C’est par un blockbuster que se terminera cette drôle d’édition automnale de Roland-Garros: Rafael Nadal, qui a écarté vendredi en demies Diego Schwartzman, affrontera Novak Djokovic, tombeur in extremis de Stefanos Tsitsipas, dans une finale qui sera forcément historique.
Historique parce que Nadal vise un 13e trophée sur la terre battue parisienne. Jamais personne dans l’histoire du tennis n’a remporté plus de 12 fois le même titre en simple, Majeur ou pas. Seule Martina Navratilova s’est imposée 12 fois elle aussi dans le tournoi de Chicago entre 1978 et 1992.
Historique aussi parce que s’il gagne, Nadal égalera le record de 20 titres du Grand Chelem détenu par Roger Federer, tandis qu’en cas de victoire, Djokovic recollerait à une longueur de l’Espagnol (18 pour le Serbe, 19 pour l’Espagnol).
Historique enfin parce que si Djokovic gagne son 2e trophée majeur parisien après celui de 2016, il deviendra le premier dans l’ère Open (1968) à avoir remporté deux fois chacun des quatre tournois du Grand Chelem, et le premier à avoir battu Nadal en finale sur son court fétiche Philippe-Chatrier. Même Roger Federer, lauréat en 2009, n’y est pas parvenu puisque cette année-là Nadal avait été éliminé en 8es par le futur finaliste Robin Söderling.
Mais ce rendez-vous a bien failli être manqué par Djokovic.
« Je suis resté calme en surface, mais à l’intérieur c’était bien différent », a reconnu le Serbe qui s’est imposé 6-3, 6-2, 5-7, 4-6, 6-1 en près de quatre heures.
Fin d’alerte
Visiblement remis de l’alerte physique (nuque et bras gauche) des quarts de finale, le N.1 mondial a semblé se diriger vers une victoire très facile contre le 6e mondial avec une balle de match à 2 sets à 0 et 5-4 sur son service.
Il n’en fut rien… Car après avoir sauvé cette balle de match, c’est Tsitsipas, demi-finaliste de l’Open d’Australie 2019 puis vainqueur du Masters en fin d’année, qui a aligné trois jeux de suite et remporté la troisième manche.
Le niveau est alors très nettement monté et le Grec de 22 ans a égalisé à deux sets partout en breakant sur le dernier jeu.
« Après la perte du 3e set, j’étais toujours là, je pensais quand même contrôler le match. Et après la perte du 4e set, j’étais toujours là et je me sentais toujours costaud », a assuré le Serbe de 33 ans.
Il a bien fait de tenir mentalement car Tsitsipas s’est effondré dans la dernière manche, cédant par trois fois son service. Peut-être une douleur en haut de la jambe gauche pour laquelle le médecin lui a donné un cachet en milieu de partie a-t-elle finalement été trop forte.
Nadal en confiance
De son côté, Nadal s’est qualifié nettement plus facilement pour sa 13e finale à Roland-Garros en disposant de l’Argentin Diego Schwartzman (14e) 6-3, 6-3, 7-6 (7/0).
« Pour moi, c’est incroyable de jouer la finale de Roland-Garros encore une fois », s’est réjoui le Majorquin de 34 ans, qui a déjà battu deux fois Djokovic dans le match pour le titre sur la terre battue parisienne, en 2012 et 2014.
Schwartzman s’est montré très accrocheur, parfois même héroïque à en provoquer des « Diego ! Diego! » parmi le petit millier de spectateurs.
Ca aurait pu passer face à d’autres joueurs, mais pas face à Nadal. Pas sur le court fétiche du roi de la terre battue, où des drapeaux espagnols ornaient les tribunes comme des tentures orneraient son salon.
Malgré des points – voire des jeux – accrochés, le score a inexorablement défilé en faveur de Nadal dans les deux premiers sets.
Dans le troisième, bien qu’ayant pris le service de Schwartzman par deux fois, Nadal n’a pu empêcher son adversaire de le pousser au tie break. Mais dans ce jeu décisif, il s’est montré intraitable (7/0).
« J’ai été solide, avec la bonne détermination pendant la majeure partie du match, et en particulier dans le jeu décisif. Gagner ce genre de match, se sortir de moments difficiles en étant agressif en coup droit, savoir que je peux le faire, ça me donne de la confiance », a commenté Nadal.
On a hâte de lire la nouvelle page d’histoire que Djokovic et lui vont écrire dimanche 11 octobre.