavlovskaya à la galerie Bloom The Art Factory.

«Nous avons exposé en exclusivité, « La seconde intercalaire », de l’artiste peintre Valentina Ghanem Pavlovskaya. Quand vous exposez une artiste comme Valentina, il n’y a pas un grand travail de communication. C’est une artiste qui a son carnet d’adresse, sa clientèle, donc les gens vont venir d’emblée. Donc nous, on profite de ces amateurs d’arts qui suivent ces artistes connus depuis des années pour leur proposer les œuvres de ces jeunes talents» explique-t-il pour illustrer ce qu’est la médiation culturelle.

Reslane Lounici,  » le marché de l’art en Algérie est quasiment inexistant « 

Le marché de l’art en Algérie est quasiment inexistant selon Reslane. Ce jeune curateur, explique que le rôle d’une galerie est de mettre en avant l’artiste et le vendre. Seulement cette dernière mission s’avère compliquée dans un marché désorganisé. Parmi les contraintes citées par Reslane, les négociations qui se font directement entre l’artiste et l’acheteur, sans passer par la galerie. Il y a aussi les marges très élevées des galeries qui empêchent l’artiste de vendre, ou encore les prix des œuvres fixées au pif…etc.

«Le marché de l’art est fait d’acteurs qui le font fonctionner. Vous avez les conservateurs de musée, les amateurs d’art, les collectionneurs, les galeristes, les critiques et bien d’autres. Tout ce beau monde participe à organiser le secteur. Par exemple, le galeriste est le premier intermédiaire entre l’artiste et l’acheteur. Les critiques d’art évaluent l’œuvre et fixent les prix. Seulement en Algérie, le marché est quasiment inexistant ce qui complexifie le travail du galeriste et l’artiste » précise Reslane. 

En dépit de ces contraintes Reslane et Sabrina ne lâchent pas prise et promettent un riche programme pour la réouverture prochaine de la galerie. Sabrina et Reslane n’ont pas chômé durant la fermeture de la galerie pendant plusieurs mois à cause de la pandémie, ils ont concocté un riche programme pour l’ouverture.

«Nous allons transformer la galerie en une fabrique d’art. Il y aura des objets d’artisans, des objets d’artistes, des photos, des tableaux, et tout sera à vendre. La grande nouveauté sera le concept Les Prints. Nous allons exposer les photographies d’un jeune photographe et si un visiteur est intéressé par une photo, nous lui feront le tirage et l’encadrement à la galerie » conclut Reslane.

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