Le comédien Saïd Hilmi est décédé, mercredi 4 août 2021, à l’âge de 82 ans, emporté par la Covid-19.
Saïd Hilmi, Brahimi de son vrai nom, a traversé le demi-siècle artistique algérien avec beaucoup d’aisance, de talent et de générosité. Comme son frère Mohamed Hilmi, il a touché à tous les arts : théâtre, télévision, cinéma, écriture.
« Saïd Hilmi est parti sur la pointe des pieds, lui si vivant, si rieur, un artiste entier qui se rit de tout, même de sa propre personne. Il a touché à de nombreux rôles, cet artiste intégral, personnages comiques, tragiques, il réussit la gageure de composer des rôles à la convenance du texte. Il aimait parfois aller au-delà du personnage, proposant des situations et donnant à vivre autre chose que ce que lui avait proposé le metteur en scène, mais sans jamais quitter le discours de la pièce », témoigne le critique et universitaire Ahmed Cheniki, dans un post sur Facebook.
Natif d’Azeffoun, ville d’artistes, Saïd Hilmi commence, jeune, à fréquenter les planches et les plateaux de tournage. Il est initié aux arts dramatiques par Mahieddine Bachtarzi en 1952, à l’âge de 12 ans. Il lui donne un rôle dans la pièce « Mounir radjel ». A l’époque, Said Hilmi participe à des émissions destinées aux enfants à la radio en langue arabe et amazigh.
Saïd Hilmi, un pionnier du théâtre radiophonique
Il est parmi les premiers à contribuer au développement du théâtre radiophonique dans les années 1960. Il produit des émissions pour l’ex-RTA dont « Akardeche », diffusée pendant dix ans par la Chaîne Deux. Et, il cite souvent l’acteur et réalisateur américain Orson Welles qui considérait que le théâtre radiophonique était plus grand qu’un écran de cinéma (Welles est devenu célèbre aux Etats Unis grâce à la mise en ondes de la pièce « La Guerre des mondes » la nuit du lundi 30 octobre 1938 créant la panique dans le pays).
Sur les planches, Saïd Hilmi joue dans plusieurs pièces relevant du théâtre populaire ou du burlesque comme « El Kerdach hfa», «Guetaâ Ouermi», etc.
Durant les années 1960/1970, à l’époque du noir et blanc, il est distribué dans des sketchs et des soap operas télévisés à l’image de « Le gros lot » de Noël Ramettre. Il participe, jusqu’à la fin des 1980, à des comédies musicales télévisées conçues entre autres par Mohamed Hilmi et réalisées par Bachir Belhadj. Il rend célèbre le personnage de Qazwini.
A prendre ou à laisser
En 1974, il est choisi par Ahmed Lallem pour intérpréter pour son premie rôle au cinéma dans le film « Zone interdite ». Il joue aux côtés de Taha El Amiri, Sid Ahmed Agoumi. Quatre plus tard, il est dans le casting du long métrage « Ali au pays des mirages » d’Ahmed Rachedi, d’après un scénario de Rachid Boudjedra. Durant la même période, il est dans le casting de « Eddi wela kheli » (à prendre ou à laisser) de Djamel Bendedouche, d’après un scénario de Mohamed Hilmi.
En 1981, Said Hilmi marque sa présence également dans le téléfilm d’Ahmed Rachedi « Es-silène » (les barbelés). Il revient au grand écran en 1993 avec le premier long métrage de son frère Mohamed Hilmi, « El welf saib ».
En 1997, il est dans la distribution du célèbre film d’Abderrahmane Bouguermouh, « La colline oubliée », d’après l’œuvre Mouloud Mammeri.
Du théâtre à la prison
Dans les années 2000, il tente une nouvelle expérience artistique en jouant du théâtre à l’intérieur des prisons. « Une manière de faire entrer la culture par la serrure », dit-il.
Saïd Hilmi côtoie durant sa carrière artistique des comédiens, des metteurs en scène et des chanteurs comme Hadj Omar, Keltoum, Sid Ali Kouiret, Djelloul Beghoura, Nouria, Fatiha Berber, Wahiba Zekal, M’Hamed Benguettaf, Omar Guendouz, Larbi Zekal, Mohamed Ouniche Rouiched, Hassan El-Hassasni, Amar Laskri, Mustapha Gribi, Benamar Bakhti et Mustapha Badie, Warda El Djazairia, El Hadj M’Hamed El Anka et Farida Saboundji.
Complicité entre frères
Mohamed Hilmi était complice de Saïd Hilmi. «Saïd est non seulement mon frère et confrère, mais également mon meilleur ami. Nous partageons plein de souvenirs ensemble. Il est arrivé sur la scène en 1952 avec la pièce Mounir Radjel, à l’appel de Fernandel, Mahieddine Bachtarzi, Mustapha Kateb et moi-même. Saïd est intelligent et doué à la fois. Il ne doit rien à personne. C’est son talent qui parle de lui », a-t-il témoigné en 2015 lors d’un hommage rendu à son frère à Alger.
« L’art est une fleur douce qui a besoin d’être entretenue et arrosée. L’art est généreux, l’artiste l’est plus », confie Saïd Hilmi dans une émission télévisée.
« L’art ne se fait pas par carte »
« Je n’aime pas qu’on m’appelle et je ne veux pas frapper aux portes. Je vis parmi le peuple. Les gens m’arrêtent dans la rue et me disent que je leur manque. Je me pose la question : existe-t-il une production en Algérie ? J’aime ce métier où j’ai appris beaucoup de choses. Ce métier m’a éduqué. Je ne regrette pas de l’avoir choisi », confie-t-il , en 2017, dans une émission à El Bilad TV.
Il était en colère contre « les comités de lecture » qui choisissent les textes à être filmés ou montés sur scène. « Pour devenir un artiste en Algérie, il faut avoir une carte. C’est de la folie ! C’est le public qui donne la carte à l’artiste. Et l’art ne se fait pas par carte », dénonce-t-il encore.
Il était également peiné par le départ des jeunes vers l’étranger pour chercher de meilleures conditions de vie. « Canada est devenu plus proche que Blida ou Tizi Ouzou. C’est malheureux », dit-il avec colère.
l’algérie vient de perdre l’un de ses meilleurs fils. toutes mes condoléances les plus attristées à sa famille, ses proches et ses amis et tous les habitant de azzeffoune. je pries Dieu le Tout Puissant pour qu’Il lui accorde sa Miséricorde et puisse l’accueillir en son vaste Paradis. A Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons.