Sami Agli, président de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC), a déploré le retard dans l’application des « mesures d’urgence » pour sauver les entreprises privées en crise.
« Malheureusement, les choses n’avancent pas comme on le souhaite alors que les entreprises se fragilisent chaque jour. On ne voit pas de prises de décision majeures pouvant changer le vécu des entreprises », a déclaré, ce mardi 26 janvier, à la chaîne III de la radio nationale, Sami Agli. Il a qualifié de « plan de dernière chance », le programme de relance économique proposé par le gouvernement (2020-2024). « Nous héritons d’une situation catastrophique avec 2019, une année compliquée, et ,2020 avec tout le lot qu’elle a ramené (covid-19). Il faut des mesures d’urgence, de rupture, sentir le changement d’une manière opérationnelle et rapide », a-t-il préconisé.
« La bureaucratie, une autre forme de terrorisme »
Lors de ses rencontres avec le président de la République, les ministres et les représentants d’institutions, le patronat a présenté des dizaines de propositions pour relancer l’économie et protéger les entreprises privées ayant souffert d’arrêt d’activités en raison de la crise sanitaire de Covid-19. Certaines entreprises souffrent d’endettement et n’ont pas pu honorer leurs engagements vis-à-vis des caisses sociales (CNAS, CASNOS…). « La bureaucratie aujourd’hui est une forme de terrorisme. Quand on bloque la création de richesses, de projets, il faut penser à pénaliser les bureaucrates. C’est un vrai danger surtout qu’on est en situation de détresse économique », a-t-il alerté. Il a cité l’exemple de certaines administrations qui « n’accusent même pas réception » du courrier des chefs d’entreprises.
Blocage des dossiers du foncier industriel«
Le temps administratif est pesant sur l’économie. Il n’est pas normal qu’on arrive à cette stagnation et à cette inertie. On voit le bateau couler et on ne fait rien. L’entreprise est aujourd’hui la solution à la crise, mais pour qu’elle le devienne il faut lui permettre de se maintenir(…) Nous avons besoin de toutes les énergies pour sortir de la crise. La solution réside également dans la bureaucratisation dans les faits », a plaidé Sami Agli. Il a évoqué le blocage de dossiers présentés par des investisseurs relatifs au foncier industriel dans plusieurs wilayas. Le blocage est lié notamment au retard enregistré dans la création de l’Agence nationale du foncier devant remplacer les Calpiref ( Comité d’assistance à la localisation et à la promotion des investissements et de la régularisation du Foncier au niveau local).
Sami Agli a parlé aussi de « blocage » de demandes de financement ou de rééchelonnement de remboursement de crédits au niveau des banques. « Il n’y a pas d’accompagnement, les taux d’intérêt sont excessivement élevés. Nous sommes parmi les pays les plus chers en matière de taux d’intérêt. Cela varie de 7 à 10 %. L’acteur économique doit avoir la possibilité d’aller chercher les financements en crédits-acheteurs ou en crédits-fournisseurs », a plaidé le président de la CAPC. Il faut, selon lui, varier les sources de financement de l’économie en multipliant les fonds d’investissement et encourageant le financement entre chefs d’entreprises.
Les chefs d’entreprises ont peur
Les chefs d’entreprises ont, selon lui, peur de l’avenir. « Comment se maintenir, préserver les acquis et sauver les entreprises et les emplois. L’emploi, c’est le pouvoir d’achat. Et le pouvoir d’achat est la locomotive de l’économie », a-t-il dit. Il a qualifié de réaliste le chiffre de 500.000 emplois perdus (emplois déclarés) en raison de la double crise de perturbations politiques et de Covid-19 en 2019 et 2020. Ce chiffre a été avancé, début décembre 2020, par Mohamed Cherif Belmihoub, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Prospective. Sami Agli a évoqué aussi les pertes d’emploi dans le secteur informel. « Aussi, les pertes sont plus importantes. On peut même parler du double du chiffre, à l’aise », a-t-il appuyé.
Il a proposé la création d’un organe pour centraliser les données et les informations économiques. D’après lui, les informations fournies par les Douanes, l’ONS (Office national des statistiques) et d’autres organes ne sont pas homogènes, parfois approximatives. Il a estimé que la maîtrise de la donnée économique permettra de faire les bons diagnostics et proposer les solutions adéquates.